CRITÈRES DE CLASSEMENT
DES COMMUNES URBAINES ET RURALES
M. le président. La
parole est à M. Michel Bouvard, pour exposer sa question n° 449,
relative aux critères de classement des communes urbaines et rurales.
M.
Michel Bouvard. Je suis heureux de la présence de M. Gaymard au
côté de M. Devedjian puisqu'ils sont l'un et l'autre concernés par ma
question.
Malgré les demandes
répétées de nombreux élus, les modifications indispensables pour redonner de la
cohérence au classement en commune rurale ou urbaine ont été gelées plusieurs
années dans l'attente du recensement général de la population de 1999, mais
celui-ci est désormais publié et ses résultats sont déjà pris en compte pour le
calcul de la DGF des communes.
Ainsi, en Savoie, la quatrième
ville du département, La Motte-Servolex, avec plus de 10 000 habitants,
située dans la communauté d'agglomération de Chambéry, ville dont elle est
contiguë, est toujours officiellement une commune rurale. Dans le même temps,
une commune comme La Rochette, à peine 3 500 habitants, dans une zone
rurale d'objectif 2 de l'Union européenne, est une commune urbaine, tout comme
la commune de Modane située en zone de revitalisation rurale.
Dans sa réponse à une question
écrite du 12 août 2002, publiée le 11 novembre dernier, le
ministre de l'intérieur indiquait que la nouvelle liste des communes rurales et
urbaines avait été établie au sein de chaque département, que les résultats
étaient en cours d'examen au ministère de l'agriculture et qu'ils seraient
soumis au prochain conseil consultatif du FNDAE à la fin du mois de novembre
2002. Mais, tout récemment, nous avons appris par le préfet de Savoie que la
procédure de révision était suspendue.
Ma question pourrait s'arrêter là,
mais je ne résiste pas, monsieur le président, à la tentation d'un bref rappel
historique. Nous avons entrepris les premières démarches pour le reclassement de
certaines communes en mai 1996, auprès de M. Perben, alors ministre de la
fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Le
12 juin 1996, M. Gaudin, alors ministre de l'aménagement du territoire,
nous disait se concerter avec M. Perben.
Le 26 juillet 1996, M.
Dominique Perben nous indiquait qu'il avait besoin du concours de
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture. (Rires.)
Le 5 mars 1997, M.
Vasseur nous annonçait qu'il donnait une suite favorable à la demande de
déclassement de la commune de La Rochette de la liste des communes urbaines.
Le 8 avril 1997, on nous
précisait qu'un décret serait pris prochainement dans ce sens. Mais, pas de
chance, la dissolution est intervenue... Néanmoins, en septembre 1997, la DGCL
nous écrivait que le décret était à la signature. Mais le
4 septembre 1998, la commune de La Rochette recevait du préfet de
Savoie un refus de classement en commune rurale.
Le 19 octobre 1998, Louis
Le Pensec, ministre de l'agriculture, indiquait que l'initiative de la
réactualisation de la liste des communes rurales éligibles au FNDAE incombait au
ministre de l'intérieur.
Le
29 novembre 1999 - je passe certaines étapes ! (Rires) - une réponse du Gouvernement à une
question écrite à Nicole Feidt indiquait que, pour les communes de 2 000
à 5 000 habitants, le classement était effectué au cas par cas, en
fonction de la situation économique, financière et démographique de la
commune.
Le
31 mai 2000, Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur, était
saisi, et en juin 2000 nous recevions une réponse d'attente. Puis, le
23 août 2000, il assurait que la révision du classement des communes
était toujours à l'étude au sein du ministère de l'agriculture.
Le 25 septembre 2000,
Jean Glavany annonçait que la nouvelle liste des communes urbaines et rurales
devait être élaborée pour l'année 2002.
Aujourd'hui, où en sommes-nous ? Le
FNDAE n'est pas seul concerné. Beaucoup de subventions des régions et des
départements sont calées sur le classement en commune rurale ou urbaine. Cela a
également une incidence sur l'éligibilité à certains fonds européens.
Monsieur le ministre, nous
souhaiterions être rassurés. Ces anomalies étonnantes de classement vont-elles
enfin être corrigées ?
M. le président.
M. le ministre délégué aux libertés locales va se concerter facilement avec
le ministre de l'agriculture (Sourires) et vous
répondre tout de suite.
M. Patrick Devedjian, ministre délégué aux libertés locales.
Monsieur Bouvard, vous avez parfaitement raison : le tableau que vous dressez
est courtelinesque. Et c'est précisément pour mettre fin au ping-pong entre
ministres...
M. Michel Bouvard. Enfin
!
M. le ministre délégué aux libertés
locales. ... que j'ai demandé à Hervé Gaymard, qui n'est pas
indifférent au problème que vous posez, d'ajouter quelques mots après mon
intervention, si le président le permet.
La classification des communes en
commune rurale ou urbaine a effectivement un impact sur l'octroi de certaines
dotations ou subventions de l'Etat aux collectivités locales. Il en est ainsi
tout particulièrement des attributions du Fonds national pour le développement
des adductions d'eau, le FNDAE, géré par le ministère de l'agriculture, qui a,
pour cette raison, en charge ladite classification. Je ne suis pas en train de
botter en touche...
M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de
la pêche et des affaires rurales. Un peu, tout de même ! (Sourires.)
M. le ministre délégué aux libertés
locales. ... la DGCL ayant également sa responsabilité éternelle dans
l'établissement de la liste.
La
liste des communes rurales, qui figure en annexe VIII du code général des
collectivités territoriales, n'a toutefois fait l'objet que d'adaptations
ponctuelles depuis 1966, date de son établissement. Afin de tenir compte des
fortes variations de population intervenues depuis cette date, la révision de la
liste des communes rurales a été lancée en décembre 2001, après avis favorable
du ministère de l'intérieur et du comité consultatif du FNDAE. La responsabilité
du ministère de l'intérieur est donc évidemment engagée puisqu'il doit donner un
avis conforme.
Le comité a
retenu les critères de révision suivants : serait à l'avenir considérée comme
rurale toute commune de moins de 2 000 habitants ainsi que toute commune de
2 000 à 5 000 habitants ne relevant pas d'une unité urbaine au sens de la
codification de l'INSEE.
Une
nouvelle liste des communes rurales, déterminée selon les critères retenus par
le comité, a été établie au sein de chaque département par le préfet et
communiquée, pour avis, au président du conseil général. Je pense qu'elle vous a
été fournie, monsieur le député.
M. Michel Bouvard. Tout à
fait !
M. le ministre délégué aux libertés
locales. Les résultats ont été centralisés et traités par le ministère
de l'agriculture. Cependant, par une lettre-circulaire en date du
4 février 2003, ce ministère a informé les préfets de la suspension de
la procédure de révision de la liste des communes rurales, en raison de la
suppression de la contribution du Pari mutuel urbain au FNDAE, d'une part,...
M.
Michel Bouvard. On voit bien le lien ! (Sourires.)
M. le ministre délégué aux libertés
locales. ... et des travaux en cours concernant la décentralisation,
d'autre part. Sur ce dernier point, je crois que les choses peuvent s'arranger
facilement.
L'intérêt qui
s'attache à une révision de la liste des communes rurales est très fort dans la
mesure où cette classification est susceptible d'être utilisée pour orienter
certaines politiques publiques en faveur des communes rurales. Il m'apparaît
donc important, à ce stade, de reprendre rapidement notre chemin, et je sais
que, avec Hervé Gaymard, nous allons y parvenir.
M. le président. La parole
est à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et
des affaires rurales.
M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de
la pêche et des affaires rurales. Monsieur le député, je déplore pour les
mêmes raisons que vous la situation ubuesque que vous venez de décrire. Je
souhaite naturellement sortir enfin de ce feuilleton sur le reclassement des
communes urbaines et rurales qui n'amuse personne, et surtout pas les maires
qui, très légitimement, en ont assez que cette affaire traîne depuis tant
d'années.
Patrick Devedjian a
rappelé ce qui s'est passé au printemps, à la suite de la décision prise à
l'occasion de la loi de finances pour 2003, à savoir une affectation différente
des recettes du PMU, ce qui n'est pas sans lien avec le FNDAE et avec le
contexte général de préparation des lois de décentralisation.
Le ministère de l'agriculture et
son ministre ont la volonté d'aller très vite pour sortir enfin de ces
atermoiements. C'est pourquoi, en liaison avec le ministère de l'intérieur, nous
allons faire diligence dans les prochaines semaines pour que cette affaire soit
définitivement réglée.
Telles
sont, monsieur le président, les quelques observations que je tenais à formuler,
en vous remerciant de m'avoir donné la parole.
M. le président. Monsieur
Bouvard, êtes-vous satisfait de ces réponses ?
M. Michel Bouvard.
Monsieur le président, j'enregistre avec satisfaction la volonté des ministres
de considérer que la carte démographique de la France de 2003 n'est plus celle
de 1966. C'est assez rassurant.
Toutefois, même si je vois bien le
lien entre le FNDAE et le PMU, j'ai du mal à comprendre que les recettes du PMU
aient une incidence sur le classement d'une commune en tant que commune rurale
ou urbaine. Qu'il y ait une incidence sur le FNDAE, je n'en doute pas. Il n'en
reste pas moins que la dépense ne doit pas être liée au fait que l'on ait tant
de communes rurales ou tant de communes urbaines. La classification en commune
rurale ou urbaine relève d'un constat et Patrick Devedjian a excellemment
rappelé les critères de l'INSEE qui permettent de dresser la liste.
Je souhaite donc que l'on n'attende
pas l'adoption de la dernière loi de décentralisation pour achever la révision
de la liste, et je remercie les ministres pour leur engagement.