FERMETURE DU CENTRE
D'ENFOUISSEMENT TECHNIQUE DES DÉCHETS
DE LA BISTADE DANS LE PAS-DE-CALAIS
M. le président. La
parole est à M. Jean-Pierre Decool, pour exposer sa question, n° 315,
relative à la fermeture du centre d'enfouissement technique des déchets de la
Bistade dans le Pas-de-Calais.
M. Jean-Pierre
Decool. Madame la ministre de l'écologie et du développement durable,
je souhaite, après l'avoir fait par écrit, attirer à nouveau votre attention sur
la décharge située au hameau de la Bistade, qui fait partie de la commune de
Sainte-Marie-Kerque dans le Pas-de-Calais. Les conséquences de son implantation
s'étendent également au territoire de Saint-Pierrebrouck dans le Nord, commune
limitrophe placée sous les vents dominants, ce qui est un facteur aggravant de
la propagation des nuisances olfactives, sanitaires et écologiques.
Le centre d'enfouissement technique
de la Bistade existe depuis 1994. En septembre 1998, un projet de fermeture
de la décharge avait été soumis pour avis au Conseil supérieur des installations
classées, en application de l'article L. 541-7 du code de l'environnement.
Ce projet avait été rejeté.
A la
suite de ce rejet, des rapports et des études sur l'utilisation de la décharge
ont été remis afin d'évaluer concrètement ses conséquences sanitaires,
écologiques et environnementales. Les médecins et une enquête de la DRASS ont
montré un impact sanitaire alarmant sur les habitants des deux communes que j'ai
citées. Des cancers ont été diagnostiqués, ainsi que de nombreuses allergies et
infections des voies respiratoires. En outre, on dénombre de nombreux états
dépressifs, conséquence d'une ambiance moralement pesante.
S'agissant de la pollution des
sols, on évoque la contamination des cours d'eau avoisinants, en particulier de
la Aa, qui risque d'avoir des conséquences néfastes sur les villages et leurs
habitants utilisateurs de cette eau. Déjà, des conserveries refusent d'acheter
des légumes cultivés à moins de un kilomètre du site. Rappellons-le, la France a
été mise en demeure sur ce dossier par la Commission européenne en
octobre 2002 pour manquement aux obligations de la directive
communautaire 75-442 du 15 juillet 1975 relative aux déchets.
Il est donc urgent de prendre une
décision, celle de la fermeture de la décharge de la Bistade. Madame la
minsitre, allez-vous définitivement fermer cette décharge ?
M. le président. La
parole est à Mme la ministre de l'écologie et du développement
durable.
Mme Roselyne
Bachelot-Narquin, ministre de l'écologie et du
développement durable. Monsieur le député, j'ai pris connaissance avec
intérêt de votre question relative à l'exploitation du centre de stockage de
déchets ménagers et assimilés de la Bistade, dossier que je connais bien et sur
lequel vous avez déjà appelé mon attention. Comme vous l'avez rappelé, ce centre
de stockage est situé sur le territoire de la commune de Sainte-Marie-Kerque,
dans le Pas-de-Calais. Etablie il y a vingt ans au coeur d'un hameau, aux portes
de Saint-Pierre-Brouck, la décharge de la Bistade est depuis l'origine l'objet
de vives polémiques et de procédures complexes, marquées par de multiples
interventions des services de l'Etat.
En 1982, le préfet a autorisé le
SIVOM d'Audruicq à exploiter une décharge d'ordures ménagères de 7
000 tonnes par an. Les nuisances et les plaintes se sont manifestées très
rapidement. En 1994, l'exploitation a été transférée à la société Vandamme. Une
augmentation de la capacité du site a enfin été autorisée en 1997.
En 1998, alors que
l'administration, au vu des nuisances engendrées par la décharge, avait soumis
un projet de décret de fermeture de l'installation au Conseil supérieur des
installations classées, celui-ci a estimé que les nuisances occasionnées par le
centre de stockage de déchets de la Bistade pouvait être résolu par
l'application stricte de la législation relative aux installations classées.
Cette position a été confirmée en 1999, à la suite d'un nouveau bilan.
Différentes études et enquêtes
épidémiologiques ont été réalisées par les services du ministère de la santé
pour évaluer l'impact sanitaire de l'installation sur les riverains. Elles n'ont
pas conduit à identifier d'enjeu sanitaire grave, sinon, bien entendu,
l'atteinte aux conditions de vie causée par les nuisances.
Sur le plan environnemental, le
respect des prescriptions de l'autorisation est très étroitement contrôlé.
L'actionnariat et le management de l'entreprise ont par ailleurs été
profondément modifiés en 2001 et 2002, ce qui laisse espérer des progrès. Le
principal inconvénient reste lié aux odeurs, qui semblent perdurer malgré les
améliorations apportées.
Sur ma
demande, l'inspection générale de l'environnement vient d'effectuer une nouvelle
mission pour dresser le bilan de l'évolution de la situation et proposer des
actions en conséquence. Les conclusions contenues dans son rapport seront
examinées prochainement par le Conseil supérieur des installations classées. A
ce stade, la mission ne conclut pas à la nécessité de fermer le centre de
stockage, compte tenu notamment des changements substantiels apportés aux
conditions d'exploitation.
Il
convient de rappeler à cet égard que la fermeture d'une installation classée ne
peut intervenir que dans des conditions très encadrées, nécessitant un décret en
Conseil d'Etat pris après avis du Conseil supérieur des installations classées,
et uniquement si les nuisances ne peuvent pas être supprimées par d'autres
actions.
La décharge de la
Bistade, je peux vous l'assurer, monsieur le député, fait donc l'objet d'une
surveillance étroite, tant par les services chargés de l'environnement en région
que par mon ministère au plan national. Les améliorations notables qui ont
d'ores et déjà été apportées seront poursuivies afin de réduire encore les
nuisances supportées par les riverains. Soyez certain, cher Jean-Pierre Decool,
que je suis ce dossier avec une très grande attention.
M. le président. La
parole est à M. Jean-Pierre Decool.
M. Jean-Pierre
Decool. Madame la ministre, je vous remercie très sincèrement de
l'attention que vous portez à ce dossier dont vous avez rappelé l'historique
avec beaucoup de justesse. Nous comptons d'autant plus sur votre vigilance que
dans cette circonscription du Nord, dont je suis l'élu, se pose également la
question de la délicate affaire Négobat, que j'ai déjà évoquée avec vous. Ces
deux points noirs, situés à quelques kilomètres l'un de l'autre, sont source
d'une réelle inquiétude pour les habitants.