Texte de la REPONSE :
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Aujourd'hui, une grande majorité de Français indiquent avoir pris des médicaments sans avis médical. Deux types d'attitudes des patients, fort différentes dans leurs conséquences éventuelles sur la santé, sont à distinguer. D'une part, une attitude, que l'on peut qualifier « d'automédication à tort », consiste à prendre, sans consulter un médecin, un médicament dit « de prescription », c'est-à-dire disponible uniquement sur ordonnance. Ce médicament est quelquefois présent dans l'armoire à pharmacie familiale car il a été antérieurement prescrit au patient lui-même ou à un membre de sa famille, quelquefois conseillé et donné par un autre patient. Ce type « d'automédication » est effectivement dangereux, dans la mesure où les substances contenues dans ces médicaments sont potentiellement nocives si leurs indications et leurs conditions d'emploi ne sont pas strictement respectées, ce qui motive, le cas échéant, leur inscription sur une des listes de substances vénéneuses. Les notices des médicaments inscrits sur ces listes portent un encadré en en-tête, mentionnant que le médicament a été personnellement prescrit au patient et qu'il ne doit pas être donné à quelqu'un d'autre, même en cas de symptômes identiques, car cela pourrait lui être nocif. Afin de limiter au maximum ce type de comportement, il est indispensable d'alerter les patients sur les risques iatrogènes liés à cette pratique, pour eux-mêmes ou d'un point de vue de santé publique. D'autre part, une seconde attitude, consiste à prendre soi-même en charge des symptômes ou des pathologies bénignes, bien identifiées et le plus souvent de courte durée, en s'aidant des conseils du pharmacien. Ce type d'automédication semble légitime et pourrait même être encouragé, dans la mesure où il implique la responsabilité des patients dans la prise en charge de leur santé. Ceci suppose naturellement une information sur les types de pathologies relevant de cette forme d'automédication, sur les limites de ces traitements, et sur les médicaments mis à la disposition du public dans cette optique. À cet égard, et ce depuis plus de dix ans, un groupe de travail étudiant spécifiquement ces médicaments dits « d'automédication » a été mis en place à l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSaPS). Ce groupe s'attache particulièrement à la rédaction des notices destinées au patient, afin de lui fournir tous les éléments nécessaires à un traitement sans avis médical. Ainsi, de nombreux médicaments ont été revus par ce groupe de travail, et les libellés de leurs indications, contre-indications et précautions d'emploi ont été adaptés pour permettre un usage en automédication, au même titre que leur étiquetage extérieur et leur notice destinés au patient. Actuellement, environ 400 spécialités revues dans la perspective d'une automédication responsable sont disponibles en pharmacie. Elles concernent des domaines pathologiques très divers, tels que l'antalgie, la pneumologie, la gastro-entérologie. Il faut donc développer l'information dirigée vers nos concitoyens afin de les conduire à distinguer clairement ces deux types d'attitudes, en étant conscient qu'il est effectivement possible de se soigner sans avis médical, avec le conseil du pharmacien, à condition de respecter strictement les limites de ce comportement, et surtout d'utiliser pour cela uniquement les médicaments qui sont conçus et adaptés à cet usage. Dans cette perspective, l'AFSSaPS prépare notamment dans les mois à venir, sur la base des travaux approfondis de son groupe de travail, un guide de recommandations de bonnes pratiques d'automédication, qui donnera aux patients des repères utiles en fonction du type de pathologie ou de symptômes auxquels ils sont confrontés.
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