FINANCEMENT DE LA RESTAURATION
DES ÉDIFICES CLASSÉS MONUMENTS HISTORIQUES
DANS LE GERS
Mme la présidente. La
parole est à M. Gérard Dubrac, pour exposer sa question, n° 415,
relative au financement de la restauration des édifices classés monuments
historiques dans le Gers.
M. Gérard Dubrac. Monsieur le ministre de la culture et de la
communication, sur l'ensemble du département du Gers, on dénombre 78 édifices
classés monuments historiques.
Il s'agit essentiellement d'églises
paroissiales, dont trois anciennes cathédrales qui sont la propriété de
communes, d'une ancienne abbaye propriété du conseil général, de nombreux
châteaux propriétés privées, et bien sûr de la cathédrale d'Auch, dernière
cathédrale gothique construite en France.
Le service des monuments
historiques assure pour le compte des communes et des propriétaires qui le
souhaitent la maîtrise d'ouvrage des travaux de consolidation et de mise en
valeur des édifices classés. Cette maîtrise d'ouvrage est assurée en
Midi-Pyrénées sur plus de 90 % des monuments classés, répondant ainsi à une
attente fortement exprimée par les élus et les propriétaires.
En assurant la maîtrise d'ouvrage
et la conduite d'opérations des travaux de restauration, les services
déconcentrés du ministère de la culture assurent la gestion administrative et
financière du dossier, ainsi que le suivi juridique de l'opération - à
savoir les conventions, les contrats et les marchés publics - et le suivi
technique des travaux.
Malheureusement, on constate
aujourd'hui que le niveau de protection du patrimoine du Gers est insuffisant et
son état sanitaire préoccupant. Les travaux indispensables, tant sur le plan de
la sécurité du public que sur celui de la mise en valeur des édifices, sont en
attente. Il en est ainsi, par exemple, de l'ancienne cathédrale de Condom, de
l'hôtel de Polignac, de l'église de Castéra-Lectourois ou de l'église de
Fleurance.
L'intervention de
l'Etat, dans les départements ruraux d'une région comme Midi-Pyrénées, est
déterminante pour réaliser certaines opérations, souvent trop lourdes pour les
communes qui ne disposent pas de ressources suffisantes. Or les orientations
récentes de l'administration centrale traduisent un certain désengagement de
l'Etat : la dotation correspondant à la maîtrise d'ouvrage assurée par l'Etat
est en régression sensible dans la région Midi-Pyrénées - environ 750 000 euros,
ce qui correspond à une baisse de 16 % sur trois années. Par ailleurs, la
directive nationale d'orientation demande aux propriétaires des monuments
historiques d'assurer la maîtrise d'ouvrage des travaux ou de la confier à des
structures spécifiques.
Sans
préjuger des orientations qui découleront du débat national sur la
décentralisation, les instructions et moyens délégués par le ministère de la
culture en région Midi-Pyrénées pourraient se traduire rapidement, en l'absence
de structures de substitution, par l'abandon de projets et par la forte
déception des communes qui attendent, pour bon nombre d'entre elles, depuis
quelques années, que leur patrimoine soit restauré.
Monsieur le ministre, pouvez-vous
nous préciser les mesures que vous comptez mettre en oeuvre pour assurer comme
il convient la restauration du patrimoine des monuments historiques en région
Midi-Pyrénées ?
Mme la présidente. La
parole est à M. le ministre de la culture et de la communication.
M.
Jean-Jacques Aillagon, ministre de la culture
et de la communication. Monsieur le député, vous appelez mon attention sur
l'état de conservation des monuments historiques, notamment dans votre
département. Vous exprimez très clairement la crainte de voir l'Etat se
désengager des opérations de restauration des monuments qui ne lui appartiennent
pas.
Je tiens à vous rassurer
immédiatement : la conservation de notre patrimoine momumental, dans son
ensemble, qu'il appartienne ou non à l'Etat, est une priorité pour le
Gouvernement. La politique que je conduis a précisément pour objectif
d'améliorer la conservation des monuments, de favoriser leur transmission et de
renforcer les partenariats avec les collectivités territoriales pour la mise en
oeuvre de cet objectif.
Les
orientations que je préconise, pour améliorer l'exercice de la maîtrise
d'ouvrage des travaux de restauration, visent à responsabiliser davantage les
propriétaires dans la conservation de leurs monuments. En effet, si l'Etat a
établi l'usage de conduire lui-même les travaux sur les monuments historiques,
qu'il en soit ou non propriétaire, il apparaît désormais plus efficace de
confier plus systématiquement cette maîtrise d'ouvrage aux propriétaires publics
ou privés qui le souhaitent et qui en ont la capacité technique et
administrative.
Une telle
politique n'est en rien la marque d'un désengagement de l'Etat, mais la marque
de la confiance que l'Etat place dans les propriétaires, notamment lorsqu'il
s'agit de collectivités locales. Dans certains cas, les travaux sur les
monuments historiques sont systématiquement délégués à la collectivité locale
compétente. La ville de Paris exerce ainsi la maîtrise d'ouvrage sur l'ensemble
des monuments historiques qui lui appartiennent ; c'est l'Etat qui lui délègue
des crédits, elle n'a pas à mettre en place des fonds de concours au bénéfice de
la maîtrise d'ouvrage de l'Etat.
Dans ce contexte, la directive
nationale d'orientation pour 2003 demande en effet aux services déconcentrés
d'encourager les propriétaires à assurer eux-mêmes la maîtrise d'ouvrage des
travaux sur les monuments historiques. Les collectivités qui disposent de
services techniques compétents sont prioritairement concernées par cette
disposition.
La mesure sera très
progressivement mise en oeuvre pour ne pas perturber le bon déroulement des
travaux en cours de réalisation et permettre la mise en place d'une assistance à
la maîtrise d'ouvrage des propriétaires.
Encore une fois, il ne s'agit en
aucun cas d'un désengagement. La dotation globale attribuée à la direction
régionale des affaires culturelles de Midi-Pyrénées pour les monuments
historiques n'a pas connu de variation négative de 2002 à 2003. Les crédits
consacrés aux opérations conduites en maîtrise d'ouvrage de l'Etat pour
l'entretien et la restauration ont, certes, légèrement diminué - de 111 000
euros, selon mes services. La somme que vous avez avancée était peut-être en
francs... Quoi qu'il en soit, il faudra que nous confrontions nos chiffres. Mais
les crédits qui sont destinés à financer des travaux réalisés directement par
les propriétaires ont été augmentés du même montant.
Monsieur le député, votre
département est riche en édifices religieux. Il a compté plusieurs diocèses dans
le passé : outre celui d'Auch, ceux de Condom et de Lombez ; et aujourd'hui, de
petites communes sont propriétaires d'édifices assez considérables, lesquels, à
un moment de leur histoire, ont été cathédrales. Cela dit, vous avez raison de
souligner que l'état sanitaire de notre patrimoine - peut-être justement en
raison de sa grande richesse - n'est pas satisfaisant. Il faut aujourd'hui
mobiliser tous les moyens de la collectivité : Etat et collectivités locales,
pour mieux assurer la mise en oeuvre d'une véritable politique nationale pour
notre patrimoine.
Le Président
de la République a exprimé le souhait que le patrimoine monumental bénéficie
d'une loi de programme afin de mettre en place les moyens qui permettront
d'accélérer, pour certains monuments, et d'engager, pour d'autres, les travaux
de restauration indispensables. Cette loi de programme concernera les monuments
appartenant à l'Etat comme ceux qui ne lui appartiennent pas.
Notre responsabilité à l'égard des
monuments historiques concerne l'ensemble des monuments qui ont été classés ou
inscrits au titre des monuments historiques. Dans cet esprit, j'ai présenté
récemment au Président de la République et au Premier ministre un plan national
pour le patrimoine. Ce plan prévoit un ensemble de mesures qui ont pour objet
d'accroître les moyens que les collectivités publiques consacrent à la
conservation de notre patrimoine, d'assouplir les procédures et de favoriser la
gestion de proximité.
Je
souhaite que ce projet de loi de programme puisse être confié rapidement au
discernement et à la passion de la représentation nationale. En tout cas,
monsieur le député, s'agissant du département du Gers, je me tiens à votre
disposition pour que nous examinions plus précisément les troubles qui auraient
pu naître des nouvelles dispositions prises en matière d'orientation des
différents types de crédits. Car la conservation de vos monuments m'est tout
particulièrement chère.