DEBAT :
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AGRICULTURE
M. le président. La
parole est à Mme Marcelle Ramonet, pour le groupe UMP.
Mme Marcelle Ramonet. Monsieur le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales, l'agriculture est en crise et la détresse de certaines familles est grande, notamment dans la filière avicole, qui compte 3 500 producteurs bretons, et dans la filière porcine. En Bretagne, il n'est plus de semaine où l'on ne parle de dépôts de bilan ou de suicides. Ce sont autant de drames familiaux et économiques.
M. Jean Glavany. Et c'est la faute des socialistes bien sûr !
Mme Marcelle Ramonet. Le recul de leur niveau de vie est bien réel, depuis des années. Et les conséquences sont très préoccupantes puisque plus d'une exploitation sur trois a disparu en douze ans. Selon la taille des exploitations, leur localisation ou leur production, les disparités sont profondes. Aujourd'hui, 40 % des exploitants ont un revenu inférieur au SMIC alors qu'ils sont inscrits dans une double démarche de qualité : celle des produits et celle de l'environnement pour un développement durable. Quelle perspective peut avoir un jeune agriculteur qui voit ses aînés surendettés, sous le coup d'une saisie ou privés de tout revenu ?
Au-delà de ce découragement qui s'accroît chaque jour, nous nous interrogeons, comme le Président de la République. sur les raisons de l'entêtement du commissaire européen à vouloir réformer la politique agricole commune dans la précipitation.
M. Jacques Desallangre. Il agit sur ordre !
Mme Marcelle Ramonet. Comment pouvons-nous encourager les agriculteurs à observer les bonnes pratiques agricoles et environnementales - ce qu'ils font pourtant majoritairement en dépit des charges financières qui en découlent - et leur demander par ailleurs d'accepter une réforme brutale de la PAC ?
M. François Goulard. Très juste !
Mme Marcelle Ramonet. Monsieur le ministre, l'agriculture est l'un des piliers de la spécificité française. Nous avons par le passé vécu des drames avec la disparition de pans entiers de notre secteur industriel. Je ne souhaite pas qu'il en aille de même, demain, avec l'agriculture. C'est un enjeu économique, social mais aussi humain. Qu'entend faire le Gouvernement pour défendre le modèle agricole européen ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)
M. le président. La
parole est à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales.
M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de
la pêche et des affaires rurales. Madame la députée, la situation des producteurs de porcs en Bretagne est malheureusement celle que vous décrivez. Comme vous le savez, la filière du porc ne dépend pas de la politique agricole commune puisqu'il n'y a pas d'organisation de marché. Quand nous sommes arrivés, il y a huit mois, la Corée et le Japon étaient des pays fermés aux producteurs de porcs français. Après beaucoup de négociations nous avons rouvert ces marchés, mais le cours du porc n'en a pas pour autant repris au cadran de Plérin.
J'ai réuni la semaine dernière, au Salon de l'agriculture, tous les acteurs de la filière. Ensemble, nous avons pris trois décisions : mettre en place un mécanisme de stabilisation, instaurer un système d'aide aux producteurs et créer une véritable interprofession qui organise et structure la filière.
Vous avez, par ailleurs, très bien exposé notre vision du modèle agricole européen. Il y a évidemment les débats à Bruxelles. Il y en a aussi devant l'Organisation mondiale du commerce. Nous considérons, quant à nous, que l'agriculture ne doit pas être la variable d'ajustement d'une mondialisation mal maîtrisée. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Nous pensons au contraire que le secteur de l'agriculture, tant chez nous, en Europe, qu'en Afrique, comme l'a souligné le Président de la République il y a dix jours, en faisant ses propositions précises pour le développement agricole en Afrique, peut être un formidable moyen de maîtriser la mondialisation.
Tel est notre combat. Nous devons le mener tous ensemble. C'est à la fois une question d'identité et de volonté politique au meilleur sens du terme. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et sur quelques bancs du groupe Union pour la démocratie française.)
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