SITUATION DE LA FILIÈRE OVINE
M. le président. La
parole est à M. Pierre Forgues, pour exposer sa question, n° 456, relative
à la situation de la filière ovine.
M. Pierre Forgues.
Monsieur le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des
affaires rurales, comme vous le savez, la filière ovine française s'est engagée,
depuis 2002, dans un vaste programme de relance de la production, au travers de
la charte interprofessionnelle de relance de la production ovine, charte
nationale déclinée dans chaque région.
La production ovine française ne
couvre que 40 % des besoins de consommation et cet élevage participe à
l'entretien des espaces en zone de montagne et au maintien d'une population
agricole dans ces territoires difficiles. Cependant, les conditions climatiques
y nécessitent d'importants investissements en bâtiments d'élevage : les
fumières, par exemple, doivent être couvertes, le temps de pacage est réduit,
sans oublier les règles d'urbanisme qui imposent des toits en ardoise.
Or, en 2003, les financements de
l'OFIVAL pour cette action, dans le cadre du XIIe contrat de Plan, ont été
fortement réduits. Ainsi, la dotation de l'office a été évaluée, pour la région
Midi-Pyrénées, à 460 900 euros, alors que les crédits nécessaires pour les
investissements programmés étaient estimés à 2 millions d'euros. De
nombreux éleveurs ayant élaboré des projets de construction de bâtiments
d'élevage ne pourront donc les mener à bien, faute d'aides : 800 dossiers
sont actuellement bloqués.
Cette
réduction budgétaire constitue un frein au maintien et au développement de la
production ovine française. Que comptez-vous faire, monsieur le ministre, pour
redonner confiance et dynamisme à cette filière, très souvent oubliée dans la
définition des grandes politiques, il faut bien l'avouer ? Je vous demande de
rassurer les éleveurs d'ovins, car il est indispensable de relancer le secteur
dans notre pays, compte tenu de l'insuffisance de notre production et aussi de
l'importance qu'il revêt en matière d'aménagement du territoire.
M. le président. La
parole est à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la
pêche et des affaires rurales.
M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la
pêche et des affaires rurales. Monsieur le député Pierre Forgues, je partage
bien évidemment votre intérêt pour l'élevage ovin français et votre
préoccupation. On ne peut en effet rester indifférent à la baisse régulière de
la production nationale, qui ne couvre plus que 40 % des besoins, vous
l'avez rappelé, ni au rôle particulièrement important de cette spécialisation
dans les zones les plus difficiles de nos départements, où elle constitue le
dernier rempart contre la désertification. Il importe donc de préserver les
fonctions que l'élevage ovin et caprin assure en matière économique, mais
également territoriale, sociale ou environnementale - l'élevage ovin
offrant par ailleurs des opportunités d'installation appréciables pour les
jeunes.
Comme vous le savez, le
ministère de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires
rurales participe, comme les autres départements ministériels, à l'effort de
maîtrise des finances publiques. Des réserves de précaution ont ainsi été
constituées en début d'année pour contenir le déficit public tout en faisant
face aux dépenses imprévues, après le « gel républicain » pratiqué l'année
dernière et sous d'autres gouvernements.
C'est pourquoi, pour 2003, les
actions contractualisées, au même titre que les autres actions menées par les
offices, ont été réexaminées, en cherchant à préserver le socle des mesures
pouvant être financées dans ce cadre. Afin d'assurer au mieux la répartition des
crédits disponibles, j'ai demandé à mes services et aux offices d'engager, en
concertation étroite avec les organisations professionnelles, une réflexion sur
l'ensemble de ces actions.
A ce
stade, tous les arbitrages ne sont pas achevés pour la fin de la
gestion 2003. Si j'obtenais satisfaction dans ces arbitrages, je puis vous
assurer que, concernant les crédits de l'OFIVAL, je préserverais en priorité les
bâtiments destinés aux veaux et ovins, précisément pour les raisons que vous
avez évoquées.
J'ai également
tenu à ce que les autres actions bénéficiant à l'élevage ovin puissent être
renforcées, notamment celles que mon ministère met en oeuvre, avec le concours
du budget européen, dans le cadre du développement rural.
Ainsi, afin que les éleveurs des
zones défavorisées puissent bénéficier d'un soutien plus efficace, les
indemnités compensatoires de handicaps naturels sont majorées pour les élevages
dans lesquels les ovins représentent au moins 50 % du troupeau et où les
animaux pâturent quotidiennement pendant la période estivale. La majoration est
alors de 30 % pour les élevages situés en zone de piémont et défavorisée
simple et de 10 % en zone de montagne et de haute montagne - le niveau
indemnitaire de base étant, pour les zones de montagne et haute montagne, très
nettement supérieur à celui pratiqué pour les autres zones. Je précise
que 80 % des élevages ovins se trouvent dans les zones défavorisées et
bénéficient donc de l'indemnité compensatoire de handicaps naturels.
Dans ce secteur, l'installation est
également particulièrement soutenue. En effet, la dotation jeunes agriculteurs
est versée à son taux maximum pour ceux qui choisissent l'élevage ovin, soit 17
300 euros en zone de plaine, 22 400 euros en zone défavorisée simple
et 35 900 euros en zone de montagne.
De plus, j'ai mis en place la prime
herbagère agro-environnementale, destinée à soutenir les élevages menés selon un
mode extensif. Cette mesure, dotée de moyens significatifs, bénéficie pleinement
aux élevages ovins.
Je rappelle
en outre que, dans le cadre du plan d'urgence en faveur des exploitations
touchées par la sécheresse, j'ai demandé à la Commission européenne, et obtenu,
que les aides communautaires puissent être versées de manière anticipée. Ainsi,
la prime à la brebis et à la chèvre, tout comme la prime supplémentaire allouée
aux éleveurs d'ovins des zones défavorisées, ont été versées le
16 septembre, soit un mois avant la date réglementaire.
Je souhaite également mettre
l'accent sur l'avancée obtenue lors de la négociation de la révision à
mi-parcours de la politique agricole commune : afin d'encourager le maintien de
la production ovine, les primes communautaires dont bénéficient les
exploitations ovines et caprines pourront rester couplées, dans la limite de 50
% de leur montant actuel. La profession y était très attachée.
La production ovine est une
production de qualité qui bénéficie de débouchés valorisants. Nous continuerons
à accompagner le dynamisme de cette filière, dont les éleveurs ont choisi un
slogan que je fais mien : « L'agneau, on y croit ! » La question de la
consommation d'agneau est extrêmement importante. L'examen de l'évolution de la
structure de la consommation des produits carnés fait apparaître que l'agneau,
depuis vingt ans, a perdu un peu de son attraction au profit des autres
viandes rouges et des viandes blanches. C'est pourquoi la démarche entreprise
par les producteurs va dans le bon sens : il faut rééduquer nos concitoyens au
goût de l'agneau de qualité ; en pleine semaine du goût, c'est l'occasion de le
répéter.
M. le président. La
parole est à M. Pierre Forgues.
M. Pierre Forgues. Je
vous remercie, monsieur le ministre, de votre réponse et de votre engagement.
J'enregistre que les crédits en faveur des bâtiments d'élevage restent votre
priorité. J'espère que vous aurez suffisamment de conviction pour être écouté
par le ministère des finances.
M. le ministre de
l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales.
Moi aussi !