Texte de la QUESTION :
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L'organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a dernièrement estimé urgent de relancer la recherche pour lutter contre la tuberculose, une maladie qui tue deux millions de personnes par an dans le monde. Pour cette ONG, la lutte contre la tuberculose serait en passe d'être perdue et elle pointe les faiblesses des outils contre cette maladie : vaccin peu efficace, outils diagnostiques qui n'identifient que la moitié des patients atteints, traitements très lourds et vieux de plus de cinquante ans. Alors que la maladie est en recrudescence depuis plus de quinze ans, la recherche et le développement de nouveaux moyens de diagnostic, de traitements et de vaccin efficaces sont inexistants. Par ailleurs, l'organisation rappelle que le mode de diagnostic de la tuberculose a été élaboré il y a plus de 120 ans, que le vaccin - le BCG, découvert en 1921 - a une « efficacité plus que discutée, et que les traitements disponibles sont vieux de plus de cinquante ans, extrêmement lourds et de moins en moins performants. Il est donc urgent de relancer activement la recherche », conclut MSF, qui rappelle qu'un tiers de la population mondiale est infecté par la maladie, et que chaque année huit millions développent la maladie et deux millions en meurent. Compte tenu de ces éléments alarmants, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande à M. le ministre délégué à la recherche de lui indiquer les mesures urgentes que le Gouvernement entend prendre au sujet de ce dossier.
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Texte de la REPONSE :
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Le ministère chargé de la recherche, comme le ministère chargé de la santé, est conscient du problème mondial de santé publique que pose la recrudescence de la tuberculose. Si les organisations non gouvernementales (ONG) médicales telles que Médecins sans frontières (MSF) s'en préoccupent, c'est aussi le cas de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), comme le montrent les nombreuses initiatives de cette organisation dans les différentes régions du monde où se manifeste cette menace sanitaire. Il paraît très excessif de dire que la recherche en matière de diagnostic, de traitement et d'immunisation est « inexistante ». On peut signaler à ce titre les équipes spécialisées de l'Institut Pasteur de Paris, ainsi que de l'Institut de pharmacologie et de biologie structurale du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de l'université Paul Sabatier de Toulouse. A l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), cinq unités travaillent directement ou indirectement sur la tuberculose. Deux, localisées à l'hôpital Necker-Enfants malades de Paris, abordent la génétique humaine de la maladie et sa pathogénie. Une, implantée à l'Institut Pasteur de Lille, étudie les facteurs de virulence et les développements de vaccins. Les deux autres enfin, respectivement à Bordeaux et au sein de l'université Paris-VI, se consacrent aux recherches en épidémiologie. Nos équipes ont joué un rôle majeur dans la recherche en amont portant sur le séquençage du génôme de Mycobacterium tuberculosis, le principal agent de la tuberculose humaine. Les recherches post-génomiques qu'elles développent actuellement ouvrent des perspectives en matière de thérapeutique, en permettant d'identifier de nouvelles cibles moléculaires pour des médicaments inhibiteurs de la multiplication ou de la virulence de l'agent pathogène. Ces équipes sont également au meilleur niveau international dans le domaine complexe de la biochimie des parois cellulaires des mycobactéries, qui représente une autre approche potentiellement féconde pour la thérapeutique et l'analyse de la réponse immunitaire anti-tuberculeuses. Dans le secteur clinique, la France est également bien placée, notamment grâce aux facultés de médecine de l'université Paris-VI. Des projets sur ces thèmes sont ainsi financés sur le Fonds national de la science à travers le programme de microbiologie du ministère chargé de la recherche. Les équipes françaises se mobilisent aussi dans un cadre européen, particulièrement propice à rassembler et coordonner l'ensemble des compétences requises pour faire face à des problèmes tels que celui évoqué ici. Elles sont ainsi parties prenantes, aux côtés des autres équipes d'excellence de nos partenaires communautaires, dans plusieurs projets portant sur la tuberculose, en particulier dans les grands projets intégrés « TB-VAC », dont l'objectif est de mettre au point et de développer de nouveaux vaccins anti-tuberculeux plus efficaces que le BCG, et « MUVAPRED », plus spécifiquement orienté vers la mise au point de vaccins antituberculeux utilisables dans les pays à faible revenu. Les cinquième et sixième programmes-cadres de recherche de l'Union européenne ont d'ailleurs fait une large place aux maladies liées à la pauvreté en général et à la tuberculose en particulier. L'initiative européenne EDCTP (European and Developing Countries Clinical Trials Partnership) consacrée à la recherche de nouveaux médicaments et de nouveaux protocoles de vaccination entre autres pour la tuberculose, a programmé 200 millions d'euros dans le 6e programme-cadre et prévoit un budget de 600 millions d'euros entre 2003 et 2007.
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