DEBAT :
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REDUCTION DES EFFECTIFS DE FONCTIONNAIRES M. le président. La parole est à M. Gilbert
Biessy., pour le groupe des député-e-s communistes et
républicains. M. Gilbert Biessy. Monsieur le Premier
ministre, vous venez d'annoncer pour l'an prochain la suppression de quelque 15
000 postes de fonctionnaires, dont 8 700 au moins dans l'éducation nationale, au
prétexte de réaliser des économies. M. Hervé Novelli. Ce
n'est pas assez ! M. Gilbert Biessy. Cette réduction sans
précédent du nombre des agents de l'État témoigne, une fois encore, du mépris
dans lequel vous tenez notre fonction publique, le peu de cas que vous faites de
nos services publics et des besoins de nos concitoyens. Il est scandaleux de
faire des fonctionnaires les boucs émissaires de vos choix politiques
désastreux. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire.) Pourquoi supprimer autant de postes dans
l'éducation nationale... M. Robert Lamy. Il y a moins
d'élèves ! M. Bernard Roman. Allez donc le dire dans les
banlieues ! M. Gilbert Biessy. ...quand les événements qui
se sont déroulés dans nos banlieues à l'automne dernier devraient au contraire
nous inciter à renforcer l'efficacité de notre système éducatif et à améliorer
l'encadrement scolaire de nos enfants ? M. Georges Tron.
Arrêtez ! M. Gilbert Biessy. Une fois de plus, vous faites
fausse route. Vous consentez des cadeaux fiscaux démesurés aux ménages les plus
aisés, aux détenteurs de gros patrimoines et aux entreprises du CAC 40, le tout
à fonds perdus (Vives protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour
un mouvement populaire), pour venir ensuite nous expliquer qu'il n'y a plus
d'argent dans les caisses et qu'il faut faire des économies. M.
Georges Tron. Arrêtez donc ! M. Gilbert Biessy. De
qui se moque-t-on ? De l'ensemble des Français qui sont demandeurs de services
publics toujours plus performants et efficaces, ce qui ne peut se faire sans
maintenir un niveau d'emploi élevé dans la fonction publique. Vous vous moquez
tout autant de nos agents publics, auxquels vous continuez de refuser tout
rattrapage de pouvoir d'achat. Il est vrai que vous vous apprêtez à ne pas
revaloriser le SMIC cette année, sans doute pour permettre à quelques poignées
d'actionnaires d'accroître encore leurs profits. (Exclamations sur les bancs
du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Monsieur le Premier
ministre, quand prendrez-vous la mesure des besoins réels de nos concitoyens ?
(Applaudissements sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et
républicains et sur quelques bancs du groupe socialiste.) M.
Georges Tron. C'est pitoyable ! M. le président. La
parole est à M. le ministre délégué au budget et à la réforme de l'État,
porte-parole du Gouvernement. M. Jean-François Copé,
ministre délégué au budget et à la réforme de l'État, porte-parole du
Gouvernement. Monsieur le député, cet éternel numéro de la gauche qui
consiste à expliquer que le service public marche moins bien si l'on n'augmente
pas tous les ans le nombre de fonctionnaires est d'un autre temps ! (Vifs
applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
- Protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s
communistes et républicains.) En réalité, notre responsabilité consiste à
mettre les fonctionnaires là où nous en avons besoin pour rendre le meilleur
service public. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire.) Comme je n'entends pas, et Thierry Breton non plus,
tomber dans le piège classique que vous nous tendez en mettant de l'idéologie
partout, nous avons trouvé cette fois-ci une recette magique ! (Exclamations
sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et
républicains.) Nous avons réalisé dans tous les ministères des audits qui
permettent de documenter, à l'emploi près, les raisons de nos choix
(Protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s
communistes et républicains), aussi bien dans les secteurs où les effectifs
augmentent que dans ceux où ils diminuent ! Par exemple, dans l'éducation,
les élèves augmentent en primaire et les postes aussi. M. Gilbert
Biessy et M. Jacques Desallangre. Non ! Non
! M. le ministre délégué au budget et à la réforme de
l'État. Dans le secondaire, il y a moins d'élèves et les effectifs
seront diminués. C'est le bon sens et l'esprit de responsabilité !
(Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) En plus, dans cette affaire, il n'y aura que des gagnants :
les contribuables en auront pour leurs impôts, les usagers bénéficieront de la
modernisation du service public et les fonctionnaires récupéreront la moitié des
gains de productivité réalisés. M. Jacques Desallangre. Vous
vous moquez du monde ! M. le ministre délégué au budget et à la
réforme de l'État. Je vous invite, monsieur le député, à regarder ce
qui se passe dans le reste du monde. Ça bouge partout ! La semaine dernière,
j'ai rencontré mon homologue du nouveau gouvernement italien. Figurez-vous qu'il
vient du mouvement communiste, comme vous. Mais, lui, il est aujourd'hui chargé
de réfléchir à un programme de privatisations ! Les temps changent et, je
vous le confirme, Karl Marx est vraiment mort ! (Vifs applaudissements sur
les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) M.
Jacques Desallangre. Ce n'est pas digne de vous !
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