FINANCEMENT DES ATELIERS
DE PÉDAGOGIE PERSONNALISÉE
M. le président. La parole
est à Mme Catherine Génisson, pour exposer sa question n° 429,
relative au financement des ateliers de pédagogie personnalisée.
Mme
Catherine Génisson. Je remercie M. le ministre délégué à la ville
et à la rénovation urbaine de sa disponibilité. Je souhaite attirer l'attention
de M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité sur
la situation extrêmement préoccupante des organismes de formation continue et
plus particulièrement des ateliers de pédagogie personnalisée. Ces
467 structures, réparties sur tout le territoire national, ont accueilli
en 2002 près de 191 000 personnes et délivré plus de 13 millions
d'heures de formation. C'est dire l'importance de ces structures pour
l'insertion par l'économique. Elles emploient, en outre, environ 5
000 personnes.
La décision
de geler les crédits au titre des reports de l'année 2002 a des conséquences
très importantes pour ces structures. A cette date, les ateliers de pédagogie
personnalisée ont déjà consommé une grande partie des crédits disponibles. Sans
la mise à disposition des reports de crédits de 2002 et de ceux qui ont été
votés dans le cadre de la loi de finances de 2003, ces organismes ne pourront
plus assurer les formations. Dans un contexte économique préoccupant où le
chômage, en particulier le chômage des publics précaires, ne cesse d'augmenter,
la formation est un outil indispensable d'une politique de l'emploi équilibrée.
En effet, les ateliers de pédagogie personnalisée s'adressent prioritairement à
des publics peu qualifiés, en majorité féminins, non pas que les femmes soient
peu qualifiées mais parce qu'elles ont, on le sait, des parcours discontinus.
Dans la région Nord -
Pas-de-Calais, les ateliers de pédagogie personnalisée ont accueilli, en 2002,
11 826 personnes dont près de 30 % étaient âgées de moins de
vingt-cinq ans, et plus de 70 % étaient des femmes. Parmi ces personnes,
74,80 % étaient sans emploi à la date d'entrée, et 8,37 % en contrat
emploi-solidarité. La décision de geler les crédits aura des conséquences très
importantes pour les demandeurs de formation autant que pour les personnels
travaillant dans ces structures. Concrètement, pour la région arrageoise, elle
entraînerait le refus de 400 stagiaires dès le mois de juin et la fermeture
de trois sites de proximité, implantés en milieu rural ainsi qu'en zone relevant
de la politique de la ville. Cette décision menace également très directement
l'emploi de sept personnes pour ces trois seuls sites de proximité.
Compte tenu des conséquences
prévisibles de ce gel budgétaire, de nombreux élus de la région Nord -
Pas-de-Calais et de l'Arrageois, toutes tendances politiques confondues, se sont
mobilisés pour alerter sur les dangers de ce projet. Cette décision risque de
conduire à la déstabilisation de l'ensemble des organismes de formation
concernés. Je vous serai donc reconnaissante de bien vouloir m'indiquer quelles
sont les intentions du Gouvernement sur ce sujet et de bien vouloir envisager la
mise à disposition des crédits tels qu'ils ont été votés par la représentation
nationale dans les lois de finances de 2002 et de 2003.
M. le président. La
parole est à M. le ministre délégué à la ville et à la rénovation urbaine,
que nous remercions pour sa disponibilité.
M. Jean-Louis Borloo, ministre délégué à la ville et à la rénovation
urbaine. Madame la députée, les ateliers de pédagogie personnalisée
présentent la spécificité au sein de l'appareil de formation de proposer des
formations ouvertes et à distance à des personnes sorties temporairement du
système de formation continue - comme les femmes que vous avez
évoquées - et qui ont besoin d'une remise à niveau, des savoirs de base
essentiellement. Ils s'inscrivent dans une triple logique d'aménagement du
territoire, de correction des inégalités, d'accès à l'offre de formation et de
retour vers l'emploi.
L'offre de
formation qu'ils proposent, flexible et innovante, se caractérise par la
production de ressources éducatives, une ingénierie de formation et la
généralisation des modes de formation ouverte et à distance. Elle est souvent,
dans les zones rurales, la seule opportunité de formation au service du public.
Elle est bien adaptée aux personnes ayant difficilement accès à la formation
traditionnelle et peut répondre aux besoins non satisfaits des petites et
moyennes entreprises, dans lesquelles elle permet de prévenir le risque de
chômage des salariés faiblement qualifiés, en prenant en compte les contraintes
spécifiques à ces entreprises.
On compte actuellement 469 ateliers
de pédagogie personnalisée en activité, l'implantation du réseau étant
particulièrement marquée dans les zones rurales et dans les régions où l'offre
de formation est moins développée. Ils sont utilisés conjointement par les
différents responsables des politiques de formation, collectivités
territoriales, entreprises et Etat, et bénéficient donc d'un cofinancement
- 40 % en provenance de l'Etat, 22 % des conseils régionaux, le
reste réparti entre les différents cofinanceurs. Le ministère est garant, au
titre d'un cahier des charges national, de la qualité des prestations et de
l'égalité d'accès au dispositif.
Compte tenu des contraintes pesant
sur la dépense publique et par souci d'y voir clair, notamment en ce qui
concerne les dépenses reportées d'année en année, le Gouvernement avait décidé
de geler provisoirement les reports de crédits de 2002, afin de vérifier la
réalité des besoins, conformément à la loi de finances. Pour les ateliers de
pédagogie personnalisée, la majeure partie de ces crédits reportés est de
nouveau disponible.
S'agissant
de la loi de finances initiale pour 2003, une première délégation de crédits est
intervenue, à hauteur de 65 % des crédits votés, le solde devant être
débloqué dans les semaines qui viennent. La délégation complémentaire de crédits
sera réalisée auprès des directions régionales du travail, de l'emploi et de la
formation professionnelle, afin de financer le fonctionnement de ces structures,
conformément à la loi de finances initiale pour 2003.
M. le président. La
parole est à Mme Catherine Génisson.
Mme Catherine Génisson. Je
vous remercie, monsieur le ministre, de votre réponse, qui montre combien vous
connaissez ces ateliers, pour leur avoir fréquemment rendu visite, sans
doute.
Je me permets toutefois
d'insister sur le cas des structures arrageoises, implantées en milieu urbain
comme en milieu rural, j'insiste sur ce point, et qui ont fait la preuve, me
semble-t-il, de leur efficacité - vous les connaissez d'ailleurs certainement.
Les mesures que vous m'avez décrites, à savoir les délégations de crédits de
2003, mais également le dégel d'une partie des reports de crédits de 2002,
profiteront en particulier, je l'espère, à l'Arrageois.