DEBAT :
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PANNE D'ELECTRICITE DU 4 NOVEMBRE M.
le président. La parole est à M. Michel Vaxès, pour le groupe des
député-e-s communistes et républicains. M. Michel Vaxès.
Monsieur le ministre de l'économie et des finances, samedi soir, 10 millions
d'Européens ont été touchés par une panne d'électricité due à une défaillance du
réseau électrique allemand. Cette panne s'inscrit dans la lignée des incidents
survenus en Europe ces dernières années, en Italie, en Grande-Bretagne, dans le
sillon de la libéralisation, c'est-à-dire la déréglementation du
secteur. L'imputation de cette panne aux circonstances climatiques n'est pas
crédible : 0 degré de température, ce n'est pas le coup de froid du siècle. Plus
sérieusement, la fédération allemande des consommateurs d'énergie dénonce l'état
déplorable du réseau. La presse s'interroge. Des responsables politiques
exhortent les groupes énergétiques à investir davantage dans les infrastructures
de transport. Le manque d'investissement et la gestion trop parcimonieuse des
dépenses des entreprises sont des raisons bien plus vraisemblables. Les besoins
d'investissement sont d'ailleurs estimés à 1 600 milliards d'euros à l'échelle
européenne. Cette nouvelle défaillance sur le réseau européen apporte une
preuve supplémentaire que la décision politique de soustraire le secteur
énergétique à la puissance publique n'est pas la bonne solution. Elle justifie
l'ouverture d'une commission d'enquête dont le groupe communiste fera la demande
dans les prochains jours. Quelle garantie apportez-vous, monsieur le ministre,
quant à la fiabilité de notre réseau énergétique dans le contexte européen
d'ouverture à la concurrence et de privatisation du secteur que nous condamnons
? Comment comptez-vous défendre le service public, comme le feront demain, dans
un autre domaine et à juste titre, les agents de la SNCF ? (Applaudissements
sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et
républicains.) M. le président. La parole est à M. le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. M. Thierry
Breton, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Monsieur le député, effectivement, samedi soir, en Allemagne, on a décidé
d'interrompre deux lignes à très haute tension de 400 000 volts pour laisser
passer un navire sur l'Elbe. Nous étions à ce moment-là en surcapacité en Europe
orientale et en sous-capacité en Europe occidentale. De ce fait, en l'espace de
quelques instants, il a manqué 10 000 mégawatts pour faire face à la demande à
l'Ouest. L'interconnexion des réseaux a alors fonctionné instantanément.
(Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) En outre, grâce au
professionnalisme des équipes d'EDF et de RTE, auxquelles je veux rendre hommage
devant la représentation nationale, en l'espace d'une heure et demie, 5 000
mégawatts ont été rendus disponibles pour la production du réseau français,
grâce en particulier à la mise en action de notre réseau
hydraulique. Monsieur le député, en 1977, j'étais à New York (" Oh ! " sur
les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et
républicains), alors qu'un incident du même type s'est produit. Le black-out
a plongé dans l'obscurité toute la côte Est des États-Unis et, pendant 72
heures, la ville de New York. Il a fallu trois jours pour rétablir le réseau. En
Europe, on n'a eu besoin que d'une heure et demie. Effectivement il y a eu un
incident en Allemagne, et nous avons demandé qu'une commission d'enquête s'en
saisisse, notamment pour connaître l'évolution de la situation et les
possibilités de prévision. Mais l'électricité en Allemagne étant pour une grande
part produite par des éoliennes, il est difficile d'effectuer des prévisions.
Néanmoins, grâce au professionnalisme des personnels, nous avons pu faire face à
cette défaillance. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union
pour un mouvement populaire. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste
et du groupe des député-e-s communistes et républicains.) M.
Maxime Gremetz. Nous ne sommes pas encore aux États-Unis !
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