DEBAT :
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ELECTIONS PROFESSIONNELLES DANS LA POLICE M. le président. La parole est à M. Bruno Le
Roux, pour le groupe socialiste. M. Bruno Le Roux. Monsieur
le ministre de l'intérieur, je souhaite, une semaine après les élections
professionnelles dans la police nationale, tirer ici quelques
enseignements. Permettez-moi d'abord de vous dire que jamais, de mémoire de
parlementaire comme de mémoire de syndicaliste, un ministre de l'intérieur ne
s'est autant immiscé dans des élections professionnelles. (Exclamations sur
les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Vous avez
essayé de politiser les résultats classant les uns à droite, repoussant les
autres à gauche, voyant dans les uns des soutiens et dans les autres des
adversaires. Monsieur le ministre, la police n'est ni de droite ni de gauche,
elle est républicaine, au service des Français. (Applaudissements sur les
bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et
républicains.) Mme Chantal Brunel et Mme
Christine Boutin. C'est juste ! M. Bruno Le Roux.
Je constate simplement que ces élections sont intervenues au moment où,
malheureusement, une hausse de la violence envers les personnes et envers les
représentants des institutions semble démontrer l'échec de votre politique.
C'est dans ce climat que les 110 000 fonctionnaires de police, fonctionnaires
que nous tenons ici à saluer pour le remarquable travail qu'ils effectuent au
quotidien, se sont mobilisés lors de ces élections professionnelles.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.) M.
Lucien Degauchy. Faux-jeton ! M. Bruno Le Roux. Les
résultats ont été clairs : ils ont placé largement en tête l'UNSA-police chez
les gardiens de la paix. Ils ont confirmé chez les officiers la première place
du SNOP, affilié à l'UNSA. Ils ont vu émerger un nouveau syndicat chez les
commissaires de police, le Syndicat indépendant des commissaires de police qui
recueille près de 30 % de voix. Ce sont là des faits, monsieur le
ministre. Au-delà du débat médiocre sur la politisation et de vos
déclarations irrespectueuses pour les syndicats, posons-nous plutôt quelques
questions sur les enseignements de ce vote. (Protestations sur les bancs du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Interrogeons-nous sur les
conséquences du démantèlement de la police de proximité, qui a fragilisé la
relation entre la population et sa police. Interrogeons-nous sur la
signification du vote de ces jeunes commissaires de police nommés dans les
quartiers les plus difficiles, là où justement les moyens leur manquent
cruellement. Par de grandes mobilisations pour les uns ou par des délégations
dans les préfectures pour les autres, les syndicats vous ont aussi dit que vous
n'aviez pas respecté vos engagements, notamment la loi de programmation. ("
C'est faux ! " sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) Que leur avez-vous répondu ? Qu'un ministre de l'intérieur
qui ne respecte pas ses engagements en promet tout de suite d'autres : vous avez
promis, par lettre, une nouvelle loi de programmation aux syndicats
! Monsieur le ministre, quand la parole n'est pas suivie d'actes, elle
devient dangereuse. De ce point de vue, votre parole met souvent en danger ceux
qui ont la dure charge de faire respecter la loi. Les fonctionnaires de
police ont exprimé, par leur vote, un malaise général face à la politique menée
depuis maintenant quatre ans. Monsieur le ministre, la question est trop grave
pour être, comme vous l'avez fait, politisée, réduite ou caricaturée.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.) M. le
président. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de
l'intérieur et de l'aménagement du territoire. M. Nicolas
Sarkozy, ministre d'État, ministre de l'intérieur et de
l'aménagement du territoire. Monsieur Le Roux, heureusement que vous ne
vouliez pas exploiter les résultats des élections dans la police ! (Rires sur
les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Dans le cas
contraire, que n'auriez-vous dit ? Tous les policiers de France, quelles que
soient leurs opinions, effectuent un travail remarquable. Depuis cinq ans, je
les ai toujours soutenus, contrairement à vous... M. François
Hollande. Ce n'est pas vrai ! M. le ministre d'État,
ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire. ...qui,
après n'avoir rien fait pendant quatre ans, avez systématiquement refusé de
voter les textes qui leur accordaient davantage de moyens ou davantage de
pouvoirs. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du
groupe des député-e-s communistes et républicains.) M. Maxime
Gremetz. Monsieur le président, le ministre de l'intérieur parle avec
la main dans la poche ! M. le ministre d'État, ministre de
l'intérieur et de l'aménagement du territoire. Vous avez raison,
monsieur Le Roux, j'ai beaucoup d'amis et beaucoup de soutiens, y compris dans
les organisations de la police qu'on classe hâtivement à gauche. M.
François Hollande. Regardez M. Le Roux au lieu de parler à la majorité
! Regardez-le droit dans les yeux ! M. le ministre d'État, ministre
de l'intérieur et de l'aménagement du territoire. Mais, puisque vous
tenez à ce qu'on se penche sur les résultats, il faut que les choses soient
claires. Vous avez indiqué que l'UNSA-Police est proche du parti socialiste.
(" Non ! C'est faux ! " sur les bancs du groupe socialiste.) En 2003, ce
syndicat a obtenu 48 % des suffrages ; en 2006, 41 %, soit sept points de moins.
Monsieur Le Roux, si vous présentez cela comme une victoire, ça promet pour la
présidentielle ! Si vous criez victoire chaque fois que vous perdez sept points,
alors vous êtes le bienvenu ! (Exclamations sur les bancs du groupe
socialiste.) Quant à l'organisation des gardiens de la paix Alliance, que
vous décrivez comme proche des idées de la droite républicaine, elle est passée
de 33 % en 2003 à 37 % en 2006. Quand le syndicat de gauche perd sept points,
l'organisation dite de droite en gagne quatre, ce qui représente un différentiel
de onze points. Si, chaque fois que je gagne onze points, vous estimez que c'est
mon action qui est condamnée, cela me laisse de la marge, cela m'ouvre des
perspectives ! M. Bernard Roman. Menteur ! M.
Maxime Gremetz. Mais qu'est-ce que ça veut dire ? M. Sarkozy commente
des élections professionnelles ! M. le ministre d'État, ministre de
l'intérieur et de l'aménagement du territoire. Enfin, chez les
officiers de police, alors que l'organisation que l'on classe - à tort - à
gauche, le SNOP, a perdu trois points, Synergie, que l'on classe à droite, en a
gagné quatre. M. Julien Dray. Et chez les commissaires de
police ? M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de
l'aménagement du territoire. Monsieur Le Roux, ce n'est pas la première
fois que je vous prends en flagrant délit d'incompétence - car je me refuse à
croire qu'il s'agisse de mensonges, de la part de quelqu'un de votre qualité.
(Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire. - " Minable ! " sur les bancs du groupe
socialiste.) M. Henri Emmanuelli. Rendez-nous Chirac
!
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