Texte de la QUESTION :
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M. Guy Lengagne appelle l'attention de M. le ministre de la santé et de la protection sociale sur l'inquiétude des associations de lutte contre l'alcoolisme, gravement préoccupées par un possible assouplissement de la loi Evin. Permettre que le vin soit considéré comme un « aliment », et autoriser à ce titre sa publicité sans contrainte particulière, conduirait inévitablement à une hausse de sa consommation. Or, les personnes censées consommer « avec modération » n'ont nul besoin de subir de nouvelles publicités. Ceux qui prônent l'assouplissement de la loi Evin sont en réalité d'accord pour que les producteurs convainquent de nouveaux clients, notamment chez les jeunes, qui sont pourtant particulièrement exposés à des conduites à risque et susceptibles notamment de devenir dépendants à l'alcool. Il lui demande de préserver l'objectif fondamental que constitue, en matière de santé publique, la lutte contre la consommation régulière d'alcool.
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Texte de la REPONSE :
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Le nombre de décès attribuables à l'alcool en France est évalué à 45 000. L'alcool est directement à l'origine de pathologies comme la cirrhose du foie ou le syndrome d'alcoolisme foetal. Il est également impliqué dans la survenue de nombreux autres dommages : cancers des voies aérodigestives supérieures, maladies de l'appareil circulatoire, cancers du foie, mais aussi troubles psychiques, accidents, rixes et suicides. Le Haut Comité de la santé publique évalue à 5 millions le nombre de personnes exposées, par leur consommation d'alcool, à des difficultés d'ordre médical, psychologique et social, dont 2 millions de personnes dépendantes de l'alcool. Or l'alcool le plus fréquemment consommé est le vin (83,6 % des Français déclarent en avoir bu dans l'année), devant les autres alcools. Il représente 60 % de la consommation totale d'alcool. Car le vin est bien une boisson alcoolique. Il contient en moyenne 12 volumes pour cent d'alcool éthylique pur. En outre, le vin ne saurait être distingué des autres boissons alcooliques. En effet, il y a la même quantité d'alcool pur dans un ballon de vin, un demi de bière, un verre de whisky et une coupe de champagne, c'est à dire environ 10 grammes d'alcool éthylique pur par verre standard. Ainsi, il n'y a pas plus d'alcools « doux » que d'alcools « durs » ou « forts », mais seulement des usages à faibles doses et des surconsommations. En conséquence, le vin est, comme les autres boissons alcooliques, une substance psychoactive qui induit des modifications de l'état de conscience et du comportement et ne peut être considéré comme un aliment.
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