DEBAT :
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MOUVEMENTS SOCIAUX
M. le président. La
parole est à M. Gilbert Biessy, pour le groupe des député-e-s communistes et républicains.
M. Gilbert Biessy. Monsieur le Premier ministre, face à votre politique qui ne garantit que les intérêts du capitalisme, de la finance et du MEDEF (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française), un front de résistance se forme dans notre pays.
Hier, enseignants et parents d'élèves ont exprimé leur colère et leur inquiétude devant votre projet de loi sur les assistants d'éducation, qui pose les jalons de la casse des principes fondamentaux de l'éducation nationale. (Exclamations sur les mêmes bancs.) Ils ont protesté contre la suppression des surveillants dans les établissements scolaires et contre votre projet de décentralisation, qui compromet l'égalité des chances et de traitement en matière d'éducation et de formation.
Hier, les cheminots se sont mobilisés (« Ah ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire) pour défendre le service public ferroviaire et s'opposer à la libéralisation du fret, craignant que celle-ci n'ouvre la porte à un chemin de fer à l'anglaise.
Demain, d'autres se mobiliseront encore pour sauvegarder les acquis sociaux de notre système de retraite ou pour exiger une négociation salariale, notamment dans la fonction publique, où le ministre a refusé toute discussion sur ce sujet.
M. Maxime Gremetz. Et ils auront raison de se mobiliser !
M. Gilbert Biessy. Les salariés victimes des plans de licenciement, les personnes âgées et leurs familles ainsi que les associations concernées par la remise en cause de l'APA et le manque de moyens dans les maisons de retraite vont se mobiliser également.
M. Maxime Gremetz et M. Michel Lefait. Eh oui !
M. Gilbert Biessy. Toute cette mobilisation veut dénoncer une politique qui favorise les plus privilégiés, avec la réforme de l'ISF ou les cadeaux fiscaux aux entreprises, tout en détruisant l'emploi. Elle gèle les dépenses publiques, grève le pouvoir d'achat et altère l'unité de notre République. (« C'est faux ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)
M. Maxime Gremetz. C'est vrai !
M. Gilbert Biessy. C'est un carton rouge que vous ont adressé tous ces manifestants.
M. Lucien Degauchy. Rappelez-nous plutôt combien ont obtenu les communistes aux élections présidentielle et législatives !
M. le président. Monsieur Biessy, posez votre question, s'il vous plaît !
M. Gilbert Biessy. Je n'ai pas épuisé mes trois minutes, monsieur le président ! (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. C'est moi qui préside et je sais que vous avez dépassé votre temps de parole. Alors, posez immédiatement votre question !
M. Gilbert Biessy. L'augmentation du pouvoir d'achat, la lutte contre les licenciements, les patrons voyous (Huées sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire)...
M. le président. Quelle est votre question ?
M. Gilbert Biessy. Allez-vous enfin entendre ce mécontentement et ce grondement, monsieur le Premier ministre ? Allez-vous enfin prendre des décisions en faveur de la France d'en bas ? Ceux de la France d'en bas n'attendent pas de beaux discours ils veulent des actes concrets ! (Applaudissements sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
M. le président. Je n'aime pas beaucoup qu'on mette en cause ma neutralité ! Je veille à ce que chacun ait le même temps de parole, vous comme les autres. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. Gilbert Biessy. Non !
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité.
M. François Fillon, ministre des affaires sociales, du travail et de
la solidarité. Monsieur le député, je voudrais d'abord vous remercier d'avoir bien voulu souligner que le Gouvernement a entrepris des réformes profondes et difficiles. Mais je comprends que cela vous dérange, car c'est là un vrai changement.
M. Jacques Desallangre. Tu parles d'un changement !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Le Gouvernement et sa majorité ont pris la mesure des défis que notre pays doit relever : une mondialisation qui s'accélère, les contraintes de l'intégration européenne et de son élargissement, le vieillissement de la population, le risque de décrochage technologique, l'insécurité. Il était grand temps de remettre la France en mouvement et de gouverner avec réalisme.
M. Jacques Desallangre. C'est de la marche arrière !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. C'est d'ailleurs le message que nous ont adressé les Français il y a tout juste onze mois. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.) Ils nous ont demandé de prendre nos responsabilités et de réformer un Etat dont le coût n'est pas en rapport avec l'efficacité ! (Exclamations sur les mêmes bancs.) Ils nous ont demandé de leur rendre la sécurité, de sauver leurs retraites et de redonner de la valeur au travail, à l'effort et au mérite. Ils nous ont demandé de leur rendre la fierté d'être Français ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.) C'est ce que nous faisons,...
Mme Martine David. Mal !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. ... sous l'autorité du Président de la République et du Premier ministre.
Evidemment, monsieur le député, notre tâche serait plus facile si vous n'aviez pas plombé les comptes de la nation (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Vives protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains) et si vous n'aviez pas fait croire aux Français qu'on peut obtenir croissance et plein emploi sans effort, sans réforme, en un mot sans se retrousser les manches ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)
Oui, le Gouvernement écoute les protestations. (« Ah ! » sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.) Il dialogue avec les partenaires sociaux, comme hier soir lors de la table ronde sur l'emploi. Mais il est aussi très attentif à ce que le bruit de la rue ne l'empêche pas d'entendre la voix de la majorité des Français. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
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