financement du service
d'enlèvement
des ordures ménagères
M. le président. La
parole est à M. Max Roustan, pour exposer sa question, n° 289,
relative au financement du service d'enlèvement des ordures ménagères.
M. Max Roustan.
Monsieur le ministre délégué aux libertés locales, je souhaiterais connaître la
position du Gouvernement sur la question du coût du traitement des ordures
ménagères, et surtout sur le mode opératoire qu'il convient de privilégier. Il
s'agit là d'un problème d'aménagement du territoire de la plus haute importance
: peut-on laisser perdurer un système consistant à produire des déchets dans des
collectivités locales et à les envoyer dans d'autres pour le traitement ?
Depuis l'adoption, il y a
maintenant dix ans, de la loi du 13 juillet 1992 sur l'élimination des
déchets, des collectivités locales ont investi des sommes considérables dans la
collecte et le traitement des ordures ménagères. Le coût des investissements et
de fonctionnement de la filière déchets s'élève de façon exponentielle. Ainsi,
dans la communauté d'agglomération du Grand Alès que je préside, le coût de la
collecte est passé en six ans de 60 à 168 euros par tonne.
Au-delà de la question du coût, je
souhaite également appeler votre attention sur les choix offerts aux élus en
matière de traitement des ordures ménagères. Ceux-ci doivent trancher entre
plusieurs solutions dont aucune n'est pleinement satisfaisante. Bon nombre de
centres d'enfouissement technique et d'unités d'incinération ne sont plus
viables, du fait soit de leur rentabilité insuffisante, soit de leur
non-conformité à une réglementation européenne en perpétuelle évolution en
raison notamment des pressions exercées par les Etats de l'Europe du Nord. De
surcroît, les collectivités se trouvent face à une offre de services pour le
moins réduite, à tel point que le marché du traitement des déchets peut être
qualifié - et c'est un euphémisme - d'oligopolistique.
L'ampleur des investissements est
devenue telle qu'il faudrait réfléchir à d'autres modes de traitement et
véritablement changer d'échelle dans l'approche de ce problème. Pourquoi ne pas
décréter le traitement des déchets grande cause nationale ? Ne serait-il pas
nécessaire de créer, sous l'égide et le contrôle de l'Etat, une véritable agence
scientifique de recherche sur le traitement des déchets qui aurait notamment
pour mission de mettre en place une veille technologique et de bâtir des
programmes de recherche destinés à s'assurer de la pérennité et de la sécurité
des modes de traitements choisis ?
Dans un tel contexte, la question
de l'aide de l'Etat se pose avec la plus grande acuité. Il est urgent de mettre
en place une politique d'aménagement du territoire spécifiquement consacrée au
traitement des déchets. Il y va de la santé de nos concitoyens, de la qualité de
notre environnement et de l'équilibre financier de nos collectivités
territoriales.
M. le président. La
parole est à M. le ministre délégué aux libertés locales.
M. Patrick Devedjian, ministre délégué aux libertés locales.
Monsieur le député, nous ne pouvons que nous féliciter des progrès réalisés dans
la maîtrise de la technique et, plus généralement, de la modernisation de la
gestion des déchets, particulièrement au cours des dernières années. Mais, ainsi
que vous le rappelez avec raison, cette évolution s'est traduite en contrepartie
par une hausse considérable du coût du traitement des ordures ménagères. Ainsi,
la collecte sélective des ordures ménagères, d'après un petit calcul que j'ai
fait réaliser, coûte globalement trois fois plus cher que la collecte ordinaire.
Force est de constater que le souci de répondre à l'attente fort légitime de nos
concitoyens de concilier les activités humaines et un respect accru des normes
environnementales et sanitaires, qui se traduit notamment par la mise en place
de nouvelles normes européennes, pèse lourdement sur les coûts d'investissement
mais également de fonctionnement des installations de traitement des ordures
ménagères.
Pour faire face à ces
charges nouvelles, l'instauration de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères
permet un étalement des augmentations tarifaires, dans la mesure où,
contrairement à ce qui se passait avec la redevance d'enlèvement des ordures
ménagères, le produit de la TEOM n'est pas tenu de couvrir intégralement le coût
du service rendu. Il peut ainsi être complété, dans des proportions que la
collectivité compétente définit librement, par le budget général, au regard d'un
lissage apprécié au cas par cas.
Par ailleurs, en application de
l'article L. 2333-78 du code général des collectivités territoriales, le
financement du service par la fiscalité rend obligatoire, depuis le
1er janvier 1993, l'institution de la redevance spéciale afin
d'assurer l'élimination des déchets dits « assimilés », provenant principalement
d'activités industrielles, artisanales, commerciales ou administratives. Cette
disposition est également de nature à alléger en partie les surcoûts liés à ces
nouvelles charges. Cette redevance, calculée en fonction du service rendu,
notamment de la quantité des déchets éliminés, apporte un complément utile.
En ce qui concerne l'offre de
services, la détermination de normes plus strictes, la nécessaire maîtrise de
procédés industriels de plus en plus élaborés et coûteux, ont effectivement pu
entraîner un resserrement du nombre des opérateurs disponibles, même si les
services de l'Etat s'attachent à éviter les situations de monopole, avec tous
les risques d'entente, et par voie de conséquence d'inflation, auxquelles
celles-ci peuvent donner lieu. Dans cette perspective, l'Etat s'efforce
d'améliorer les outils dont disposent les collectivités locales pour
sélectionner leurs délégataires et apprécier leurs performances.
Il semble enfin utile de
s'interroger, au niveau du département, sur la nécessité de mieux répartir les
installations de traitement, ce qui permettrait dans bien des cas de mutualiser
les coûts et de réaliser des économies d'échelle. Dans cette perspective, le
Gouvernement proposera dans les prochaines semaines, dans le cadre du projet de
loi de décentralisation, une mesure de transfert de compétence de nature à
conforter le rôle des collectivités territoriales, et notamment les
départements, dans ce domaine et à faciliter une meilleure répartition des
équipements.
Cette évolution
aidera, nous l'espérons tous, les collectivités territoriales à mieux orienter
leurs investissements - c'est une question clé pour maîtriser les
coûts - avec comme double objectif l'amélioration du service rendu dans une
perspective de développement durable et la maîtrise des coûts, dont vous n'avez
que trop raison de souligner la hausse incontrôlée.
M. le président. La
parole est à M. Max Roustan.
M. Max Roustan.
Monsieur le ministre délégué, votre réponse me satisfait. Le schéma
départemental des ordures ménagères apparaissait trop contraignant pour certains
départements, car en imposant une division en plusieurs secteurs, il empêchait
précisément toute mutualisation de ces services. J'ai bien pris note des
propositions que le Gouvernement prépare pour remédier à cette situation et je
vous en remercie.