CONSULTATION DES ORGANISATIONS
SYNDICALES
POUR LA RÉORGANISATION DU RÉSEAU
DES PHARMACIES
M. le président. La
parole est à M. Jean-Christophe Lagarde, pour exposer sa question,
n° 308, relative à la consultation des organisations syndicales pour la
réorganisation du réseau des pharmacies.
M. Jean-Christophe
Lagarde. Monsieur le ministre de la santé, je souhaite vous interroger
au sujet des négociations que le Gouvernement veut engager sur le remodelage
- ô combien nécessaire ! - du réseau des pharmacies sur le
territoire français.
Le Premier
ministre a annoncé une large concertation sur cette question. Vous-même avez
diligenté une enquête de représentativité auprès des organisations
professionnelles de pharmaciens. Pourtant il semble que des discussions aient
déjà été engagées avec différents syndicats, alors que d'autres organisations
n'ont pas été consultées. Je pense plus particulièrement à l'Action
pharmaceutique libérale d'union syndicale, APLUS, qui regroupe 2
300 adhérents.
Très
présente en Ile-de-France où elle est largement majoritaire, elle est également
représentée dans 91 départements. Or, si elle a été concernée par l'enquête
de représentativité, elle n'a pas encore été consultée, à la différence de la
Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, qui regroupe 8 000
adhérents, et, surtout, de l'Union nationale des pharmaciens de France, qui ne
compte plus que 600 membres. Ses dirigeants craignent que les délais
nécessaires à l'aboutissement de cette enquête de représentativité ne leur
permettent pas d'être associés à la consultation. Il serait regrettable que
cette union ne soit agréée qu'après la fin des négociations.
Je tiens à appeler votre attention
sur cet état de fait car cette organisation est composée de pharmaciens qui ont
quitté d'autres syndicats et qui souhaitent accompagner la démarche du
Gouvernement en matière de rationalisation des dépenses de santé. Elle présente
des propositions qui me paraissent être intelligentes et de nature à permettre
de respecter à la fois l'économie des pharmacies et les nécessaires restrictions
que l'Etat veut imposer pour éviter le gaspillage.
Ainsi, elle propose, dans un souci
d'équité entre les différents types de pharmacies, que les intéressés puissent à
la fois facturer leurs prestations à l'acte et prendre une marge sur les
médicaments. Actuellement, en effet, des pharmacies énormes installées dans des
centres commerciaux vendent essentiellement des produits non remboursés et
gagnent beaucoup d'argent, alors qu'une pharmacie implantée dans un quartier
difficile, comme cela est le cas dans ma commune, reçoit surtout des clients
relevant des aides sociales, notamment de la CMU. Alors que son travail est
beaucoup plus compliqué, socialement beaucoup plus lourd, il est moins
rémunéré.
Par ailleurs, ces
pharmaciens souhaitent que soit revu le nombre d'habitants par pharmacie,
puisque la France est le pays d'Europe où il y en a le moins.
Je voudrais donc savoir, monsieur
le ministre, ce que vous entendez faire, le cas échéant, pour que l'APLUS
participe aux négociations dans lesquelles elle veut accompagner les démarches
du Gouvernement.
M. le président. La
parole est à M. le ministre de la santé, de la famille et des
personnes handicapées.
M. Jean-François Mattei, ministre de la santé, de la famille et des
personnes handicapées. Monsieur le député, si j'ai bien entendu, vous avez
posé deux questions.
La première
concerne la représentativité des organisations syndicales de pharmaciens. Une
enquête de représentativité destinée à déterminer les organisations syndicales
nationales les plus représentatives de la profession de pharmacien d'officine a
été lancée par un avis publié au Journal officiel du
31 octobre 2002. Cet avis invitait les organisations syndicales
nationales de pharmacien d'officine à transmettre, dans un délai de six
semaines, tous les éléments de nature à justifier leur classement parmi les
organisations les plus représentatives en fonction des critères énoncés dans
l'article L. 162-33 du code de la sécurité sociale, à savoir : les
effectifs, l'indépendance, les cotisations, l'expérience et l'ancienneté du
syndicat.
L'exploitation des
données transmises par les organismes syndicales - FSPF, UNPF, APR, APLUS,
USPO - a été confiée à la direction régionale des affaires sanitaires et
sociales d'Ile-de-France, comme cela est l'usage. Le rapport d'enquête est dans
sa phase finale d'instruction. J'arrêterai, dans les prochaines semaines, la
liste des organisations syndicales nationales représentatives qui seront
habilitées à participer à la négociation et à la signature de la convention
nationale liant la profession de pharmacien d'officine aux caisses régionales
d'assurance maladie.
Ensuite, je
vous indique que je n'ai pas engagé de négociations avant l'heure. Nous avons
certes des conversations avec des organisations qui avaient précédemment été
reconnues comme étant représentatives et nous les poursuivons. Cependant, il est
évident que les sujets en discussion seront abordés avec les nouveaux
partenaires.
Je veux toutefois
ajouter que la multiplication des organisations m'inquiète quelque peu. Je
crains que l'on ne revive l'exemple que nous avons connu avec les médecins :
quand une profession est divisée, les négociations sont toujours extrêmement
difficiles. Il n'en demeure pas moins que nous discuterons de tous les sujets
avec tous ceux qui satisfairont aux critères de représentativité.