PÉNURIE DES ÉQUIPEMENTS DE RADIOTHÉRAPIE
DANS LES CÔTES-D'ARMOR
M. le président. La
parole est à M. Alain Gouriou, pour exposer sa question, n° 257,
relative à la pénurie des équipements de radiothérapie dans les
Côtes-d'Armor.
M. Alain Gouriou. Je
souhaite attirer l'attention de M. Mattei, ministre de la santé, de la
famille et des personnes handicapées, sur la situation très préoccupante du
département des Côtes-d'Armor qui connaît une pénurie en équipements de
radiothérapie. En effet, ce département plus de 550 000 habitants bénéficie
en tout et pour tout de deux appareils basés sur un site unique, la clinique
radiologique de Saint-Brieuc, établissement privé.
Cette situation, dans ce
département très étendu géographiquement, conduit les patients les plus éloignés
de Saint-Brieuc à parcourir des distances importantes pour chaque rendez-vous,
parfois plus de 150 kilomètres aller et retour. Ces patients sont
contraints de se rendre à leur rendez-vous entre sept heures et vingt-trois
heures. Certains malades traités entre vingt heures et vingt-trois heures
doivent revenir le lendemain matin entre sept heures et neuf heures. De plus, en
cas de panne, les traitements doivent être retardés. De tels déplacements
induisent une fatigue excessive pour des malades déjà éprouvés physiquement et
psychologiquement. De plus, le coût de transport est considérable puisqu'il est
parfois supérieur à celui du traitement lui-même ! Ainsi, pour un traitement de
trente séances de radiothérapie, la même personne peut parcourir près de 5
000 kilomètres.
En
Bretagne, les autres départements sont mieux dotés : l'Ille-et-Vilaine dispose
de cinq appareils pour 867 000 habitants, le Morbihan de quatre appareils
pour 643 000 habitants et le Finistère de six appareils pour 852
000 habitants. Ces appareils sont répartis sur plusieurs sites, ce qui
n'est pas le cas pour les Côtes-d'Armor. De plus, il faut signaler que ce
dernier département, dont 27 % de la population ont plus de soixante ans,
est le département breton qui compte le plus de personnes âgées. La fréquence
des cancers augmentant avec l'âge, le nombre de pathologies y est donc supérieur
à la moyenne nationale.
Après
les déclarations de M. le président de la République sur le développement
des moyens de lutte contre le cancer et dans un souci d'égalité de l'accès aux
soins, je vous serais reconnaissant, madame la sécrétaire d'Etat aux handicapés,
de bien vouloir intervenir pour que deux nouveaux appareils soient affectés dans
les Côtes-d'Armor, comme l'a également demandé la ligue départementale contre le
cancer : l'un, au titre de la décentralisation des moyens, à Lannion
- ville distante de plus de 60 kilomètres de Saint-Brieuc - dans
le Trégor, ce qui permettrait un rééquilibrage territorial, et l'autre à la
clinique radiologique de Saint-Brieuc.
M. le président. La
parole est à Mme la secrétaire d'Etat aux personnes handicapées.
Mme
Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d'Etat aux
personnes handicapées. Monsieur le député, vous interrogez le ministre de la
santé sur le taux d'équipements de radiothérapie dans les Côtes-d'Armor. Vous
souhaitez que deux nouveaux appareils soient affectés l'un à Lannion et l'autre
à Saint-Brieuc.
A l'heure
actuelle, la région Bretagne dispose de dix-neuf appareils de radiothérapie,
soit un appareil pour 155 000 habitants. La carte régionale n'est cependant pas
saturée, le déficit actuel étant d'environ deux appareils. Le département des
Côtes-d'Armor disposait d'un appareil pour 271 000 habitants en 2000.
Aujourd'hui, ce taux est d'un appareil pour 181 000 habitants. Dans le secteur
sanitaire n° 7 - Saint-Brieuc, Guingamp, Lannion, Paimpol - c'est à la
clinique Armoricaine que sont regroupés les équipements - trois appareils en
tout, dont le dernier a été autorisé en octobre 2002. Cette concentration des
moyens résulte d'un choix fait par l'agence régionale de l'hospitalisation dans
un souci d'efficacité.
L'ARH a
réalisé une étude des flux de patients vers les huit plateaux techniques de
radiothérapie de la région pour l'année 1998. A Lannion, moins de 240 patients
étaient susceptibles d'avoir recours à la radiothérapie, alors que les
recommandations préconisent 400 à 500 patients pour un appareil. Par
ailleurs, le regroupement des appareils de radiothérapie - deux au moins par
plateau - est recommandé. En conséquence, le faible nombre de patients concernés
ne pemettait pas, en 1998 déjà, d'envisager l'implantation d'un appareil à
Lannion. Cette ville ne dispose au demeurant ni de l'environnement ni des moyens
pour mettre en oeuvre un site orienté vers la cancérologie.
En juin 1999, il a été décidé que
Saint-Brieuc serait le site du secteur pour la cancérologie. Actuellement, le
volet « imagerie médicale » et un complément « radiothérapie » sont en cours
d'élaboration. Un nouveau bilan quantitatif et qualitatif préalable à cette
élaboration est en cours de finalisation. Ces volets et compléments devront
déterminer l'organisation des soins, le nombre et l'implantation des équipements
sur l'ensemble de la région Bretagne. Ce dispositif devait être arrêté en
octobre 2003.
M. le président. La parole
est à M. Alain Gouriou.
M. Alain Gouriou.
Vous avez vous-même donné les chiffres, madame la secrétaire d'Etat : dix-neuf
appareils pour la région Bretagne et trois seulement dans le département des
Côtes-d'Armor, dont un complètement obsolète qui n'est plus utilisé qu'en
dernier recours ! Vous admettrez en outre que leur répartition est inégale
puisqu'ils sont concentrés sur un seul site dans les Côtes-d'Armor.
Il faut prendre en compte tout
l'ouest du département pour déterminer le nombre réel de malades traités. Ceux
qui habitent aux marges du Finistère, dans la région de Plestin-les-Grèves que
vous connaissez bien, doivent parcourir près de 350 kilomètres aller et
retour pour se rendre à Saint-Brieuc. On en arrive à une aberration : le prix du
transport dépasse celui de la thérapie ! Je vous demande donc, madame, de faire
procéder à un nouvel examen fondé sur des données plus récentes que celles que
vous avez bien voulu me communiquer. Je vous remercie.