DEBAT :
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COOPERATION AVEC LES COMORES EN MATIERE D'EDUCATION ET DE
JUSTICE M. le président. La parole est à
M. Mansour Kamardine, pour le groupe de l'UMP. M. Mansour
Kamardine. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires
étrangères. L'ancien président des Comores, le colonel Azali Assoumani avait
promis de rendre le pouvoir démocratique au terme de son mandat. D'aucuns y
croyaient : il a tenu parole. En effet, les Comores viennent d'élire
librement et démocratiquement un nouveau président en la personne de M. Ahmed
Abdallah Sambi, élu à 58 % des suffrages exprimés. Durant sa campagne, celui-ci
avait pris, entre autres, deux engagements qui ont particulièrement fait vibrer
le coeur de ses compatriotes : d'une part, mettre un terme à la corruption qui
gangrène le développement économique de son pays et, d'autre part, interdire les
" kwassa- kwassa de la mort " responsables de drames humains, de tant de
victimes, dans le bras de mer qui sépare Anjouan de Mayotte. C'est dans la
ferveur générale que la passation des pouvoirs entre l'ancien président et le
nouveau a eu lieu à Beit- Salam à Moroni le 26 mai dernier. Dans son premier
discours officiel, M. Sambi, qui reconnaît dans la France un partenaire
privilégié, a réitéré ses engagements sous les acclamations de ses compatriotes.
Il a besoin de la France pour construire l'État de droit et il a fait savoir à
la délégation française qui a assisté à la cérémonie qu'il avait besoin de
magistrats français expérimentés pour l'aider dans sa lutte contre la
corruption. Sur son engagement de lutter efficacement contre les
kwassa-kwassa - donc contre l'immigration clandestine vers Mayotte - le nouveau
pouvoir comorien aura également besoin du soutien de notre pays dans les
domaines de la santé et de l'école. S'agissant de l'école, sachez que Mayotte
héberge actuellement dans ses établissements quelque 12 000 petits clandestins
anjouanais, au point de devoir faire l'école en alternance faute de locaux
suffisants pour accueillir tout le monde. Face à ces difficultés, les
instituteurs de l'État recrutés à Mayotte sont tout à fait disposés, dans le
cadre de la coopération bilatérale et régionale, à participer à l'effort de
scolarisation à Anjouan. Cette action aurait le triple mérite de favoriser le
développement de la francophonie, d'éviter la perte massive de vies humaines
dans les kwassa- kwassa et de conforter, tant du côté français que du côté
comorien, la lutte contre l'immigration clandestine. Monsieur le ministre,
compte tenu des nouvelles préoccupations du pouvoir comorien, quelle politique
le Gouvernement entend-il mener pour aider les Comores dans leur quête d'un
nouvel État de droit ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de
l'Union pour un mouvement populaire.) M. le président.
La parole est à M. le ministre des affaires étrangères. Plusieurs
députés du groupe socialiste. Non, Borloo, Borloo ! M.
Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères. Tout
d'abord, permettez-moi, monsieur le député, de féliciter M. Ahmed Sambi qui est
devenu le président de l'union comorienne. La transition démocratique entre M.
Azali et M. Sambi prouve non seulement la normalisation, mais aussi la
stabilisation de la vie politique aux Comores. Nous souhaitons appuyer le
processus de réconciliation nationale en augmentant de 60 % l'aide publique au
développement dans les domaines de la santé, de l'agriculture et du soutien au
système productif, comme vous le souhaitez, monsieur le député. Nous
souhaitons également mettre en place un système d'aide aux institutions
comoriennes, en particulier dans les domaines de l'État de droit, de la justice
ainsi que de l'éducation dans le cadre d'un programme européen doté de 15
millions d'euros par an. M. Jean Glavany. Montrez-nous sur
une carte où se trouvent les Comores ! M. le ministre des affaires
étrangères. Soyez assuré, monsieur le député, que le Gouvernement
français accompagnera, selon votre souhait, le développement de la coopération
régionale entre Mayotte et les pays voisins. (Applaudissements sur quelques
bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
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