CLARIFICATION DES COMPÉTENCES DES
COMMUNAUTÉS
D'AGGLOMÉRATION EN MATIÈRE D'AMÉNAGEMENT
ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
M. le président. La
parole est à M. Jean Leonetti, pour exposer sa question, n° 395,
relative à la clarification des compétences des communautés d'agglomération en
matière d'aménagement et de développement économique.
M. Jean Leonetti.
Monsieur le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de
l'aménagement du territoire, comme vous le savez, la loi du
12 juillet 1999 a conféré aux communautés d'agglomération quatre
compétences obligatoires aux premiers rangs desquelles l'aménagement du
territoire et le développement économique. Depuis 1972, la technopole de
Sophia-Antipolis était gérée par un syndicat mixte ouvert créé par arrêté
ministériel, regroupant neuf communes, le conseil général et la chambre de
commerce et d'industrie, qui est présidée par mon ami Charles Ginésy, sénateur
des Alpes-Maritimes.
Considérant
qu'il était pertinent et conforme à l'esprit de la loi que l'aménagement et le
développement économique de la technopole soient appréhendés de manière globale
et cohérente à l'échelle de l'ensemble du territoire des communes concernées
mais également d'un certain nombre de communes du bassin d'habitat, seize
communes se sont regroupées au sein d'une communauté d'agglomération dénommée «
communauté d'agglomération Sophia-Antipolis » incluant huit des neuf communes
composant le syndicat mixte dont elles se sont retirées, conformément à la
loi.
La communauté a alors
proposé au conseil général et à la commune de Mougins - seule commune
n'ayant pas intégré le nouvel EPCI - de participer à l'exercice de la
compétence « développement économique et aménagement du territoire » dans le
cadre d'un partenariat à définir, en totale conformité, bien entendu, avec les
textes.
Or, par jugement du
27 décembre 2002, à la suite d'un recours, de la ville de Mougins, le
tribunal administratif de Nice a estimé que la compétence « aménagement et
entretien du parc » antérieurement confiée au syndicat mixte ne pouvait être
transférée à la communauté d'agglomération et continuait d'appartenir audit
syndicat, les communes ne pouvant transférer à la communauté que la compétence
afférente à leur qualité de membre du syndicat mixte existant.
Au-delà de ce que la cour
administrative d'appel, saisie du dossier, sera appelée à conclure, il nous
paraît aujourd'hui hautement souhaitable qu'une clarification puisse intervenir
sur les rôles respectifs dans les deux domaines complexes que sont l'aménagement
du territoire et le développement économique dans le cas particulier où les
communautés d'agglomération comportent en leur sein une opération ou un « espace
» comme la technopole Sophia-Antipolis dont le rayonnement de toute évidence est
international et dépasse largement les limites de l'agglomération.
S'il est évident qu'en pareille
circonstance, les réflexions et l'action doivent être conduites dans le cadre
d'un partenariat étroit entre tous les acteurs concernés, qui incluent l'Etat,
la région, en plus du conseil général, de la chambre de commerce et des
agglomérations, il est essentiel en revanche, pour la lisibilité des réflexions
et des actions, que les rôles respectifs de chacun puissent être identifiés
clairement.
C'est la raison pour
laquelle, je souhaiterais savoir, monsieur le ministre, si, dans les projets de
texte législatifs ou réglementaires en cours d'étude, une clarification de
l'application de la loi du 12 juillet 1999 peut être envisagée dans ce
domaine.
M. le président. La
parole est à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de
l'Etat et de l'aménagement du territoire.
M. Jean-Paul Delevoye, ministre de la fonction publique, de la réforme
de l'Etat et de l'aménagement du territoire. Votre question, monsieur le
député - et je salue la qualité du travail que vous exercez en tant que
président de la communauté d'agglomération Sophia-Antipolis ainsi que le
président Ginésy est pleine de bon sens. L'article L. 5216-5 du code général des
collectivités territoriales, issu de la loi du 12 juillet 1999, a
confié aux communautés d'agglomération un certain nombre de compétences
obligatoires parmi lesquelles le développement économique et l'aménagement de
l'espace. Afin de faciliter la création de ces nouvelles intercommunalités, dans
les secteurs où les communes avaient précédemment confié certaines de ces
compétences à des syndicats, comme dans le cas que vous posez, la loi du
12 juillet 1999 a également prévu un mécanisme de retrait automatique
desdits syndicats. On comprend bien, en effet, qu'on ne peut pas transférer une
compétence déjà transférée. Si elle a été transférée à un syndicat mixte et
qu'on crée une communauté d'agglomération, les communes redeviennent
propriétaires de leurs compétences qui sont immédiatement transmises à la
communauté d'agglomération. A priori, vos décisions
sont frappées au coin du bon sens. En d'autres termes, lorsqu'une communauté
d'agglomération, à l'instar de celle que vous présidez, Sophia-Antipolis, est
créée sur le territoire d'un syndicat mixte qui exerçait précédemment des
compétences en matière d'aménagement de l'espace et de développement économique,
ces dernières sont automatiquement transférées à la communauté d'agglomération.
Compte tenu du rayonnement du parc d'activités de Sophia-Antipolis, rien ne fait
obstacle à ce que la communauté d'agglomération exerce ensuite ses compétences
en partenariat avec d'autres collectivités, notamment avec le conseil général
des Alpes-Maritimes et la commune de Mougins. Par conséquent, dans la mesure où
cette situation est déjà prévue par la loi, il n'est pas utile d'envisager de
nouvelles réformes en la matière. Afin de clarifier la situation de la
communauté d'agglomération de Sophia-Antipolis, mon collègue, le ministre
délégué aux libertés locales, a interjeté appel auprès de la cour administrative
d'appel de Marseille du jugement du 27 décembre 2002 par lequel le
tribunal administratif de Nice avait partiellement annulé l'arrêté de création
de cette communauté d'agglomération.
La réponse à votre question se
trouve très clairement dans les textes.