Question N° :
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Analyse : |
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M. Jean-Marc Ayrault. Monsieur le Premier ministre, à travers le CPE, se joue vraiment un choix de société. (" Très bien ! " sur les bancs du groupe socialiste.) Depuis quatre ans, le monde du travail et la jeunesse expriment massivement leur refus du modèle de précarité générale que vous leur imposez. Seul le silence de la continuité leur a répondu. Voilà, malheureusement, la réalité que vous imposez aux Français. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Ce peuple qui marche n'est pas une cohorte de passéistes ou de privilégiés. Les Français qui aujourd'hui manifestent massivement n'ont rien d'autre à demander que la dignité de leur travail,... M. Jean Glavany. Très bien ! M. Jean-Marc Ayrault. ...le respect de leurs efforts, la reconnaissance de leur contribution aux résultats de nos entreprises. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Ils ont longuement pesé votre projet. Ils en ont étudié tous les contours, sans oeillères, prêts à croire que c'était mieux que rien. Puis ils ont découvert ces centaines de contentieux autour du contrat nouvelles embauches, ces licenciements au jour le jour sans motif ni préavis, ces remplacements express d'un salarié par un autre dans l'arbitraire le plus complet. Ils ont vu votre gouvernement piétiner la négociation sociale, contraindre le Parlement, ignorer leur propre désarroi. M. Michel Delebarre. C'est vrai ! M. Jean-Marc Ayrault. Ils ont compris alors, monsieur le Premier ministre, ce que vous vouliez finalement leur cacher. Votre politique a une apparence : l'ordre et l'inflexibilité. Mais elle a une réalité : la flexibilité et le désordre. Vous êtes le gouvernement de l'abaissement social et de la désunion nationale ! Monsieur le Premier ministre, vous disiez ici même, à l'Assemblée nationale, écouter aussi bien la France qui manifeste... M. Lucien Degauchy. Les manifs font un flop ! M. le président. Monsieur Degauchy, taisez-vous ! M. Jean-Marc Ayrault. ...que la France qui ne manifeste pas. Aujourd'hui, cette France ne fait plus qu'une contre le contrat première embauche, qui n'est que le frère du contrat nouvelles embauches. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Non, monsieur le Premier ministre, on ne gouverne pas seul contre une nation. Non, on ne la change pas sans son consentement. Ma question est simple : allez-vous entendre les Français et retirer le CPE ? (" Non ! " sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.- Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.) M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. M. Dominique de Villepin, Premier ministre. Monsieur Ayrault, la peur n'est pas une politique. (" Très juste ! " sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) L'illusion n'est pas une politique. Le passé n'est pas une politique. Que proposez-vous aux Français, monsieur le président Ayrault ? (" Rien ! " sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Vous leur proposez l'idéologie là où ils ont besoin de lucidité et de pragmatisme. Vous leur proposez des demi-mesures là où ils réclament de vraies solutions et des résultats. (" Bravo ! " sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.) Que voulez-vous faire croire aux Français, monsieur le président Ayrault ? M. Maxime Gremetz. Écoutez-les, au moins ! M. le Premier ministre. Que la France peut encore attendre quand tous ses partenaires se sont engagés depuis longtemps dans des réformes courageuses du marché du travail ? M. Jérôme Lambert. Ce n'est pas vrai ! M. le Premier ministre. Que la France peut ignorer la réalité d'une Europe qui bouge et d'un monde qui change ? Qu'elle pourra rester elle-même sans faire un effort de modernisation pour plus d'égalité, pour plus d'ambition, pour plus de justice ? M. Maxime Gremetz. Tout ça, ce ne sont que des mots ! M. Jérôme Lambert. Où est le courage des patrons dans le contrat que vous proposez ? M. le Premier ministre. Que reprochez-vous au juste au Gouvernement, monsieur Ayrault ? Le dialogue ? Mais où sont vos propositions que nous pourrions discuter. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.) M. Jean Marsaudon. Il n'y en a pas ! M. le Premier ministre. La rapidité ? Mais croyez-vous vraiment que les Français veulent attendre ? M. Maxime Gremetz. Non, ils ne veulent pas attendre. Ils veulent que ça change ! M. le Premier ministre. La précarité ? Mais ouvrez donc les yeux, monsieur Ayrault. La précarité, c'est la réalité quotidienne depuis vingt ans pour beaucoup de jeunes dans notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. -Protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.) Monsieur le président Ayrault, mesurons bien l'enjeu d'aujourd'hui : oui ou non,... M. François Hollande. C'est non ! M. le Premier ministre. ...voulons-nous donner à chaque jeune la possibilité d'entrer rapidement sur le marché du travail ? (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.) Oui ou non, voulons-nous préserver l'équilibre entre liberté et protection, qui fait la force de notre pays ? (Protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.) Je vous attends, monsieur Ayrault. J'écouterai avec attention vos propositions d'amélioration du parcours d'embauche des jeunes. Mais je refuse l'immobilisme. Je suis ouvert (Protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains) à tout ce qui fait progresser notre modèle et notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
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