COUVERTURE PAR L'ASSURANCE ACCIDENTS
DU TRAVAIL DES CONCUBINS
DES
EXPLOITANTS AGRICOLES
M. le président. La
parole est à M. Jean-Yves Le Drian, pour exposer la question,
n° 354, de Mme Geneviève Perrin-Gaillard, relative à la couverture par
l'assurance accidents du travail des concubins des exploitants agricoles.
M. Jean-Yves
Le Drian. Monsieur le ministre de l'agriculture, de
l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales, Mme Perrin-Gaillard, retenue dans sa circonscription, m'a prié
de vous poser en son nom une question tout à la fois technique et symbolique.
Ma collègue appelle votre attention
sur la discrimination dont sont victimes les concubines des exploitants
agricoles par les assurances accidents des exploitants agricoles. Elle cite le
cas d'une agricultrice, vivant depuis dix ans en concubinage avec le chef d'une
exploitation où elle a pris la responsabilité d'une ferme équestre, et qui a été
victime d'une chute de cheval.
Son concubin cotise à l'assurance
accident des exploitants agricoles, l'AAEXA, pour les accidents du travail et
maladies, organisme auprès duquel l'accident a été déclaré. Or l'AAEXA lui a
déclaré ne pas retenir l'option « accident du travail » au motif que cette femme
vit en concubinage, situation maritale que l'assurance refuse de prendre en
compte. Sa chute de cheval a dès lors été qualifiée d'accident de la vie privée
et le dossier confié aux services de la GAMEX. L'injustice sociale réside dans
le fait que l'AAEXA n'accorde pas les mêmes droits à l'épouse qu'à la concubine,
alors même qu'elle participe, de façon identique, à la vie rurale et économique
de l'exploitation agricole.
C'est pourquoi, monsieur le
ministre, Mme Geneviève Perrin-Gaillard vous demande de bien vouloir
prendre en considération cette discrimination et de faire pression sur l'AAEXA
afin d'y remédier et d'éviter que de tels faits ne puissent se reproduire.
M. Michel Hunault.
C'est un cas exceptionnel !
M. le président. La
parole est à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la
pêche et des affaires rurales.
M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de
la pêche et des affaires rurales. Monsieur Le Drian, je veux indiquer,
puisque vous la suppléez, à Mme Geneviève Perrin-Gaillard que l'article
L. 752-1 du code rural, issu de la loi du 30 novembre 2001, portant
réforme de la couverture des non-salariés agricoles contre les accidents du
travail et les maladies professionnelles, prévoit que seules les personnes
mariées participant à la mise en valeur de l'exploitation sont obligatoirement
assurées au titre de la nouvelle assurance mise en place par cette loi. Par
ailleurs, les différentes branches du régime de protection sociale des
non-salariés agricoles ne réservent le bénéfice de leurs prestations qu'aux
seuls conjoints au sens du code civil. Cette notion implique donc que ces
personnes soient mariées. Les concubins et les personnes liées par un pacte
civil de solidarité ne bénéficient donc pas de la réforme de la couverture des
accidents du travail.
Toutefois,
dans le régime général, le concubin ou le partenaire lié par un PACS a vocation,
comme le conjoint, à la perception d'une rente viagère en tant qu'ayant droit de
victime d'accident du travail. Cette disposition, pour le moment applicable aux
seuls salariés, bénéficie également aux salariés agricoles.
La création d'une véritable branche
de sécurité sociale contre les accidents du travail pour les non-salariés
agricoles ne compte aujourd'hui qu'un peu plus d'un an d'existence, puisque
la loi du 30 novembre 2001 est entrée en vigueur le 1er avril 2002. La
mise en oeuvre récente de ce régime entraîne un manque de visibilité qui ne
permet pas encore de mesurer l'impact financier d'une éventuelle extension aux
concubins ou aux partenaires liés par un PACS.
Il convient également de rappeler
que si le concubin ou le partenaire lié par un PACS a le statut de
co-exploitant, lequel peut être considéré comme un véritable statut d'exploitant
agricole, il bénéficie en tant qu'exploitant de la nouvelle couverture des
non-salariés agricoles contre les accidents du travail et les maladies
professionnelles.
Cela étant,
conscients des difficultés que l'exclusion des concubins du bénéfice de cette
protection peut engendrer, nous étudions la possibilité de leur étendre le champ
d'application de l'assurance, afin qu'ils puissent avoir droit aux mêmes
prestations que les conjoints collaborateurs ou les conjoints participant aux
travaux.
M. Michel Hunault.
Bonne réponse !