Texte de la QUESTION :
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M. Guy Lengagne * appelle l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur les conséquences ubuesques de la loi sur l'archéologie préventive, dans sa nouvelle version en date de 2003. Le prix des fouilles archéologiques a en effet été multiplié par cinq en raison du mode de calcul choisi pour fixer la redevance « archéologie préventive ». L'assiette étant constituée par intégralité de l'unité foncière, le montant de la taxe est devenu prohibitif, à tel point qu'il excède parfois la valeur du seul terrain ou représente la part la plus importante du coût total de l'aménagement réalisé. Ainsi, la taxe archéologique appliquée depuis novembre 2003 aux opérations de réalisations de ZAC est-elle de 0,329 euro au mètre carré. Elle représente donc l'équivalent du prix d'un terrain agricole. Or, cette charge ne peut être assumée par les collectivités locales et celles-ci se verront dans l'obligation d'abandonner toute préoccupation environnementale, chaque ZAC se réduisant dorénavant aux seuls terrains constructibles. Cette économie ne suffira d'ailleurs pas toujours à éviter l'abandon de nombreux projets en cours, à l'heure où le Gouvernement prétend pourtant lutter en faveur de l'amélioration du logement. En réalité, la taxe archéologique mériterait d'être citée en exemple : elle illustre parfaitement le problème des conséquences absurdes que peuvent avoir les impôts mal conçus. Il est donc urgent de revenir à une assiette de calcul raisonnable, qui pourrait être la seule surface bâtie, à l'exclusion des espaces verts aménagés qui ne requièrent aucun travail de terrassement. Plus généralement, le Gouvernement doit faire en sorte que, en dépit de son augmentation, la taxe archéologique puisse toujours être supportée, ce qui implique qu'elle représente une part raisonnable du coût total de chaque opération à laquelle elle s'applique. Il lui demande de bien vouloir lui indiquer quels sont ses projets.
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Texte de la REPONSE :
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Les questions portent sur la redevance d'archéologie préventive telle qu'elle a été instituée par la loi n° 2003-707 du 1er août 2003 modifiant la loi du 17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive. Sous le régime de la loi précitée de 2003, le montant de la redevance d'archéologie préventive était établi en fonction de superficies au sol variables selon la nature des travaux donnant lieu à imposition. Pour les travaux soumis à autorisation ou à déclaration d'urbanisme, la superficie à prendre en compte était, selon la loi, celle du terrain d'assiette de la construction ou de l'aménagement concerné. Le terrain d'assiette était défini comme étant l'unité foncière constituée de l'ensemble des parcelles appartenant à un même propriétaire. Il est assez vite apparu qu'une telle base d'imposition pouvait, dans certains cas, engendrer des montants de redevance aberrants, sans commune mesure avec l'importance des travaux envisagés. Aussi, sur une initiative parlementaire, approuvée par le Gouvernement, le régime de la redevance d'archéologie préventive a-t-il été modifié. Le nouveau dispositif, issu de l'article 17 de la loi n° 2004-804 du 9 août 2004 relative au soutien à la consommation et l'investissement, substitue à la surface des terrains, la surface de plancher développée hors oeuvre - comme base d'imposition des travaux relevant d'autorisations ou de déclarations d'urbanisme. Le montant de la redevance est désormais déterminé par application d'un taux de 0,3% à la valeur de l'ensemble immobilier, elle-même déterminée selon des modalités proches de celles de la taxe locale d'équipement. Toutefois, le champ d'application de la redevance a été élargi par rapport à celui de la TLE pour comprendre les constructions d'utilité publique ou affectées à un service public ainsi que les espaces aménagés pour le stationnement des véhicules, ces derniers imposés, selon leur nature, soit sur la surface hors oeuvre brute, soit sur la surface au sol. Le seuil d'exigibilité de la redevance a été fixé à 1000 m² de surface hors oeuvre nette, ou, pour les parcs de stationnement, à 1000 m² de surface hors oeuvre brute ou de surface au sol. Le nouveau dispositif a en outre supprimé la redevance sur les zones d'aménagement concerté et aussi celle sur les lotissements. Seules, les autorisations d'utilisation du sol délivrées ultérieurement dans ces périmètres seront passibles de redevance. Les collectivités territoriales créatrices de zones d'aménagement concerté n'auront donc plus à faire face à des redevances dont le montant, en cas de ZAC importante par la superficie, pouvait parfois leur poser problème. Enfin, le nouveau texte dispose que les redevables de la redevance due, en application des dispositions de la loi précitée de 2003, sur les travaux soumis - à autorisation ou déclaration d'urbanisme et dont le fait générateur est intervenu à compter du 1er novembre 2003 peuvent, jusqu'au 31 décembre de cette année, demander à bénéficier des nouvelles dispositions si celles-ci leur sont plus favorables. L'ouverture de cette possibilité d'option devrait permettre de résoudre les cas difficiles suscités par les impositions assises, en application du régime institué en 2003, sur la totalité de l'unité foncière. Par ailleurs, le régime des exonérations de la redevance n'a pas été modifié : les logements sociaux aidés par l'État, ceux construits par les particuliers pour eux-mêmes ainsi que les affouillements rendus nécessaires pour la réalisation de travaux agricoles ou forestiers continuent de bénéficier de l'exonération de la redevance. D'autres seront exemptés de fait, étant donné la hauteur du seuil d'exigibilité retenu pour les travaux relevant du code de l'urbanisme.
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