PERSPECTIVES DE CARRIÈRE
DES ENSEIGNANTS EN POSTE À L'ÉTRANGER
M. le président. La parole
est à M. Serge Poignant, pour exposer sa question, n° 285, relative aux
perspectives de carrière des enseignants en poste à l'étranger.
M.
Serge Poignant. Ma question, monsieur le ministre délégué à la
coopération et à la francophonie, porte sur la situation des agents titulaires
du ministère de l'éducation nationale qui exercent à l'étranger sur des postes
AME ou AEFE et qui doivent réintégrer leur administration d'origine après une ou
plusieurs missions à l'étranger. Ces personnels ont souvent exercé des fonctions
importantes en qualité d'attaché de coopération, conseiller, directeur de cours
ou chef de projet, et leur réintégration sur un poste dans l'académie d'origine
est soit impossible, soit en décalage total avec les missions qu'ils ont
exercées.
J'ai dans ma
circonscription une personne appartenant au corps des enseignants et qui, depuis
son retour en France en septembre 2002, est dans l'attente d'une affectation et
a été placée comme TZR - titulaire en zone de remplacement - dans l'académie de
Nantes. Elle doit effectuer depuis un an des remplacements dans les classes du
secondaire alors qu'elle a été attachée de coopération, chargé de mission au
Mexique, en Yougoslavie, et dernièrement directeur de cours au centre culturel
du Caire.
Même si le bureau du
réseau extérieur et de la coopération technologique a pour mission d'essayer de
faire valoir les compétences acquises à l'étranger pour utiliser ces nouvelles
compétences sur des postes en France, il semblerait que son efficacité puisse
être contestée. Compte tenu de la difficulté à réintégrer un poste en adéquation
avec les responsabilités et compétences acquises à l'étranger, ces agents n'ont
souvent d'autre solution que de repartir pour l'étranger. Or vous le savez,
l'organisation du recrutement est longue et soumise à différentes présélections
du ministère de l'éducation nationale et du ministère des affaires étrangères ;
dans le cas que je vous citais, la personne est toujours en attente d'une
réponse pour un nouveau départ à l'étranger.
Aussi, je vous demande, monsieur le
ministre, quelles sont les intentions du Gouvernement pour améliorer la
situation de ces agents qui participent au rayonnement de la France à
l'étranger. Je souhaiterais aussi que vous fassiez un bilan du travail réalisé
par les structures de réinsertion et que vous nous informiez des intentions du
Gouvernement en matière d'optimisation de ces services. J'aimerais aussi
connaître ses intentions pour ce qui concerne la simplification des procédures
d'examen des candidatures aux postes proposés à l'étranger.
M. le
président. La parole est à M. le ministre délégué à la coopération et à
la francophonie.
M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la
francophonie. Monsieur le député, le concours des personnels titulaires de
l'éducation nationale est essentiel pour le ministère des affaires étrangères,
notamment pour ses activités de coopération et pour la présence de la France à
l'étranger.
En effet, ce sont
près de 1 400 agents titulaires de l'éducation nationale qui sont
actuellement détachés à l'étranger dans des services et des établissements
culturels ou de coopération, ou comme assistants techniques. Il convient
d'ajouter à ces effectifs déjà importants un effectif qui l'est encore plus,
puisque 6 000 autres agents titulaires de l'éducation nationale exercent
leurs activités dans le réseau de l'agence de l'enseignement du français à
l'étranger, l'AEFE.
Vous posez à
juste titre la question du retour de ces personnels en France. Cette question ne
se pose pas avec la même acuité selon qu'ils ont été affectés à un service
d'enseignement ou en qualité de coopérant ou d'assistant technique.
Pour ce qui concerne les premiers,
les plus nombreux, les personnels employés par l'AEFE, l'éducation nationale les
réintègre normalement à l'issue de leur mission à l'étranger sur des postes de
même nature.
S'agissant des
personnels affectés dans les services des ambassades, dans le réseau culturel
français à l'étranger ou comme assistants techniques, et c'est sur ces cas que
porte plus particulièrement votre question, la gestion de leur retour en France
est plus délicate. Il convient en effet de proposer à ces personnels, qui ont
quitté le monde de l'enseignement depuis plusieurs années, des fonctions qui
soient en rapport avec les nouvelles compétences qu'ils ont pu développer durant
leur séjour à l'étranger.
Chaque
année, 400 agents titulaires de l'éducation nationale sont confrontés à une
situation de ce genre et 100 d'entre eux demandent à bénéficier d'un suivi
personnalisé. C'est le bureau du réseau extérieur et de la coopération
technologique, service du ministère de la jeunesse, de l'éducation et de la
recherche, qui est chargé de ce suivi.
Le ministère des affaires
étrangères, même s'il n'a pas directement la charge de cette question, est bien
conscient de la nécessité d'améliorer son traitement. Dans cet esprit, il a
signé avec le ministère de l'éducation nationale et avec l'université de
Paris-III Sorbonne nouvelle, le 2 février 2002, un protocole destiné à
développer et à promouvoir des dispositifs de validation universitaire des
acquis des personnels enseignants détachés sur des postes à l'étranger.
Ce protocole offre aux personnels
qui entrent en France la possibilité d'accéder à une formation diplômante
destinée à faciliter leur accès à une mission tenant compte de l'enrichissement
et de l'expérience professionnelle acquis durant leur séjour à l'étranger.
Quel bilan faut-il tirer,
demandiez-vous. Au mois de décembre 2003, la mise en application de ce
dispositif fera l'objet d'une évaluation pour mesurer son efficacité et trouver
éventuellement les aménagements qui paraîtraient nécessaires.
D'une manière plus générale, le
ministère des affaires étrangères souhaite approfondir la concertation avec le
ministère de l'éducation nationale sur ces sujets pour améliorer la fluidité des
détachements de personnels enseignants vers ses établissements. Ce but ne peut
évidemment être atteint que si les enseignants ont la garantie qu'à leur retour
ils pourront trouver un reclassement valorisant. Il est souhaitable, en effet,
comme le montrent les exemples que vous citiez, que l'affectation des personnels
s'intègre dans un véritable projet de carrière qui puisse se poursuivre après le
retour des agents en France.
M. le président. La parole
est à M. Serge Poignant.
M. Serge Poignant.
Monsieur le ministre, je prends acte du fait que vous reconnaissez qu'il y a
effectivement un problème. Je vous en remercie et je me réjouis que le ministère
des affaires étrangères ait la volonté de travailler en liaison avec le
ministère de l'éducation nationale. Je crois que c'est essentiel.
Je souhaite simplement que les
choses avancent rapidement et dans la simplicité. Quand des personnes reviennent
après plusieurs missions à l'étranger effectuées en tant que directeur, on ne
peut pas leur demander d'attendre l'issue d'une procédure longue pour obtenir un
reclassement. Sinon, leur seul recours, c'est d'essayer de repartir à
l'étranger. Par ailleurs, ceux qui veulent partir risquent d'hésiter à le faire
s'ils n'ont pas l'assurance de revenir dans de bonnes conditions. Cette question
doit vraiment être prise en compte rapidement et le plus simplement
possible.