DEBAT :
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INTERVENTIONS MILITAIRES FRANÇAISES EN AFRIQUE M. le président. La parole est à M. Paul
Quilès, pour le groupe socialiste. M. Paul Quilès. Monsieur
le Premier ministre, il y a quelques semaines, des forces militaires françaises
et des Mirage F 1 ont été engagés auprès des armées centrafricaine et tchadienne
dans des combats contre des " rebelles ". Cette intervention de la France s'est
appuyée sur deux accords : un accord de défense avec la République
Centrafricaine et un accord de coopération militaire avec le Tchad. En
Côte-d'Ivoire, les soldats français déployés depuis 2002 dans le cadre de
l'opération " Licorne " ne voient pas venir la fin de leur mission et chacun se
demande combien de temps encore la France va maintenir plus de 3 500 soldats sur
place, où la situation semble se dégrader. Le Chef du Gouvernement, Konan Banny,
qui doit organiser des élections, tout en désarmant les rebelles au nord et les
milices au sud, ne semble pas avoir prise sur les événements. Force est de
constater qu'un silence de plomb entoure nos interventions militaires en Afrique
subsaharienne. Notre gestion des crises y est devenue illisible, en dehors, bien
sûr, des mesures ponctuelles prises pour protéger nos ressortissants. Dans
quelle guerre sommes-nous engagés ? S'agit-il de participer à des opérations de
maintien de la paix ? De maintenir des régimes plus ou moins légitimes ? De
sauvegarder des intérêts purement français ? Quelle est la nature de nos accords
de défense ou de coopération, souvent très anciens, avec les pays africains et,
la plupart du temps, méconnus du Parlement ? Autant d'interrogations qui
auraient dû donner lieu à un débat devant le Parlement, ce qui aurait permis de
lever le flou sur les finalités et le contenu de la politique africaine de la
France. Monsieur le Premier ministre, en l'absence d'un tel débat, je
souhaiterais que vous informiez la représentation nationale en indiquant
clairement ce qui justifie les interventions de la France en Afrique.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.) M. le
président. La parole est à Mme la ministre déléguée à la coopération,
au développement et à la francophonie. (Protestations sur les bancs du groupe
socialiste et du groupe des député-e-s communistes et
républicains.) Mme Brigitte Girardin, ministre
déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie. Tout
d'abord, je vous prie d'excuser Mme Alliot-Marie, qui est actuellement en
déplacement auprès de nos forces armées. (Nouvelles protestations sur les
bancs du groupe socialiste.) Plusieurs députés du groupe
socialiste. La question s'adresse au Premier ministre ! Mme
la ministre déléguée à la coopération, au développement et à la
francophonie. Monsieur Quilès, vous avez évoqué les accords que nous
avons avec l'Afrique et vous avez bien fait la différence entre les accords de
défense, les accords de coopération et les opérations de maintien de la
paix. C'est l'honneur et la fierté de la France de défendre ce continent
africain, pour le développement duquel nous nous investissons beaucoup.
(Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) Sans développement ni stabilité, ce continent serait une menace
pour l'équilibre du monde. M. Augustin Bonrepaux. Vous ne
répondez pas à la question ! Mme la ministre déléguée à la
coopération, au développement et à la francophonie. Nos interventions
militaires en Afrique se font dans le cadre d'accords de défense, que nous avons
conclus avec huit pays africains. Leurs conditions sont précises et vous les
connaissez bien. L'évolution de ces dernières années montre que la France est de
plus en plus impliquée dans des opérations de maintien de la paix, qui sont
organisées soit par les Nations unies, soit par l'Union européenne. Je crois que
nous pouvons être fiers de notre action en Côte-d'Ivoire, où l'opération "
Licorne " a évité, pendant plusieurs années, des massacres de populations et
joué un rôle essentiel, à la fois humanitaire et de maintien de l'ordre
public. Je ne peux pas accepter que vous qualifiiez notre action d'illisible.
Non, monsieur Quilès, elle est au contraire très lisible. Nous travaillons à la
paix et à la stabilité de ce continent, car, encore une fois, sans paix ni
stabilité, il n'y a pas de développement. Nous veillons à la protection de nos
ressortissants et nous travaillons à la formation des armées africaines. Nous
avons une conception de partenariat avec l'Afrique, tant pour le développement
que pour la formation militaire, car l'Afrique doit prendre son destin en main.
(Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.)
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