AMÉNAGEMENT DE L'A 85
DANS LE MAINE-ET-LOIRE
M. le président. La parole
est à M. Jean-Charles Taugourdeau, pour exposer sa question, n° 23,
relative à l'aménagement de l'A 85 dans le Maine-et-Loire.
M. Jean-Charles
Taugourdeau. Monsieur le ministre délégé aux libertés locales, ma
question s'adresse à votre collègue de l'équipement, des transports, du
logement, du tourisme et de la mer. Elle porte sur la politique qu'entend mener
le Gouvernement en matière d'équipements et plus particulièrement
d'infrastructures routières.
Dans le département de
Maine-et-Loire, un dossier important demeure en suspens depuis de nombreuses
années : celui de l'autoroute A 85.
Le dévelopement des transports est
un élément fondamental du progrès économique et du maintien de l'emploi. C'est
la raison pour laquelle je souhaite aujourd'hui vous faire part de mon
inquiétude, partagée par mes autres collègues du département et de celui
d'Indre-et-Loire, sur les retards importants pris concernant les travaux du
contournement nord de Langeais, sur l'autoroute A 85.
Votre prédécesseur, interpellé à ce
sujet, nous avait répondu qu'à l'automne 2000, l'Etat avait saisi le Conseil
d'Etat pour avis sur un projet de décret portant avenant au cahier des charges
de la concession de la compagnie financière et industrielle des autoroutes,
Cofiroute, en vue de substituer un contournement de Langeais par le nord au
contournement par le sud initialement prévu.
Toutefois, le Conseil d'Etat
n'avait pu prendre un avis favorable, considérant qu'il était nécessaire de
tirer les conséquences d'un arrêt de la Cour de justice des Communautés
européennes du 12 septembre 2000, annulant le régime dérogatoire français
de la TVA autoroutière, régime jugé non conforme aux dispositions de la
VIe directive TVA. Or force est de constater qu'à ce jour rien n'a bougé,
alors que tous les acteurs économiques et publics souhaiteraient que la
situation évolue rapidement.
Lorsqu'on examine la carte des
autoroutes, on s'aperçoit, c'est une évidence, qu'il reste un chaînon manquant :
la liaison Angers-Tours. La population et les élus locaux attendent une réponse
claire, car elle correspond à des besoins réels. L'autoroute A 85 est un
atout majeur du développement économique du futur pays nord-est Anjou et du
Saumurois. En conséquence, monsieur le ministre, le Gouvernement acceptera-t-il
de revoir au plus vite ce dossier, et quelle solution peut-il nous proposer afin
d'accélérer la réalisation de cette opération attendue par tous ?
M. le président. La
parole est à M. le ministre délégué aux libertés locales.
M. Patrick Devedjian, ministre délégué aux libertés locales.
Monsieur Taugourdeau, il s'agit d'une affaire très délicate, parce qu'elle a
donné lieu à un contentieux. Comme vous l'avez rappelé, le contournement nord de
Langeais fait partie de l'autoroute A 85 concédée à Cofiroute depuis 1994.
Il a été déclaré d'utilité publique en janvier 1996 et le tracé
initialement prévu en bord de Loire a été déplacé au nord de Langeais pour en
améliorer l'insertion.
Afin
d'intégrer dans le cahier des charges de la concession de Cofiroute l'ensemble
des adaptations techniques et financières qui avaient été apportées au
contournement de Langeais nord, l'Etat avait - vous le rappeliez tout à
l'heure - saisi le Conseil d'Etat, au mois de novembre 2000, d'un
projet d'avenant au contrat de concession. La haute juridiction n'a pas donné
d'avis favorable à ce projet, estimant qu'il fallait, au préalable, tirer les
conséquences de l'arrêt du 12 septembre 2000 de la Cour de justice des
Communautés européennes qui a annulé la régime dérogatoire français de la TVA
sur les péages autoroutiers, dispositif jugé non conforme à la
VIe directive communautaire sur la TVA. Tel est l'état du conflit. Que
s'est-il alors passé ? L'Etat a pris des dispositions pour autoriser la
réalisation de travaux hydrauliques ; il a mis au point, avec Cofiroute, un
échéancier de dépenses basé sur un engagement de travaux dès 2001. Celui-ci a
fait l'objet d'une décision ministérielle en mars 2001.
L'Etat a alors pris des
dispositions pour autoriser la réalisation de travaux hydrauliques. Il a mis au
point avec Cofiroute un échéancier de dépenses fondé sur un engagement de
travaux dès 2001. Celui-ci a fait l'objet d'une décision ministérielle au
mois de mars 2001.
Depuis,
faute d'accord sur le dossier de la TVA, Cofiroute a décidé d'attaquer l'Etat au
contentieux s'appuyant sur les dispositions prévues à son cahier des charges. La
société estime qu'elle ne peut engager les travaux sur le contournement de
Langeais tant qu'un avenant au cahier des charges n'aura pas été signé avec
l'Etat.
Faut-il attendre que le
contentieux sur la TVA soit jugé définitivement pour envisager enfin de passer
l'avenant avec le concessionnaire ? Telle n'est pas la position de l'Etat qui
estime que Cofiroute n'est pas fondé à subordonner l'engagement de travaux qui
lui ont été concédés depuis huit ans à la passation préalable d'un avenant.
Cofiroute met en avant
l'instabilité juridique liée au fait que sa qualité de concessionnaire du
contournement nord de Langeais est contestée. Il convient là encore d'être
clair. Le tribunal administratif d'Orléans a jugé en 2001 que le nouveau tracé
qui contourne Langeais par le nord s'impose nécessairement au concessionnaire,
même s'il n'a pas donné lieu à la conclusion d'un nouvel avenant.
Rien ne permet donc aujourd'hui à
Cofiroute de se réfugier derrière l'existence d'une procédure contentieuse pour
exiger la passation d'un avenant préalable à l'engagement des travaux, l'Etat ne
pouvant prendre de décret compte tenu du refus du Conseil d'Etat de donner un
avis.
Reste enfin une dernière
incertitude, qu'il convient de ne pas sous-estimer.
En avril 1998, la Commission
européenne a saisi la France d'une plainte provenant d'une association pour
non-respect d'un certain nombre de directives communautaires, relatives
notamment à la protection de l'environnement. En dépit des réponses qui ont été
apportées par le gouvernement français, la Commisson a décidé de poursuivre ses
investigations par une mise en demeure exigeant des informations complémentaires
sur la nature et le détail des informations qui ont été communiquées au public.
Cette mise en demeure a été suivie au mois de juin dernier d'un avis motivé.
Nous souhaitons évidemment tout faire pour éviter que cette instruction débouche
sur une saisine de la Cour de justice et nous entraîne vers de nouveaux
contentieux et de nouvelles pertes de temps.
Dans ce contexte, nous devons nous
montrer particulièrement attentifs au respect des textes communautaires qui
peuvent nous paralyser. Nous sommes en train de vérifier si toutes les
conditions ont bien été remplies pour garantir le respect de ces textes et être
en mesure si nécessaire d'en apporter la preuve à la Commission. Si tel n'était
pas le cas, il faudrait prendre des mesures complémentaires pour garantir la
protection de l'environnement et l'information du public.
M. de Robien a donné
instruction aux services de l'Etat de faire diligence. C'est un problème
délicat, à la fois contentieux et financier. Cela dure depuis huit ans et on ne
voit pas dans l'immédiat quel sera l'échéancier.
Le Gouvernement a la ferme volonté
de sortir de ce contentieux, de donner satisfaction à la Commission européenne
en lui offrant les garanties nécessaires. C'est alors seulement que les travaux
pourront reprendre. Je reconnais bien volontiers, monsieur Taugourdeau, que la
situation est délicate.
M. le président. La parole
est à M. Jean-Charles Taugourdeau.
M. Jean-Charles
Taugourdeau. Monsieur le ministre, je vous remercie. Je ne doute pas de
votre détermination, mais votre réponse n'est effectivement pas rassurante pour
le moment.
En ce qui concerne la
protection de l'environnement, je crois qu'une des priorités, c'est la
protection de l'homme. Il n'y a pas seulement des aspects économiques, il y a
aussi des aspects sécuritaires. La route actuelle est très dangereuse, cela peut
être un élément supplémentaire.