DEBAT :
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PRIVATISATION DE GAZ DE FRANCE M. le
président. La parole est à M. David Habib, pour le groupe
socialiste. M. David Habib. Monsieur le Premier Ministre,
galvanisé par vos succès de ce printemps, vous engagez aujourd'hui la
privatisation de Gaz de France, alors que, le 15 juin 2004, devant cette même
assemblée, Nicolas Sarkozy, la main sur le coeur,... M. Jean-Pierre
Brard. Il n'a pas de coeur ! M. David Habib.
...déclarait : " Je l'affirme : EDF et Gaz de France ne seront pas privatisés. "
Deux ans après, votre gouvernement, où siège le même Nicolas Sarkozy, s'apprête
à revenir sur cet engagement. Nous connaissions la valeur des promesses du
numéro deux du Gouvernement : nous en connaissons désormais la
durée. Toutefois, là n'est pas le plus grave. Ici même, des élus de toutes
tendances ne cessent de vous mettre en garde sur les conséquences dramatiques de
cette privatisation : conséquences tarifaires, conséquences en matière
d'approvisionnement, conséquences industrielles, conséquences sociales enfin,
puisque vous allez placer 50 000 salariés d'EDF-GDF Distribution dans la
confusion la plus totale. Pourquoi ? Il ne s'agit pas uniquement de reprendre
la main, encore moins de sauver Suez, qui dispose des outils lui permettant de
rejeter l'OPA inamicale d'Enel, ni de constituer un " majeur européen " : tout
sépare GDF de Suez ! Non ! Le véritable objectif, reconnu par les dirigeants de
Gaz de France et de Suez eux-mêmes dans le dossier qu'ils ont remis à la
Commission européenne, est de créer " un concurrent à EDF ", dont, au contraire,
en cette période de tension sur les matières énergétiques, nous mesurons tous
combien il importe de favoriser la stabilité et l'efficacité. Aussi, monsieur
le Premier ministre, plutôt que de remettre en cause une architecture
industrielle héritée de la Libération et parfaitement adaptée aux défis
énergétiques présents et à venir, ... M. Jean-Paul Anciaux.
Ceux du siècle dernier ! M. le président. Monsieur Anciaux,
je vous prie de laisser M. Habib poser sa question ! M. David
Habib. ...renoncez à une telle braderie du patrimoine public, qui
choque non seulement les élus de gauche, mais également, vous le savez bien,
ceux de votre majorité. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste
et sur quelques bancs du groupe des député-e-s communistes et
républicains.) M. le président. La parole est à M. le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. M. Thierry
Breton, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Mesdames et messieurs les députés, je souhaiterais que, sur cette question,
vous fassiez tous preuve d'une attitude responsable. (Protestations sur les
bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et
républicains.) M. Jean-Claude Lefort. Commencez par vous
! M. le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie. Dans les cinquante dernières années, la France n'a manqué
aucun tournant important de sa politique visant à assurer son avenir
énergétique. C'est pourquoi le Premier ministre a souhaité que la représentation
nationale, cet après-midi, à partir de seize heures quinze, ait un débat de fond
sur ces questions. En effet, monsieur le député, les temps changent. Il
suffit de lire, dans l'édition de ce soir d'un journal que vous aimez
bien,... M. Patrick Lemasle. Nous les aimons tous ! Pas vous
? M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
...l'éditorial de la page deux ainsi que les pages huit et vingt-deux :
vous comprendrez alors pourquoi les temps ont changé, pourquoi, aujourd'hui, Gaz
de France, qui est assurément une entreprise forte de ses
salariés... M. Bruno Le Roux. Vous osez le reconnaître
! M. le président. Monsieur Leroux, laissez M. le ministre
s'exprimer ! M. le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie. ...et de son histoire, n'en demeure pas moins une
entreprise de taille moyenne sur le plan énergétique et pourquoi le statu quo
est désormais impossible. Vous serez appelés à prendre vos
responsabilités devant les Français. Nous le serons également. Un débat va avoir
lieu, à l'issue duquel nous répondrons à toutes vos questions. À la fin, c'est
vous qui déciderez de laisser, ou non, Gaz de France au bord de la route, sans
partenaire et dans l'impossibilité de sécuriser ses approvisionnements
(Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des
député-e-s communistes et républicains) et de laisser, ou non, échapper au
pays l'avenir de Suez. Ce choix vous appartient. (Protestations sur les bancs
du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
J'ai fait le mien, convaincu que ce projet de fusion est bon pour la France
et pour nos entreprises. Mesdames et messieurs les députés, au moment de
prendre votre décision, pensez également au jour d'après : nous aurons tous des
comptes à rendre à nos électeurs ! (Applaudissements sur divers bancs du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire et sur quelques bancs du groupe
Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe
socialiste et du groupe des député-e-s communistes et
républicains.) M. Albert Facon. Demandez donc à votre
majorité ce qu'elle en pense ! M. Julien Dray. Il faut
prévenir Le Monde que l'UMP n'applaudit pas le ministre
! M. le président. Monsieur Dray, je vous prie de vous taire
!
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