DEBAT :
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PROPOS DE M. GEORGES FRECHE A L'ENCONTRE DES HARKIS M. le président. La parole est à M. Christian
Jeanjean, pour le groupe UMP. M. Christian Jeanjean.
Monsieur le président, les députés du Languedoc-Roussillon appartenant à la
majorité s'associent à ma question et il en va de même, je pense, pour
l'ensemble des députés de la majorité. Monsieur le ministre délégué aux
anciens combattants, c'est avec indignation que nous avons pris connaissance des
propos tenus par M. Georges Frêche (" Hou ! " sur les bancs du groupe de
l'Union pour un mouvement populaire), président socialiste de la région
Languedoc-Roussillon et président de l'agglomération de Montpellier, en présence
de M. Jack Lang (" Oh ! " sur les mêmes bancs), de Mme Mandroux-Colas,
maire de Montpellier, et de bien d'autres conseillers et hiérarques socialistes
de cette ville, au cours d'une cérémonie de souvenir dédiée à Jacques Roseau, le
samedi 11 février. Adressés au président d'une association de harkis, ces propos
sont d'une telle indignité, d'une telle violence et ont été tellement médiatisés
que nous n'aurions jamais dû avoir à les rapporter ici. Certains des termes
employés, comme celui de " sous-hommes " (" Honteux ! Scandaleux ! " sur les
bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire) ont une connotation que
nul ne peut éluder. Je pensais ne jamais les entendre dans la bouche d'un
homme politique tant ils rappellent l'idéologie nazie ! Plusieurs
députés du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. Démission
! M. Christian Jeanjean. Et que dire de " cocus ", " égorgés
comme des porcs ", " fermez vos gueules, vous êtes sans honneur " ? Il s'agit
d'un appel à la haine à l'encontre d'un groupe en raison de ses origines. ("
Démission ! Démission ! " sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) L'honneur le plus élémentaire aurait voulu que cet homme fût
exclu du parti socialiste dans l'instant ! (Applaudissements sur les bancs du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la
démocratie française.) L'honneur de la région Languedoc-Roussillon voudrait
que cet homme n'en soit plus le président ! (Applaudissements sur les mêmes
bancs.) Monsieur le ministre, devant l'immense indignation soulevée par
le comportement de M. Georges Frêche, quel sentiment vous inspirent ces insultes
proférées à l'encontre de nos concitoyens harkis, veuves de harkis et enfants de
harkis qui ont tant donné pour défendre la France et ses valeurs républicaines ?
Quelles mesures comptez-vous prendre pour que ces propos, qui rappellent le
fascisme, soient solennellement condamnés dans cette assemblée puis sanctionnés
? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) Car dans une démocratie, nul n'est au-dessus des lois ! (Les
députés du groupe de l'Union pour un mouvement populaire se lèvent et
applaudissent longuement. - Applaudissements sur les bancs du groupe Union pour
la démocratie française.) De nombreux députés du groupe de
l'Union pour un mouvement populaire. Démission ! Démission
! M. le président. La parole est à M. le ministre délégué
aux anciens combattants. M. Hamlaoui Mekachera, ministre
délégué aux anciens combattants. En effet, monsieur le député, les propos
injurieux de M. Georges Frêche, le 11 février, ont scandalisé tous les citoyens
dignes de ce nom. Le gouvernement de Dominique de Villepin a partagé l'émotion
des fils et des familles de harkis. De tels propos nous rappellent, en effet,
une période sombre et sont d'autant plus graves qu'ils viennent d'un élu de la
République, d'un président de région. Comment a-t-il pu qualifier de "
sous-hommes " des hommes et des femmes, qui sont nos concitoyens et ont
peut-être voté pour lui ? Comment a-t-il pu traiter ainsi une composante de
notre communauté nationale qui a pourtant tout donné pour mériter le respect ?
Ces mots s'adressaient, en effet, à des anciens combattants de l'armée
française, qui sont en droit d'attendre le respect de leurs élus plutôt que
l'invective ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire et sur les bancs du groupe Union pour la démocratie
française.) Les limites de l'insupportable ont été dépassées et je tiens à
souligner l'extrême sang-froid, le calme et la dignité de ceux à qui on a
infligé de telles injures. En adoptant la loi du 23 février 2005, notamment
son article 5, le législateur a été bien inspiré de vouloir protéger cette
composante de la communauté nationale qui, bien souvent, est agressée et
insultée. M. Pierre Hellier. Mais jamais à ce point
! M. le ministre délégué aux anciens combattants. En
application des dispositions de ce même article, le garde des sceaux a été saisi
et a transmis le dossier à M. le procureur général de la cour d'appel de
Montpellier. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.) Il
faut attendre désormais la qualification de ces tristes faits et les suites
qu'il reviendra à la justice de leur donner. (Vifs applaudissements sur les
bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour
la démocratie française.)
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