DEBAT :
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VIOLENCES A L'ENCONTRE DES POLICIERS M. le président. La parole est à M. Manuel
Valls, pour le groupe socialiste. M. Manuel Valls. Monsieur
le ministre de l'intérieur, en Seine-Saint-Denis, en Essonne, dans les Yvelines,
des policiers ont été victimes d'agressions intolérables. Je veux, au nom des
députés socialistes, rendre hommage à ces hommes et à ces femmes qui tentent
d'endiguer, avec courage et sang-froid, cette montée de la violence.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.) M.
Daniel Mach. Il était temps ! M. Manuel Valls.
Depuis le début de l'année, ce sont 9 000 policiers qui ont été blessés. Il
ne peut y avoir d'indulgence ni d'excuses à l'égard de ceux qui commettent de
tels forfaits. La loi républicaine doit s'appliquer avec la plus grande fermeté,
sinon il n'y a plus de règles, plus de sécurité pour nos concitoyens, plus
d'ordre, plus de " vivre ensemble ", plus de cohésion nationale. Nous sommes
convaincus que les réponses à cette violence appellent un consensus républicain,
une politique continue par-delà les majorités. Hélas, monsieur le ministre,
là où les systèmes fonctionnaient, telle la police de proximité, vous les avez
démantelés. M. Bruno Le Roux. Eh oui ! M. Manuel
Valls. Là où manquaient les effectifs, vous ne les avez pas renforcés,
comme le souligne le rapport du préfet de Seine-Saint-Denis. Là où l'autorité
publique devait s'exercer avec calme et détermination, vous avez jeté de l'huile
sur le feu par d'inutiles provocations. Là où nous avions besoin d'unir tous les
acteurs de la sécurité, vous les avez dressés les uns contre les autres en vous
défaussant de vos échecs sur les juges, les élus ou les associations. Là où la
politique pénale avait besoin de clarté, vous l'avez sans cesse modifiée. Il
en résulte un grand désordre dans les esprits et les comportements. Alors,
monsieur le ministre, parce que je fais partie de ceux qui n'ont pas hésité à
saluer, en 2002, votre détermination, parce que nous sommes nombreux sur tous
les bancs, les maires notamment, à parler clair et à agir concrètement, contre
la délinquance, auprès de la police nationale et de la gendarmerie, je vous pose
deux questions précises. Allez-vous continuer de mettre les policiers en danger
par votre politique ? Croyez-vous, monsieur le ministre, vous qui êtes candidat
à l'élection présidentielle, que les choses peuvent continuer de la sorte, alors
que, chaque jour, vous vous déchargez davantage de vos fonctions
gouvernementales ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre d'État,
ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire. M. Nicolas
Sarkozy, ministre d'État, ministre de l'intérieur et de
l'aménagement du territoire. Je m'attendais à la deuxième question, monsieur
Valls, mais je m'en tiendrai à la première. Vous me demandez si je vais
continuer : oui, je continuerai à ne pas demander l'autorisation du parti
socialiste pour agir au service de la sécurité des Français.
(Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) M. Jean Glavany. C'est bien ce qui nous
inquiète ! M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de
l'aménagement du territoire. Monsieur Valls, vous êtes l'un de ceux qui
a toujours considéré, et c'est à votre honneur, que votre parti faisait fausse
route dans l'angélisme militant à l'endroit de l'insécurité (Exclamations sur
les bancs du groupe socialiste.) et je tiens à vous rendre hommage !
(Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) Vous avez longtemps été isolé au sein du parti socialiste, et je
suis donc très content de voir que, à six mois des élections, celui-ci vous
donne la parole, vous qui avez moins perdu en crédibilité qu'un certain nombre
d'autres. (Protestations sur les bancs du groupe
socialiste.) Un député du groupe socialiste. Ridicule
! M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement
du territoire. Monsieur Valls, pourquoi le parti socialiste n'a, depuis
2002, voté aucun des crédits, aucune des créations de poste, aucune des réformes
que nous avons proposés ? Quand nous nous sommes tournés vers vous en vous
disant vouloir créer 6 000 postes, vous n'en avez pas voulu, jugeant cet
objectif insuffisant ! Quelle crédibilité avez-vous aujourd'hui en déclarant que
nous n'en avons pas fait assez, alors que vous n'étiez pas d'accord sur les
moyens que nous avons accordés à la police ? (Interruptions sur les bancs du
groupe socialiste.) En outre, vous proposez une seule réforme : la
police de proximité. M. Augustin Bonrepaux. C'est de la
provocation ! M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de
l'aménagement du territoire. Or si la police de proximité était la
solution au problème, pourquoi l'année 2002 a-t-elle été si catastrophique pour
vous ? (Protestations sur les bancs du groupe socialiste.) Au fond, vous
dites aux Français : " Nous n'avons rien compris : nous proposons de faire en
2007 ce qui a échoué avant 2002 " ! (Applaudissements sur les bancs du groupe
de l'Union pour un mouvement populaire.- Protestations sur les bancs du groupe
socialiste.) Entre 1998 et 2002, les violences contre les personnes ont
augmenté de 58 %, et vous nous demandez pourquoi nous ne reprenons pas la
politique qui a échoué ! Enfin, 2 890 policiers ont été blessés en opérations
depuis le 1er janvier. Pourquoi ? Parce que les policiers de la République font
leur devoir, qu'ils vont dans des quartiers où la police n'allait plus, qu'ils
démantèlent des réseaux qu'on ne démantelait plus (Applaudissements sur les
bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire) et que je leur
demande de continuer à faire leur devoir ! Voilà pourquoi des policiers ont été
blessés ! La seule chose à attendre de la représentation nationale, c'est un
soutien sans faille à la police de la République française. (Applaudissements
sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
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