DESSERTE AÉRIENNE DES DÉPARTEMENTS
D'OUTRE-MER
M. le président. La
parole est à M. Christian Philip, pour exposer sa question, n° 46,
relative à la desserte aérienne des départements d'outre-mer.
M. Christian Philip.
Madame la ministre de l'outre-mer, les nombreux « domiens » résidant en
métropole, par exemple dans l'agglomération lyonnaise, que j'ai l'honneur de
représenter, de même que les métropolitains résidant dans un DOM ou un TOM sont
sensibles aux conditions et au coût du transport aérien. L'avion, c'est le lien
entre leur lieu de vie et leur famille. Or la situation actuelle pose un vrai
problème : Air France a de moins en moins de concurrence, ce qui conduit à des
tarifs jugés trop élevés et, souvent, à des capacités de transport insuffisants.
Cette situation ne date pas d'aujourd'hui. Seulement, au cours des dernières
années, rien de très concret n'a été décidé. Aussi souhaiterais-je savoir ce que
le Gouvernement entend faire pour y remédier.
L'argument selon lequel le droit
européen interdirait certains types d'aide ne tient pas : l'Union européenne,
sur la base de la spécificité des régions dites ultrapériphériques, donne aux
Etats membres les moyens de faire face à une telle situation, qui risque de
mettre en cause le fonctionnement même du marché intérieur et le principe de la
continuité de la République.
La
création, cet été, du passeport mobilité pour les jeunes de 18 à 30 ans
étudiant en métropole est une mesure concrète et importante. Mais, au-delà, le
Gouvernement compte-t-il prendre des initiatives pour aider à créer une
compagnie spécialisée dans la desserte de l'outre-mer ou du moins établir une
véritable concurrence ? Serait-il possible, à l'image de ce que font l'Espagne
et le Portugal, pour les Açores, Madère et les Canaries, d'imaginer une aide
publique directe permettant de réduire le coût des billets d'avion ?
M. le président. La
parole est à Mme la ministre de l'outre-mer.
Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer. Monsieur le député,
je sais que dans votre région nombre de nos concitoyens originaires de nos
départements et territoires d'outre-mer sont impatients de voir enfin donner un
contenu concret à la notion de continuité territoriale entre l'outre-mer et la
métropole.
Le Président de la
République s'est engagé, au cours de la campagne et de ses déplacements
outre-mer, à mener une véritable politique de continuité territoriale, et le
Gouvernement a commencé à agir sur ce plan. Vous l'avez rappelé, nous avons mis
en place, depuis le 1er juillet pour les étudiants et depuis le
1er septembre pour les jeunes en formation, le passeport mobilité, qui
permet la prise en charge totale du coût du transport des jeunes d'outre-mer
souhaitant aller en métropole ou dans une autre collectivité d'outre-mer pour
suivre des études ou une formation qui ne sont pas dispensées dans leur
collectivité d'origine. Ce passeport mobilité est aussi destiné aux jeunes qui
obtiennent un premier emploi en métropole. Cette mesure très attendue donne
pleinement satisfaction depuis sa mise en oeuvre.
Le souhait du Gouvernement est bien
sûr d'aller au-delà et de développer une véritable concurrence dans le transport
aérien vers l'outre-mer. Vous l'avez fort justement remarqué, la situation de
monopole de fait dont bénéficie Air France pour la desserte de la Guyane et la
situation de quasi-monopole dont elle bénéficie pour les Antilles et la Réunion
n'est absolument pas satisfaisante. Une bonne desserte de l'outre-mer passe en
effet par la variété de l'offre de transport. Nous étudions actuellement
plusieurs pistes qui permettraient d'améliorer l'offre, en quantité comme en
qualité. C'est dans ce cadre qu'a été évoquée à plusieurs reprises la création
d'une compagnie dédiée à l'outre-mer, à laquelle je suis pour ma part tout à
fait favorable. S'il n'appartient pas au Gouvernement de créer une compagnie
aérienne, c'est toutefois son rôle de créer les conditions pour qu'une telle
compagnie puisse voir le jour.
Vous l'avez souligné, le ciel
européen est ouvert et, pour que la concurrence se développe, il faut qu'elle
soit stimulée. C'est pourquoi je propose, dans le projet de loi de programme sur
quinze ans que je présenterai prochainement au Parlement, un certain nombre
de mesures. Je ne peux pas en donner le détail, car elles sont encore à
l'arbitrage du Premier ministre, mais je peux en préciser l'objectif : d'une
part, permettre aux compagnies aériennes de consolider leurs conditions
d'exploitation sur les lignes desservant l'outre-mer ; d'autre part, mettre en
place un dispositif d'allégement du coût du transport analogue à celui que
l'Espagne et le Portugal ont institué pour leurs régions ultrapériphériques, en
partenariat avec les collectivités locales concernées et avec le soutien des
fonds européens.
J'aurai
l'occasion de vous donner de plus amples précisions sur tous ces points. Nous
souhaitons créer les conditions d'un bon environnement commercial pour les
compagnies qui desservent l'outre-mer ; les mesures qui s'inscrivent dans la loi
de programme que je prépare iront dans ce sens.
Vous le voyez, monsieur le député,
la volonté du Gouvernement est réelle. Elle répond à une attente très forte de
nos concitoyens d'outre-mer, qu'ils vivent dans nos collectivités d'outre-mer ou
en métropole.