DRAPEAU TRICOLORE ET DEVISE NATIONALE
AU FRONTON DES
ÉCOLES
M. le président. La
parole est à M. Xavier Bertrand, pour le groupe UMP.
M. Xavier Bertrand.
Monsieur le président, ma question s'adresse à M. le ministre délégué à
l'enseignement scolaire.
Monsieur le ministre, l'école a
longtemps été un espace protégé, où nos enfants pouvaient acquérir les savoirs,
les règles de vie en commun et les valeurs de la République. Aujourd'hui,
l'école et ce que nous avons de plus cher, nos enfants, sont menacés par la
violence et par le développement du communautarisme. Ces dangers ne sont pas
propres à l'école mais ils y sont d'autant plus intolérables que c'est à l'école
que se forge le caractère et que se dessinent les comportements d'adulte.
Si nous voulons éviter le
développement des particularismes et la tentation du « chacun pour soi », voire
la loi du plus fort, il faut rompre avec le renoncement et s'appuyer davantage
sur ce qui fonde notre engagement : la République. Cette République a une devise
: « Liberté, Egalité, Fraternité ». Elle a ses couleurs : le bleu, le
blanc...
M. Maxime Gremetz. Et
le rouge ! N'oubliez pas le rouge !
M. Xavier Bertrand.
... et le rouge. Cette République, qui n'est ni de droite ni de gauche, nous
dépasse et nous rassemble tous.
M. Jacques
Desallangre. Bravo !
M. Xavier Bertrand.
L'exemple de la ville de Saint-Quentin, dont je suis l'élu, en témoigne : à la
rentrée dernière, nous avons mis en place le drapeau tricolore sur la façade des
quarante-quatre écoles de la ville et nous avons été surpris de l'accueil
très favorable qu'ont réservé à cette initiative les enseignants, les parents
d'élèves et les enfants eux-mêmes.
Monsieur le ministre, vous avez
exprimé la semaine dernière votre souhait que, dans toute la France, le drapeau
français soit associé, au fronton des établissements scolaires, au drapeau
européen et à notre devise républicaine. J'ai aussitôt entendu, comme beaucoup
de mes collègues, de très nombreux témoignages de satisfaction.
Oui, la République est une valeur
moderne ! C'est aussi une valeur d'avenir !
Quand et comment allez-vous
permettre que, chaque jour dans ce pays les enfants qui entrent à l'école
puissent, en levant les yeux, lire les trois mots de notre devise et voir
les trois couleurs qui symbolisent la République et qui font notre fierté
? (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de
l'Union pour la majorité présidentielle.)
M. Jacques
Desallangre. Très bien !
M. Jean Glavany.
M. Bertrand se réveille vingt ans après !
M. le président. La
parole est à M. le ministre délégué à l'enseignement scolaire.
M. le ministre délégué à
l'enseignement scolaire. Vous avez raison, monsieur Bertrand, c'est à
l'école que se joue l'essentiel de la nation, et c'est bien pour cela que la
République française a appelé « instituteurs » ceux qui sont là pour instituer
la République. (« C'est vrai ! » sur plusieurs bancs du
groupe de l'Union pour la majorité présidentielle.)
Comme vous le savez, Luc Ferry
et moi-même avons annoncé la semaine dernière un certain nombre de mesures
tendant à faire en sorte que cet espace de laïcité où se manifestent les valeurs
de la République puisse se maintenir et que plus jamais ne réapparaissent, dans
l'enceinte des écoles, des manifestations de communautarisme, d'opinions
religieuses, d'ostracisme, voire de racisme ou d'antisémitisme, comme celles
auxquelles, hélas, on assiste actuellement. Ces manifestations sont la honte de
la République, la honte de l'école de la nation !
(Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité
présidentielle.)
Il faut,
comme vous en donnez l'exemple à Saint-Quentin, commencer par les symboles.
M. Jean Glavany. Un
exemple bien tardif !
M. le ministre délégué à
l'enseignement scolaire. C'est pourquoi nous avons décidé que, sur le
fronton de nos écoles, de nos collèges et de nos lycées flottent le drapeau de
la République française et celui de l'Europe. (« Très
bien ! » sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la majorité
présidentielle.)
Nous
aiderons pour ce faire les collectivités qui le souhaiteront. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe
socialiste.)
M. Christian
Bataille. Cela coûte moins cher que des postes !
M. le ministre délégué à
l'enseignement scolaire. Je vous rappelle, mesdames et messieurs les
députés, qu'il y a quelques semaines vous avez voté à l'unanimité une
disposition qui qualifie de délit les atteintes portées aux symboles de la
République française, notamment à l'hymne national.
Mme Martine Billard et
M. Maxime Gremetz. Ce n'est pas vrai !
M. le ministre délégué à
l'enseignement scolaire. Je souhaite que, lors de la prochaine rentrée
scolaire, tous les élus, les députés, les sénateurs de tous bords, en se rendant
dans un établissement scolaire, passent sous le drapeau bleu-blanc-rouge et sous
le drapeau de l'Europe...
M. Christian
Bataille. Grotesque !
M. le ministre délégué à
l'enseignement scolaire. ... et qu'ils expliquent les valeurs de
la République à nos élèves.
M. Jean-Pierre Raffarin m'a
donné son accord ce matin pour que je vous le dise : soyez avec nous, mesdames
et messieurs les élus, les défenseurs de la République et de la nation ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union
pour la majorité présidentielle.)