ÉLIMINATION DES STOCKS D'ARSÉNITE DE
SOUDE
M. le président. La
parole est à M. Robert Lecou, pour exposer sa question, n° 268,
relative à l'élimination des stocks d'arsénite de soude.
M. Robert Lecou.
Monsieur le ministre de l'agriculture, face à la maladie des souches de la
vigne, l'esca ou apoplexie de la vigne, les vignerons utilisaient un produit à
base d'arsenic : l'arsénite de soude.
Depuis 2001, ce produit est
interdit. La Commission européenne a, pour sa part, interdit l'utilisation de ce
produit à partir du 30 juin 2004. Cette situation interpelle les
viticulteurs : la réglementation française n'aurait-elle pas pu être alignée sur
la réglementation européenne ? Cela dit, face aux problèmes de santé publique,
la précaution réglementaire prise par la France est admise.
Il n'en reste pas moins que
plusieurs problèmes se posent.
Premièrement, des stocks importants
de ce produit se trouvent dans des hangars et des caves. Ainsi, il existe un
risque écologique réel que cet arsénite de soude soit détruit sans précaution,
voire jeté dans la nature.
Deuxièmement, une réelle inquiétude
touche la population qui a été alertée par des articles de presse, des
reportages, parfois même par des émissions spéciales de télévision montrant les
risques liés à l'arsénite.
Comment, dans ces conditions,
monsieur le ministre, le Gouvernement envisage-t-il de suivre l'élimination de
ces stocks et comment compte-t-il aider et accompagner les viticulteurs,
victimes d'une interdiction qui leur laisse la responsabilité et la charge de
cette élimination ? Enfin, de quelles solutions de substitution disposent les
viticulteurs qui sont toujours confrontés à la maladie de la vigne ?
M. le président. La
parole est à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la
pêche et des affaires rurales.
M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de
la pêche et des affaires rurales. Monsieur le député, vous avez bien voulu
appeler mon attention sur les problèmes soulevés par l'interdiction d'emploi de
l'arsénite de soude. Je souhaite vous apporter certains éléments de réponse
permettant de situer le contexte. L'arsénite de sodium, cancérogène avéré, est
utilisé depuis de nombreuses années par les viticulteurs pour lutter contre
l'esca, maladie de la vigne extrêmement préoccupante. Une étude d'exposition
conduite en 1999 et en 2000 par la mutualité sociale agricole a
démontré que les mesures de protection des opérateurs, et en particulier celles
que vous citez, considérées jusqu'alors comme efficicaces, n'étaient pas
opérantes et que l'exposition des applicateurs était, de ce fait, élevée.
Compte tenu de cette évaluation, le
retrait du marché, sans délai d'écoulement, des stocks des préparations à base
d'arsénite de sodium a été décidé. Toutefois, je dois reconnaître qu'aucune
mesure n'avait été envisagée, à l'époque, pour les éliminer.
Ces stocks sont estimés à 1
200 tonnes de produits. Mon ministère travaille activement à la mise en
oeuvre d'un dispositif de collecte des produits associant les firmes
productrices, les distributeurs, les agriculteurs et viticulteurs. Ces produits,
après leur interdiction, ont acquis le statut de déchets. La collecte initiale
sera assurée par les distributeurs, qui orienteront ensuite les produits vers un
dépôt de stockage sécurisé. Les produits pourront ainsi être concentrés sur un
nombre limité de lieux et faire l'objet d'un processus de destruction.
En attendant la mise en oeuvre de
cette collecte, une vaste action de sensibilisation des détenteurs de produits a
été entreprise en 2002, sur le thème de la non-utilisation et de la conservation
des produits.
Je souligne qu'il
ne faut pas confondre l'arsénite de soude, utilisé en agriculture et en
viticulture, et l'arsénite de chaux qui, lui, est utilisé en industrie.
S'agissant de la dimension
agronomique de la question, qui est très importante, je constate que l'emploi de
l'arsénite de sodium a constitué pendant de nombreuses années une solution
efficace, mais qui n'a pas permis, comme vous le savez, monsieur le député,
l'éradication de l'esca.
J'ai
donc insisté pour que la mobilisation des moyens de recherche privés ou publics
soit effective pour définir des solutions efficaces et acceptables de lutte
contre cette maladie.
Des
mesures rigoureuses de conduite de la vigne - abandon de certains types de
taille, prophylaxie des plaies, traitement localisé - semblent réussir à
cantonner le développement de la maladie. J'entends toutefois ne pas limiter mon
action à ces préconisations, mais poursuivre et amplifier les actions favorisant
la recherche de solutions chimiques à ce problème, qui ne présenteraient pas,
pour la santé publique, les mêmes inconvénients que l'arsénite.
M. le président. La
parole est à M. Robert Lecou.
M. Robert Lecou. Je
vous remercie, monsieur le ministre, pour ces précisions. Toutefois, subsistera
le problème de l'accompagnement des viticulteurs et des agriculteurs touchés par
une réglementation qui n'existait pas lorsqu'ils ont acheté leurs produits.