DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES
DE TRANSPORT DANS LES HAUTES-ALPES
Mme la présidente. La
parole est à M. Joël Giraud, pour exposer sa question, n° 479.
M. Joël Giraud. Ma
question a trait à la place particulière que doit tenir le département des
Hautes-Alpes lors du prochain comité interministériel d'aménagement du
territoire, consacré aux infrastructures, qui aura lieu le 18 décembre.
En effet, le récent rapport de la
délégation à l'aménagement du territoire a permis de démontrer ce que les
habitants des Hautes-Alpes savent depuis longtemps : ce département est le plus
enclavé de France, le seul à cumuler tous les handicaps d'accessibilité, qu'elle
soit autoroutière, aérienne ou ferroviaire. Il est aussi le seul classé en
niveau IV d'inaccessibilité par la DATAR.
Face à ce constat, M. le
ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de l'aménagement du
territoire a demandé à M. Nicolas Jacquet, délégué à l'aménagement du
territoire, de recevoir l'ensemble des parlementaires hauts-alpins. A cette
occasion, nous nous sommes félicités du choix du tracé de l'autoroute A 51 entre
Grenoble et Sisteron, tout en soulignant la nécessité d'accélérer, tant du point
de vue juridique que matériel, la réalisation du tronçon La Saulce-La
Bâtie-Neuve, qui a sa logique propre et dont la solvabilisation est assurée : il
donnera accès à l'Italie, à l'Embrunais et au Briançonnais, c'est-à-dire aux
secteurs à plus haute valeur ajoutée touristique du massif sud-alpin.
De même, il nous est apparu opportun
d'insister sur la nécessité de ne pas retarder les projets routiers prévus au
contrat de plan Etat-région, et notamment ceux qui concernent la desserte de
l'Italie. Ils peuvent être achevés avant les jeux Olympiques d'hiver de 2006 qui
se tiendront à quinze kilomètres seulement de Briançon. En effet, la ville de
Briançon sera plus proche des sites olympiques des Jeux d'hiver que ne l'était,
en son temps, Albertville, des stations accueillant les épreuves reines des
Jeux. L'ensemble de la région fournira des sites d'entraînement, mais aussi des
bases de repli en cas de problème d'enneigement. Autant dire que 2006 marquera
les premiers jeux Olympiques transfrontaliers.
Pourtant, et au contraire de ce qui
s'était passé en Savoie, aucun plan d'envergure relatif aux infrastructures n'a
été lancé, et certaines d'entre elles ont même fait l'objet d'un gel de crédits
obérant leur mise en service pour cette échéance. C'est pourquoi il faut tout
mettre en oeuvre pour que les chantiers majeurs que sont la traversée
souterraine de Montgenèvre, à la frontière franco-italienne, l'aménagement des
traversées de Briançon et de l'Argentière-la-Bessée, celui des ronds-points et
carrefours prévus au contrat de plan sur les nationales N 94 Gap-Italie, N 85
Grenoble-Gap et N 91 Grenoble-Briançon, soient achevés en 2006. Dans le même
temps, il faudrait aussi que la déviation de la ville d'Embrun et celle de la
commune de La Roche-de-Rame soient largement avancées.
Cela étant, il nous semble avant
tout indispensable que le prochain CIADT prenne des mesures significatives sur
le plan du désenclavement ferroviaire des Hautes-Alpes.
En effet, 80 % de l'économie
des Hautes-Alpes étant touristique, c'est cet enclavement qui lui porte le plus
préjudice, d'autant que le mode quasi exclusif d'accès - des trains de nuit
et onze heures de trajet de Paris à Briançon - est appelé à disparaître
d'ici cinq à dix ans.
C'est
pourquoi, au nom de l'ensemble des parlementaires des Hautes-Alpes qui ont écrit
à M. le ministre de l'équipement en ce sens, je souhaite que le CIADT du
18 décembre aborde la desserte ferroviaire des Hautes-Alpes, avec une
double perspective : d'une part, améliorer la desserte d'ici aux jeux Olympiques
de Turin en 2006 ; d'autre part, lancer l'étude du tunnel ferroviaire sous le
Montgenèvre du point de vue du trafic de voyageurs - qui n'a jusqu'alors
jamais été envisagé -, conformément aux décisions du sommet franco-italien
de Périgueux de novembre 2001 où la volonté de M. le Président de la
République s'était clairement exprimée. Cet itinéraire permettrait également
d'acheminer, en complément du Lyon-Turin, des marchandises, notamment entre le
Port autonome de Marseille et Turin ou Milan. S'agissant du trafic de voyageurs,
je rappellerai seulement que le potentiel en lits touristiques des Hautes-Alpes,
allié à celui de la vallée de la Maurienne en Savoie et de la haute vallée de
Suse au Piémont, site des jeux Olympiques de 2006, est très supérieur à celui de
la vallée de la Tarentaise. Il garantit de ce fait la solvabilisation d'une
infrastructure appelée à être empruntée à la fois par des TGV en provenance de
Paris et du nord de l'Europe, par des trains classiques en provenance du hub ferroviaire de Lyon, mais aussi par des trains
pendulaires partant de Milan et Turin, capitales régionales à dimension
européenne les plus proches des Hautes-Alpes.
Aussi, comptons-nous sur le ministre
des transports et sur vous-même, monsieur le secrétaire d'Etat au tourisme, pour
que le CIADT du 18 décembre marque clairement la volonté du gouvernement de
la France de lancer le processus de rééquilibrage du territoire en faveur des
Hautes-Alpes, un département au dynamisme entravé par la médiocrité de ses
infrastructures.
Mme la présidente. La
parole est à M. le secrétaire d'Etat au tourisme.
M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme. Monsieur
le député, dans le souci d'un développement équilibré des territoires et
pour combler le déficit d'accessibilité de votre département, Gilles
de Robien a décidé, en accord avec le Premier ministre, de relancer le
projet d'autoroute A 51 selon le tracé déjà étudié par l'est de Gap. La
commission nationale du début public va donc être saisie d'ici à la fin de
l'année 2003.
Quant au volet
routier du contrat de plan, je vous confirme que, malgré la contrainte
budgétaire qui conduit à concentrer les crédits disponibles sur les travaux et à
limiter les opérations nouvelles, 1,4 million d'euros viendront à la fin de
l'année compléter une première dotation de 0,6 million d'euros effectuée en
juin, pour entreprendre les travaux de la déviation de Montgenèvre. Cet effort
sera poursuivi en 2004 en visant une mise en service pour les jeux
Olympiques d'hiver de Turin.
Le
projet de tunnel sous le Montgenèvre a d'ores et déjà été examiné dans le cadre
franco-italien par la commission intergouvernementale des Alpes du Sud.
Il ressort qu'un dossier de cette importance nécessite d'être globalement
mis en perspective, notamment sur le plan du trafic tant de voyageurs que de
marchandises, avec les études qui sont menées en parallèle sur le projet
Lyon-Turin. Sans participer au désenclavement des Hautes-Alpes, ce projet
constitue un élément déterminant pour les hypothèses d'évolution des flux de
transport entre les deux pays. De nouvelles études ou la réactualisation des
études existantes pourraient en conséquence être discutées dans un cadre
franco-italien, en liaison avec les principales collectivités intéressées.
Mme la présidente. La
parole est à M. Joël Giraud.
M. Joël Giraud.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je ne suis pas très satisfait de votre
réponse à propos du volet ferroviaire. Faut-il entendre que le CIADT du
18 décembre demandera des études complémentaires ou l'actualisation
d'études existantes de façon à arrêter une décision claire, précise et
définitive en ce qui concerne le tunnel ferroviaire sous le Montgenèvre ?
M. le secrétaire d'Etat au
tourisme. Je transmettrai votre observation à Gilles
de Robien.