RESTRUCTURATION DES POSTES DE POLICE
ET DES BRIGADES DE GENDARMERIE
DANS
L'ARRONDISSEMENT DE VALENCIENNES
Mme la présidente. La
parole est à M. Patrick Roy, pour exposer sa question, n° 405,
relative à la restructuration des postes de police et des brigades de
gendarmerie dans l'arrondissement de Valenciennes.
M.
Patrick Roy. Monsieur le ministre
délégué à l'enseignement scolaire, je souhaite appeler l'attention du
Gouvernement sur le problème de la sécurité dans l'arrondissement de
Valenciennes et plus particulièrement dans ma circonscription où la population
attend des actes et non pas seulement des mots.
J'aurais pu le dire en chantant,
mais mon répertoire, plutôt rock, n'est peut-être pas très adapté à cet
hémicycle...
Mme la présidente. Quoi
qu'il en soit, il n'est pas de règle à l'Assemblée nationale de chanter.
M.
Patrick Roy. Soit.
Monsieur le ministre, dans une
circonscription, la dix-neuvième du Nord, qui reçoit déjà beaucoup de mauvais
coups - je prendrai comme seul exemple le fait que le Denaisis n'ait pas été
retenu dans le dispositif des zones franches -, les élus locaux ont appris la
fermeture, sans concertation, de brigades de gendarmerie.
La méthode et la décision ont été
jugées, je puis vous le dire, « fort de café ». Même si par ailleurs des
explications sont avancées pour justifier ces choix, des interrogations très
fortes subsistent sur les intentions gouvernementales.
En effet, au-delà des statistiques
qui caractériseraient l'activité conjointe de la gendarmerie et de la police sur
le territoire, la dimension préventive des brigades de gendarmerie sur le plan
local ne semble pas être prise en compte.
Compte tenu du sentiment
d'insécurité qui règne, la population et les élus locaux regretteront la
présence permanente actuelle de ces gendarmes.
Le départ imminent de ces services
appréciés sur le terrain conduit les élus locaux à envisager la création
éventuelle de nouveaux dispositifs municipaux pour combler les manques à venir,
ce qui constituerait un véritable transfert de charges - un de plus - et donc
des impôts là encore en plus.
Dans ces conditions, monsieur le
ministre, êtes-vous en mesure de nous rassurer : est-il envisagé de renforcer
nos moyens et nos effectifs ?
Mme la présidente. La
parole est à M. le ministre délégué à l'enseignement scolaire.
M.
Xavier Darcos, ministre délégué à
l'enseignement scolaire. Monsieur le député, je vous prie tout d'abord de
m'excuser de parler à nouveau au nom de Nicolas Sarkozy et je vous remercie de
ne pas avoir choisi la forme du chant béarnais pour vous adresser à moi.
J'aurais eu d'ailleurs quelque mal moi-même à vous répondre en chantant ! (Sourires.)
Votre question relative à la
dissolution des brigades de gendarmerie dans le Valenciennois permet au
Gouvernement d'éclairer par un cas concret la politique de redéploiement des
forces de police et de gendarmerie.
Cette politique, vous le savez,
s'inscrit dans la continuité de la loi d'orientation et de programmation pour la
sécurité intérieure, la LOPSI, votée l'an passé. Alors que nos territoires
urbains et ruraux ont connu une profonde mutation et que la délinquance a
considérablement changé, il était devenu indispensable de revoir les zones de
compétence de la police et de la gendarmerie nationales dont la carte n'avait
pas évolué depuis soixante ans.
En même temps que le Parlement
approuvait le plan de renforcement des effectifs de la police et de la
gendarmerie par 13 500 fonctionnaires ou militaires, le Gouvernement s'est
engagé à rationaliser l'implantation et l'organisation des deux forces.
Pour le département du Nord, comme
pour tous les départements de France, l'étude préalable au redéploiement a été
déconcentrée. Les préfets ont reçu mission de procéder, en étroite concertation
avec les élus - et donc, j'imagine, avec vous-même -, à l'examen de la situation
de la police et de la gendarmerie dans leur département. Cette méthode, excluant
toute approche technocratique, a permis de recueillir des propositions de
redéploiement entre la police et la gendarmerie. Celles-ci ont permis au
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales,
d'arrêter l'ensemble des mesures relatives aux redéploiements pour
soixante-trois départements et de privilégier un statu
quo pour vingt-huit autres.
Parallèlement, les préfets ont été
chargés de proposer, selon la même procédure, le nouveau mode d'organisation de
la gendarmerie. Les communautés de brigades, sans remettre en cause le maillage
territorial dans la zone de compétence de la gendarmerie, doivent favoriser la
mutualisation des moyens afin de mieux répondre aux attentes des élus et de la
population en matière d'accueil, de surveillance et d'intervention.
Ces deux grands chantiers ne sont
pas indépendants. Les communautés de brigades doivent être délimitées au sein de
la zone de compétence de la gendarmerie, telle qu'elle résulte des
redéploiements. Dans la zone dévolue à la police nationale, la gendarmerie ne
doit conserver que les effectifs strictement nécessaires à l'exécution de ses
missions judiciaires et de ses missions militaires. Une seule unité, en
principe, doit couvrir le ressort de la zone de police nationale. L'allégement
des effectifs profite à la zone rurale ou périurbaine où la gendarmerie est en
charge de l'ensemble des missions de sécurité.
Dans le cadre particulier de
l'arrondissement de Valenciennes, la compagnie de gendarmerie comprend dix
brigades territoriales, dont huit sont implantées en zone police. Le maintien de
quatre d'entre elles, au chef-lieu des circonscriptions de sécurité publique,
suffira à la gendarmerie pour assurer ses missions spécifiques en zone de
police. A contrario, la dissolution des
brigades de Crespin, Abscon, Douchy-les-Mines et Thiant permettra notamment le
renforcement des brigades limitrophes implantées en zone gendarmerie, où a été
constatée ces dernières années, faute de moyens, une hausse de la
délinquance.
Les brigades de
chef-lieu de canton de Saint-Amand-les-Eaux et de Valenciennes, bien
qu'implantées en zone police, seront maintenues afin de garantir des délais
d'intervention satisfaisants au profit des communes dont elles ont la charge en
zone gendarmerie.
De même, les
brigades de Condé-sur-L'Escaut et de Denain seront maintenues afin d'assurer les
missions militaires et judiciaires dévolues à la gendarmerie, sur l'ensemble des
communes situées en zone police et actuellement rattachées aux unités
territoriales dissoutes.
Enfin,
les communes situées en zone gendarmerie et actuellement rattachées à l'une des
quatre brigades vouées à la dissolution seront quant à elles transférées aux
unités territoriales de gendarmerie limitrophes de Valenciennes, Bouchain et
Mortagne-du-Nord.
Cette
opération permettra de renforcer la cohérence du dispositif territorial en
plaçant notamment chaque zone de compétence sous l'autorité, et donc la
responsabilité, d'un interlocuteur unique. Elle aura précisément l'avantage
d'accroître l'action préventive des forces de gendarmerie dans leur zone. En
effet, comme vous le savez, monsieur le député, les quatre unités de gendarmerie
qui seront dissoutes n'ont pas de compétence en matière de sécurité publique en
zone police. Il s'agit donc de permettre aux militaires de patrouiller sur le
terrain en les libérant des astreintes inhérentes au fonctionnement de
structures territoriales implantées dans une zone qui n'est pas de leur
compétence.
Par ailleurs, les
huit communes du Valenciennois situées en zone police bénéficieront, au moins,
du même niveau de prestations que par le passé. Là encore, le redéploiement mené
dans le département du Nord, notamment avec la dissolution du commissariat de
police de Caudry, isolé en zone rurale, permettra aussi à la police nationale de
recentrer ses moyens sur la zone urbaine du département. Les gains en cohérence
et en rationalisation tirés de cette nouvelle répartition territoriale des
forces de sécurité intérieure ne se feront absolument pas au détriment du volume
des effectifs.
Dans le
département du Nord, ce volume enregistrera même une augmentation globale de
treize personnels supplémentaires, auxquels viendront naturellement s'ajouter, à
Valenciennes comme ailleurs, les renforts autorisés par la loi d'orientation et
de programmation pour la sécurité intérieure qui prévoit la création de 6 500 à
7 000 postes de policiers et de gendarmes supplémentaires.
Monsieur le député, je comprends
que les changements suscitent parfois des inquiétudes. Il est humain de préférer
l'existant que l'on connaît à un avenir dont on ne mesure pas toujours les
avantages. Je puis vous assurer que, dans l'arrondissement de Valenciennes comme
dans tous les départements de France, l'intérêt local n'est en rien sacrifié,
bien au contraire !
La sécurité
de nos concitoyens sera renforcée grâce à une amélioration de la cohérence de
l'organisation de nos forces et donc de leur efficacité dans la lutte contre la
criminalité et la délinquance. En effet, l'objectif du Gouvernement consiste non
seulement à faire reculer le sentiment d'insécurité, mais plus encore
l'insécurité elle-même. Dans cette démarche, le rôle préventif des forces de
l'ordre s'inscrit dans un cadre territorial rénové, gage d'une efficacité accrue
de leur action.