DEBAT :
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ÉLECTIONS EN UKRAINE ET EN BIELORUSSIE M. le président. La parole est à M. Pierre
Lellouche, pour le groupe UMP. M. Pierre Lellouche. Monsieur
le ministre des affaires étrangères (" Ah ! " sur les bancs du groupe
socialiste) au cours des deux dernières semaines, viennent de se tenir, dans
deux républiques de l'ancienne URSS, des élections toutes deux majeures mais qui
se sont passées de façon fort différente. En Biélorussie, il y a dix jours, à
la suite de fraudes massives, le dernier dictateur d'Europe centrale, Alexandre
Loukachenko a été massivement réélu. Il a ensuite utilisé la force et la
répression contre l'opposition démocratique. Ce dimanche, en Ukraine, les
élections législatives ont été organisées dans des conditions irréprochables de
transparence et d'honnêteté, dont je peux attester puisque, en tant que
président de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, j'étais chargé, avec mes
collègues du Parlement européen, du Conseil de l'Europe et de l'OSCE ainsi qu'un
certain nombre de collègues ici présents, sur tous les bancs, d'observer ce
scrutin. Le président ukrainien, M. Viktor Iouchtchenko, ainsi que Mme
Timochenko avec lesquels je me suis entretenu hier après-midi à Kiev
(Murmures sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s
communistes et républicains) comptent tous les deux sur l'aide de la France
pour conforter l'évolution de leur pays vers la démocratie. Il existe
cependant un point commun entre ces deux élections : l'interférence permanente
que tente d'exercer la Russie sur les processus internes de ces pays, notamment
par le biais du chantage sur le prix et les livraisons de gaz. Je vous avoue mon
inquiétude à l'égard de certaines évolutions en cours en Russie ces dernières
années, aussi bien en matière intérieure - avec la suppression des élections
régionales, la mainmise sur la presse, la disparition des partis libéraux -,
qu'extérieure, avec des actions pour le moins critiquables en Tchéchénie, en
Georgie et dans le Caucase sud. Au lendemain du sommet européen sur les
questions énergétiques, qui s'est tenu la semaine dernière, je souhaite savoir,
monsieur le ministre : premièrement, ce que compte faire le France pour aider
l'opposition démocratique en Biélorussie ; deuxièmement, quelle est
l'appréciation que porte le Gouvernement français sur les élections de ce
dimanche en Ukraine ; troisièmement, quelle est l'attitude que la France compte
observer vis-à-vis de la Russie. M. Yves Coussain. Très bien
! M. le président. La parole est à M. le ministre des
affaires étrangères. M. Philippe Douste-Blazy, ministre
des affaires étrangères. Monsieur le député, comme vous l'avez rappelé, la
France a participé à la commission d'observation électorale de l'OSCE durant la
dernière élection présidentielle qui s'est tenue en Biélorussie le 19 mars
dernier. Avec le conseil européen, elle a condamné les fraudes électorales
constatées à cette occasion. À cet égard, je formule trois
remarques. Premièrement, la France et ses partenaires européens envisagent
des sanctions directes contre le président Loukachenko, qu'il s'agisse
d'interdiction de visas ou de gels d'avoirs personnels et de biens
financiers. Deuxièmement, nous demandons la libération des prisonniers
politiques, dont le nombre s'élèverait, d'après les organisations non
gouvernementales, à un millier depuis le 19 mars. Enfin, il nous paraît
essentiel de continuer à parler avec le candidat de l'opposition, M.
Milinkevitch que j'ai reçu le 9 janvier au Quai-d'Orsay. L'ambassadeur de France
en Biélorussie a également été convoqué lundi dernier au Quai-d'Orsay pour
répondre d'une campagne menée contre l'ambassade de France à Minsk. En ce qui
concerne l'Ukraine, l'OSCE et l'Union européenne ont estimé que les élections
ont été justes et transparentes et doivent donc être respectées. Ce n'est que
lorsque les résultats officiels seront proclamés que nous saurons quelle
coalition sera mise en place jeudi ou vendredi. Je souhaite que l'action de
réforme engagée depuis la révolution orange se poursuive. (Applaudissements
sur quelques bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
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