DEBAT :
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INCENDIE D'UN AUTOBUS A MARSEILLE M.
le président. La parole est à M. Frédéric Dutoit, pour le groupe des
député-e-s communistes et républicains. M. Frédéric Dutoit.
Monsieur le Premier ministre, Mama Galledou est toujours entre la vie et la
mort. Elle a été victime d'un acte ignoble, barbare, samedi soir à Marseille. Un
acte que je condamne avec la plus grande fermeté. Les auteurs de ce délit
doivent être sévèrement condamnés, à la hauteur de l'atrocité qu'ils ont
commise. M. Richard Cazenave. Ce n'est pas un délit, mais un
crime ! M. Frédéric Dutoit. Aussi, monsieur Estrosi, arrêter
et condamner les coupables, c'est bien ; éviter le drame, c'est mieux. ("
Démago ! " sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
À l'instant où je m'adresse à vous, j'ai une pensée pour cette jeune
étudiante, pour sa famille dont la dignité force le respect face à l'épreuve
sans nom qu'elle traverse. Je pense à tous ces jeunes révoltés par cette haine
qui leur est étrangère. Les habitants de ces quartiers n'en peuvent plus. Les
citoyens de France sont légitimement excédés. M. Richard
Dell'Agnola. Il n'y a pas d'excuse ! M. Frédéric
Dutoit. Oui, notre pays a besoin d'une police républicaine, qui, proche
d'eux, assure la sécurité de tous ses citoyens, et non d'une politique qui
stigmatise les jeunes des quartiers populaires (Exclamations sur les bancs du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire) dans une surenchère
sécuritaire nauséabonde qui nourrit elle-même la violence. M. Lucien
Degauchy. Ce n'est pas à vous de nous donner des leçons ! M.
Frédéric Dutoit. À Marseille, il manque 200 fonctionnaires de
police. Mme Chantal Robin-Rodrigo. Que fait Sarko
? M. Frédéric Dutoit. À la régie des transports de
Marseille, il manque plus de cinquante agents pour renforcer la présence humaine
sur le réseau. M. François Liberti. C'est la réalité
! M. Frédéric Dutoit. Oui, il faut décréter l'urgence
sociale dans les quartiers populaires. M. Guy Teissier.
Récupération politique ! M. Frédéric Dutoit. Il faut dégager
des moyens financiers et humains d'une ampleur exceptionnelle, dans un vaste
plan de reconquête et de modernisation des services publics dans l'éducation,
l'emploi, le logement, la santé et la police de proximité. Il faut investir dans
la jeunesse, lui faire confiance et le lui dire, pour qu'elle retrouve foi en
elle, foi dans son propre pays qui lui tourne trop souvent le dos et ne lui
propose que des horizons bouchés et la précarité comme mode de vie.
(Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) M. Lucien Degauchy. Quel blabla
! M. Frédéric Dutoit. Il faut, monsieur le Premier ministre,
contrairement à votre politique, engager le pays dans cette nouvelle direction.
C'est une urgence républicaine. (Applaudissements sur les bancs du groupe des
député-e-s communistes et républicains et sur plusieurs bancs du groupe
socialiste. - Exclamations sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire.) M. le président. La parole est à
M. le ministre délégué à l'aménagement du territoire. M. Christian
Estrosi, ministre délégué à l'aménagement du territoire.
Monsieur le député, tout comme vous, nous souhaitons des sanctions exemplaires.
Mais ça n'est pas la politique que vous avez toujours soutenue, loin s'en faut !
(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire. - Protestations sur plusieurs bancs du groupe des député-e-s
communistes et républicains et du groupe socialiste.) Vous vous réclamez de
la proximité, vous essayez d'assimiler toute la jeunesse aux problèmes de
quelques-uns, mais ce que ne supportent plus les milliers d'habitants de nos
quartiers, c'est qu'une minorité de caïds leur rende la vie impossible !
(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) M. Patrick Roy. Vous avez eu cinq ans
! M. le ministre délégué à l'aménagement du territoire.
N'essayez pas de faire croire qu'il y aurait eu une augmentation de la
délinquance, quand, comme le rappelait le Premier ministre il y a quelques
minutes, sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy et de Dominique de Villepin au
ministère de l'intérieur, celle-ci a baissé de 9 % depuis 2002 (Exclamations
sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et
républicains), alors qu'avec vous, elle avait augmenté de 14,8 %. (" Non
! Non ! " sur les bancs du groupe socialiste.) Tels sont les
chiffres, avec le même indicateur ! (Applaudissements sur les bancs du groupe
de l'Union pour un mouvement populaire.) Mme Martine
David. Mensonge ! M. le ministre délégué à l'aménagement du
territoire. En mettant en place des groupements d'intervention
régionaux, nous avons touché là où ça fait mal : nous avons commencé à
démanteler les réseaux mafieux dans l'ensemble des cités, les trafics de drogue,
de voitures, de cannabis, d'êtres humains, mettant en difficulté une toute
petite minorité qui, je le répète, rend impossible la vie de milliers d'honnêtes
citoyens de nos cités qui se lèvent tôt pour aller travailler. Monsieur
Dutoit, vous avez refusé de voter la loi de sécurité intérieure dans laquelle
nous cherchions à compenser la suppression de 9 000 postes de policiers qui
était la conséquence du passage aux 35 heures (Exclamations sur les bancs du
groupe des député-e-s communistes et républicains), la loi contre le
terrorisme, la loi pour l'immigration choisie. Le Sénat a adopté en première
lecture le projet de loi contre la délinquance des mineurs, qui associe, pour la
première fois, prévention et lutte contre la délinquance dans cette classe
d'âge. M. Maxime Gremetz. Écoutez les évêques ! Écoutez
Monseigneur Etchegarray ! M. le ministre délégué à l'aménagement du
territoire. Ce texte viendra devant l'Assemblée nationale fin novembre.
J'espère qu'alors vous voterez les dispositions que proposent le Premier
ministre et le ministre de l'intérieur, pour démontrer votre volonté qu'enfin,
là où la police fait son travail, de véritables sanctions s'appliquent à
l'encontre des mineurs délinquants. (Applaudissements sur de nombreux bancs
du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
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