AIDES DE L'ÉTAT AUX MAISONS
FAMILIALES RURALES
M. le président. La
parole est à M. François Rochebloine, pour exposer sa question,
n° 454, relative aux aides de l'Etat aux maisons familiales rurales.
M. François
Rochebloine. Monsieur le ministre de l'agriculture, de l'alimentation,
de la pêche et des affaires rurales, dans le débat sur l'éducation que le
Gouvernement a pris l'initiative de lancer, la recherche de méthodes
pédagogiques innovantes tient une place prépondérante. Les chiffres parlent
d'eux-mêmes, la formation alternée fait partie des méthodes qui réussissent. Il
convient donc de soutenir les établissements qui la pratiquent. C'est une
conviction que je partage avec de nombreux collègues appartenant à tous les
groupes politiques de notre assemblée.
Les premières mesures prises par le
Gouvernement allaient dans ce sens. Il a adopté, dans les négociations avec
l'enseignement agricole privé, une attitude de compromis positif qui tranchait
avec le passé. Mais voici que le ciel s'assombrit. Vous aviez souhaité, monsieur
le ministre, tirer au clair les causes de l'application imparfaite de la loi
Rocard de 1984 sur l'enseignement agricole privé. Un groupe de travail mixte,
administration-enseignement privé par alternance, s'est réuni. Nous attendons
toujours que ses conclusions soient rendues publiques. Ne révéleraient-elles pas
les ficelles qui ont permis des années durant aux services de la DGER, la
direction générale de l'enseignement et de la recherche, de contourner la loi ?
Etes-vous disposé, monsieur le ministre, à publier ces conclusions ?
Mais il y a plus préoccupant encore.
Le succès des formations en alternance, notamment celles qui sont dispensées par
les maisons familiales rurales, ne s'est pas démenti, et ce n'est pas vous,
monsieur le ministre, un Rhônalpin, qui me démentirez, étant donné l'importance
et le dynamisme des MFR en Rhône-Alpes. On parle d'une augmentation de 2,4 % des
effectifs. C'est l'expression du choix positif des familles pour une filière qui
réussit dans un système éducatif à bien des égards en crise. Mais, alors qu'il
conviendrait de tirer les leçons politiques et pédagogiques de ce choix
spontané, vos services, monsieur le ministre, n'y semblent pas prêts. Ils ont
interdit aux directions régionales de procéder à la signature des avenants qui
permettaient de prendre en compte les variations d'effectifs entre
établissements, si bien que, aujourd'hui, le système est complètement bloqué.
Ainsi, sur l'ensemble du territoire, 1 900 places ne sont pas
subventionnées, alors que les effectifs globaux du réseau MFR sont inférieurs de
200 unités au nombre d'élèves dont le financement est inscrit au
budget 2003.
Votre
intervention lors de la dernière assemblée générale des MFR à Dijon avait été
saluée, elle avait marqué un retour à la confiance. Aujourd'hui, il faut le
dire, les échos que je recueille sont marqués de morosité, voire d'une certaine
inquiétude. Que comptez-vous faire, monsieur le ministre, pour que les
établissements de formation alternée remplissent, dans le cadre de la loi
actuelle, la mission d'enseignement que leur ont confiée de nombreuses familles
en France ?
M. le président. La
parole est à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la
pêche et des affaires rurales.
M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de
la pêche et des affaires rurales. Monsieur le député François Rochebloine,
je vous remercie d'appeler notre attention sur la situation des maisons
familiales rurales, auxquelles vous êtes, chacun le sait, très attaché, comme
tous les députés, compte tenu de l'importance et de la spécificité de ce mode
d'enseignement.
M. François
Rochebloine. Absolument !
M. le ministre de
l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales.
Celui-ci reste d'ailleurs trop méconnu, quoiqu'il constitue, comme vous l'avez
dit, un exemple dont on pourrait s'inspirer dans le grand débat actuel sur
l'école, vous m'en voyez persuadé.
M. François
Rochebloine. Très bien !
M. le ministre de
l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales.
A propos de la subvention de fonctionnement aux « établissements du rythme
approprié », comme on les appelle dans le jargon administratif, je tiens bien
évidemment à ce que les dispositions législatives et réglementaires soient
pleinement appliquées, comme elles le sont désormais dans l'enseignement à temps
plein.
De ce point de vue, je
regrette que, depuis deux ans, la revalorisation annuelle du coût du formateur
n'ait pu être réalisée. Je vous rappelle que j'ai obtenu, en 2003, une
revalorisation substantielle du coût du formateur, comme je m'y étais engagé
lors de l'assemblée générale de Maisons familiales rurales, en avril dernier, à
Dijon. Comme vous le savez, et comme vous le comprenez, cette revalorisation ne
peut toutefois s'incrire que dans le cadre d'une réflexion plus globale sur les
modalités de financement de l'enseignement privé et sur le contrôle des
effectifs déclarés, dans une période particulièrement difficile sur le plan des
ressources budgétaires.
A propos
des effectifs d'élèves, je tiens à vous rassurer : rien ne sera fait, bien
évidemment, qui viserait à remettre en cause la spécificité de l'enseignement
privé par alternance. Il s'agit au contraire de maintenir la dynamique de notre
enseignement en recherchant ensemble les moyens de parvenir à une gestion
optimale des crédits et des effectifs d'élèves.
Par ailleurs, la préservation des
crédits pour 2004 permettra de consolider la revalorisation mais aussi
d'affirmer la contribution pleine et entière de l'enseignement privé par
alternance au service public d'enseignement et de formation agricole en dotant
ses établissements des moyens nécessaires à l'accomplissement de l'ensemble des
missions que lui assigne la loi, comme vous l'avez rappelé, monsieur le
député.
Dans votre question, vous
avez évoqué la publication des conclusions du groupe de travail. Vous savez,
j'ai l'habitude da travaille dans le transparence et avec sincérité, et il n'y a
donc aucune raison pour qu'elles ne soient pas publiées dès que possible ; elles
le seront, j'en prends l'engagement ici. Au demeurant, il n'a jamais été dans
mon intention de ne pas les publier, car j'estime que tout le monde a intérêt à
ce que les termes du débat soient posés en toute clarté, en toute
transparence.
Je ferai une
dernière remarque, monsieur le député, si vous le permettez, puisque vous avez
souligné la spécificité de cet enseignement et ce que son exemple peut inspirer
dans d'autres domaines de la formation.
Il doit être bien clair, et je l'ai
rappelé la semaine dernière aux organisations syndicales de l'enseignement
public et de l'enseignement privé agricole, que ce secteur relève et continuera
de relever du ministère de l'agriculture.
M. François Rochebloine.
Vous me rassurez !
M. le ministre de l'agriculture, de
l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales. Mais, en termes de
procédure budgétaire - je m'adresse là au parlementaire particulièrement
attentif aux questions financières -, l'absence d'enveloppe éducation globale,
l'absence d'approche intégrée, contrairement à ce qui se fait pour la recherche,
entraîne une segmentation entre ministères. Pour la formation technique, pour
l'enseignement professionnel, ce n'est pas sans poser des problèmes.
Vous le savez, en France,
l'enseignement agricole représente, selon les secteurs, entre un quart et un
cinquième de l'enseignement professionnel. Après quinze mois d'expérience dans
ce ministère, je regrette, pour ma part, l'absence d'approche budgétaire globale
de l'effort de la nation en faveur de l'enseignement professionnel, nonobstant
nos bonnes relations avec le ministère de l'éducation, avec lequel nous
travaillons, avec lequel nous agissons sur le terrain, notamment pour
l'orientation des élèves.
Le
débat sur l'école sera peut-être aussi l'occasion d'avancer pour donner des
moyens complémentaires à l'enseignement agricole, en particulier à cet
enseignement spécifique par alternance.
M. le président. La parole
est à M. François Rochebloine.
M. François Rochebloine.
Monsieur le ministre, je connais votre souci de transparence ainsi que votre
attachement à cette formation, et je ne me permettrai certainement pas de les
mettre en doute.
Je vous remercie
des précisions que vous venez d'apporter concernant la publication des
conclusions du groupe de travail. Je souhaite qu'elles soient connues assez
rapidement, dans la mesure où certains bruits font actuellement état d'une
baisse importante de la revalorisation substantielle du coût du formateur que
vous avez effectivement obtenue. Des efforts restent sans doute à faire et, quoi
qu'il en soit, il serait intéressant de connaître les conclusions du groupe de
travail.
En ce qui concerne les
effectifs, je le répète, monsieur le ministre, je souhaiterais simplement que
les directions régionales n'interdisent plus la signature d'avenants. En effet,
depuis trois ans, certains ajustements ont été bloqués, et il en a résulté des
situations très différentes selon les régions : certaines d'entre elles avaient
des marges importantes, l'effectif réel étant inférieur à l'effectif «
finançable » ; d'autres n'avaient aucune marge, l'effectif réel étant égal à
l'effectif « finançable » ; d'autres, enfin, avaient des marges négatives,
l'effectif réel étant supérieur à l'effectif « finançable ». Cette année, le
système s'est rigidifié, comme je viens de vous l'indiquer. Je souhaiterais que,
dans ce domaine, vous puissiez prendre des décisions permettant aux directions
régionales de faire évoluer la situation de manière harmonisée sur l'ensemble du
territoire français. Mais je vous remercie déjà des précisions que vous nous
avez apportées.