DEBAT :
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PANNE D'ELECTRICITE DU 4 NOVEMBRE M.
le président. La parole est à M. Jean Proriol, pour le groupe de
l'Union pour un mouvement populaire. M. Jean Proriol. Ma
question s'adresse au ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, et
elle a le même objet que la question précédente. Samedi, peu après vingt-deux
heures, une panne d'électricité géante a frappé l'est du continent européen. Le
réseau allemand, saturé et défaillant, a fortement sollicité le nôtre auquel il
est connecté. Aussitôt, le système de délestage préventif a coupé l'alimentation
électrique de cinq millions de foyers sur l'ensemble du territoire, dont 140 000
en Auvergne. La libéralisation et l'ouverture des marchés n'ont rien à voir
avec la liberté de circulation sur une rivière allemande. (Exclamations sur
les bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains.) Ces
soixante minutes de trou noir ont évité le pire, et je voudrais à mon tour dire
ma reconnaissance aux salariés de RTE et d'EDF, deux bons élèves de l'Europe de
l'énergie, car ils ont rempli leur double mission : rétablir le courant dans les
meilleurs délais et assurer la solidarité européenne vis-à-vis de l'Allemagne, à
l'origine de l'incident. Cette affaire met en lumière deux évidences fortes :
l'insuffisance de la production - qui démontre la nécessité d'investir pour les
pays qui ont fait d'autres choix énergétiques que le nôtre - ainsi que la
fragilité des lignes de transport, ces autoroutes de l'électricité qui assurent
l'interconnexion. " C'est la fin de l'ère de l'insouciance " a prévenu Pierre
Gadonneix, le président d'EDF, dans une formule à la fois jolie et stimulante.
Pendant quinze ans, nous avons cru que l'énergie était en excédent : ce n'est
plus vrai, le mythe de la surcapacité vient de s'écrouler. Cette " europanne
" est un électrochoc. (Sourires.) Dès lors, monsieur le ministre, ne
faut-il pas revoir en urgence nos règles de construction de lignes à haute et
très haute tension, et investir dans le transport, qui reste le maillon faible
de l'alimentation électrique ? Ne faut-il pas encourager plus encore la
diversification des sources d'approvisionnement et les économies d'énergie
? M. le président. Merci, monsieur Proriol ! M.
Jean Proriol. L'énergie sera la grande question du XXIe siècle. Le
traité de Rome, dont nous célébrerons le cinquantième anniversaire le 25 mars
2007, eut pour moteur la CECA. L'énergie pourrait bien être à l'avenir celui de
l'Europe des vingt-cinq. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de
l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie
française.) M. le président. La parole est à M. le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. M. Thierry
Breton, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Monsieur Proriol, je vous remercie : vous avez très bien posé la question.
(Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s
communistes et républicains.) Face aux enjeux énergétiques, vous avez
raison, il faut des groupes transnationaux, qui aient la capacité d'investir
massivement pour préparer l'avenir. M. François Hollande.
Monsieur le ministre, rappelez-nous où vous étiez en 1977 ! M. le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Grâce à la
possibilité que nous lui avons donnée de faire appel aux marchés financiers, EDF
va investir dans les cinq ans à venir plus de 40 milliards d'euros, notamment
dans le réseau de transport d'électricité et les lignes à très haute
tension. M. André Chassaigne. Et les actionnaires
? M. le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie. Mais il faut que chacun prenne ses responsabilités
(Exclamations sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et
républicains) pour que l'on puisse étendre les réseaux haute tension à
l'ensemble du territoire national, y compris dans les régions où ils font
défaut. Enfin, il est indispensable que nous disposions, en France et au
dehors, au-delà du parc nucléaire qui assure la consommation quotidienne, de
centrales en état de répondre instantanément aux pics de
surconsommation. M. Henri Emmanuelli. On les a fermées
! M. le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie. Ces centrales hydrauliques existent, mais pour faire face
à ces défis, monsieur Emmanuelli, il nous faudrait de nouvelles centrales à gaz.
M. Maxime Gremetz. Et à charbon ! M. le ministre
de l'économie, des finances et de l'industrie. La politique que le
Gouvernement mène auprès d'EDF permettra de répondre à ces défis dont l'enjeu
dépasse le cadre national. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de
l'Union pour un mouvement populaire.) M. Maxime Gremetz.
Le ministre n'est pas très applaudi, !
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