FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 2439  de  M.   Paul Daniel ( Député-e-s Communistes et Républicains - Seine-Maritime ) QG
Ministère interrogé :  transports, équipement, tourisme et mer
Ministère attributaire :  transports, équipement, tourisme et mer
Question publiée au JO le :  19/01/2006  page : 
Réponse publiée au JO le :  19/01/2006  page :  107
Rubrique :  transports par eau
Tête d'analyse :  ports
Analyse :  accès au marché des services portuaires. politiques comunautaires
DEBAT :

DIRECTIVE BOLKESTEIN ET DIRECTIVE PORTUAIRE

M. le président. La parole est à M. Daniel Paul, pour le groupe des député-e-s communistes et républicains.
M. Daniel Paul. Ma question s'adresse en principe à M. le Premier ministre ; en son absence, je suis sûr qu'il se trouvera quelqu'un pour y répondre...
M. Jean-Pierre Brard. Le ministre d'État et ministre de tout y pourvoira !
M. Daniel Paul. Une fois n'est pas coutume, voici une très bonne nouvelle : le Parlement européen vient de repousser pour la deuxième fois le projet de directive portuaire qui avait fait contre lui l'unité de tous les salariés des ports européens. (Applaudissements sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains et sur quelques bancs du groupe socialiste.) C'est un fait unique, la preuve que l'unité des salariés paie et que les textes les plus malfaisants peuvent être battus par la mobilisation populaire. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Cette grande victoire est à mettre à l'actif des salariés, qui, en rejetant l'" auto-assistance ", c'est-à-dire le recours au personnel à bord pour les opérations de chargement et de déchargement, ont refusé la casse des protections sociales et les salaires tirés vers le bas au détriment de la sécurité des hommes et de l'environnement. En fait, ils ont refusé la loi de la jungle que prétendait imposer ce " Bolkestein " portuaire.
M. Maxime Gremetz. Voilà une vraie lutte de classe !
M. Daniel Paul. L'ordre du jour du Parlement européen a fixé au 14 février prochain l'examen de la fameuse directive Bolkestein, celle-là même dont vous prétendiez, avant le 29 mai, qu'elle était abandonnée ! Or, comme la directive portuaire, elle revient après qu'on lui a fait subir un vague ravalement de façade pour mieux tenter d'en faire passer l'essentiel : la concurrence " libre " et faussée, le dumping social dans le secteur des services. La même logique est à l'oeuvre : la mise en concurrence généralisée des salariés et le laminage des droits sociaux pour toujours plus de rentabilité financière.
Il se dit que la directive portuaire, repoussée deux fois par le Parlement européen, pourrait voir ses propositions intégrées à la directive Bolkestein. Une telle décision serait scandaleuse et témoignerait d'un acharnement libéral antidémocratique et antisalariés inadmissible. Faut-il vous rappeler l'engagement, pris par vous au printemps 2005, d'obtenir l'abandon de la directive Bolkestein ? Faut-il, surtout, vous rappeler le vote du peuple français le 29 mai ?
Le gouvernement français va-t-il respecter notre peuple et intervenir pour que ces deux textes soient tout simplement retirés ? Allez-vous organiser ici même un débat avant le passage de la directive Bolkestein au Parlement européen ? (Applaudissements sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains et sur quelques bancs du groupe socialiste.)
M. Maxime Gremetz. C'est nécessaire !
M. le président. La parole est à M. le ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer.
M. Dominique Perben, ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer. En ce qui concerne la directive portuaire, les choses sont tout à fait claires : comme vous le savez certainement, monsieur le député, le commissaire européen chargé des transports a indiqué que la Commission tirerait toutes les conséquences du vote de ce matin et qu'elle ne ferait aucune proposition nouvelle avant d'avoir mené un travail de discussion, de concertation et de dialogue avec l'ensemble des intervenants sur ce dossier. Cette position est bien entendu conforme au souhait de la France.
M. Frédéric Dutoit. Non ! Il faut abandonner complètement la directive !
M. le ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer. Si une nouvelle proposition devait être formulée demain, je maintiendrais notre position constante, à savoir notre réticence à l'intervention des personnels des armateurs dans les ports : nous avons toujours dit qu'il fallait que cela soit suffisamment encadré. La France a toujours fait part de ses réserves à l'égard de l'auto-assistance et elle n'est pas la seule, ce qui explique le vote du Parlement européen.
Par ailleurs, il est indispensable de réaliser une étude d'impact préalable.
Permettez-moi maintenant de revenir sur un argument que je faisais déjà valoir à Mme Lebranchu : si nous voulons protéger la situation des salariés français, il faut nous montrer capables d'être parfois offensifs sur le plan européen pour obtenir la mise en place de règles communes assurant à l'ensemble des salariés européens des conditions de travail satisfaisantes. En ce sens, une directive portuaire peut apporter des éléments positifs, notamment en permettant d'éviter des formes de concurrence déloyale.
Un autre exemple, déjà évoqué avec plusieurs parlementaires, est celui des personnels embarqués des ferries pour la navigation intracommunautaire : j'ai demandé à M. Jacques Barrot de faire des propositions pour que ces marins obtiennent un statut bien plus satisfaisant.
On le voit : l'Europe peut aussi se révéler protectrice de la situation de nos salariés. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Protestations sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains.)

CR 12 REP_PUB Haute-Normandie O