FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 49651  de  M.   Rivière Jérôme ( Union pour un Mouvement Populaire - Alpes-Maritimes ) QE
Ministère interrogé :  recherche
Ministère attributaire :  recherche
Question publiée au JO le :  26/10/2004  page :  8286
Réponse publiée au JO le :  14/12/2004  page :  10069
Rubrique :  mer et littoral
Tête d'analyse :  énergie et carburants
Analyse :  méthane. recherches. bilan et perspectives
Texte de la QUESTION : M. Jérôme Rivière appelle l'attention de M. le ministre délégué à la recherche sur les projets d'exploitation de ressources gazières dans les fonds marins. En 2001, l'Ifremer participait pour la France au projet européen « Hydratech », qui devait développer des méthodes pour quantifier les hydrates de gaz contenu dans les fonds marins. Cette matière solide contient du méthane, qui constitue une ressource énergétique intéressante. Jusqu'au début d'octobre 2004 la mission « ZoNeCo » a mobilisé deux navires au large de la Nouvelle-Calédonie pour vérifier la présence ou non d'hydrates de gaz dans cette zone. La phase d'exploitation interviendra dès lors que les ressources auront été repérées. Il aimerait savoir s'il encourage les chercheurs français dans les différents projets qui ont pour but l'exploitation de cette ressource énergétique.
Texte de la REPONSE : Les recherches conduites depuis la découverte de réservoirs importants d'hydrates de gaz, il y a une vingtaine d'années, ont montré que ces composés constituaient une ressource potentielle d'énergie pour le futur, mais, surtout, jouaient un rôle majeur dans les changements climatiques globaux. Les hydrates de gaz (à 99 % hydrate de méthane) se forment à basse température, sous pression élevée, et leur présence est, de ce fait, limitée au bas des marges continentales et à certaines régions polaires ; ils se trouvent toujours à de très grandes profondeurs, dans les zones sédimentaires. Dans la zone économique exclusive (ZEE) française, le bassin de Fairway, situé entre la Nouvelle-Calédonie et l'Australie, apparaît potentiellement riche, selon les données collectées lors des onze campagnes ZoNeCo d'une part, et dans le cadre du programme international FAUST, d'autre part. Le projet européen Hydratech, qui se termine en 2004 et auquel participe l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER), avait pour objet le développement de méthodes sismiques en vue de déterminer la répartition des hydrates de gaz et de gaz libre dans les sédiments des marges continentales. Des recherches expérimentales et théoriques sont menées en France sur la formation et la déstabilisation des hydrates de gaz dans les sédiments marins (école des mines de Saint-Étienne, université de Pau et des pays de l'Adour, notamment). De faibles variations dans les conditions de température et de pression peuvent induire des variations majeures dans l'équilibre entre hydrates de gaz et gaz libre. Des injections massives de carbone, enrichi en carbone 12 dans la colonne d'eau, attestent de ce phénomène observé dans les périodes de réchauffement climatique brutal. La déstabilisation des hydrates de gaz, lorsqu'elle se produit dans les sédiments d'une pente continentale sous l'effet d'un gradient thermique ou d'une dépressurisation, engendre un risque majeur de glissement, avec ses conséquences en termes de tsunami, par exemple. Ce facteur de risque est, d'ailleurs, pris en compte dans l'exploitation des champs pétroliers de l'off-shore profond. Ces ressources, à explorer puis éventuellement à exploiter, dans des conditions géologiques et environnementales extrêmes, nécessitent donc une connaissance approfondie du géosystème et des environnements océaniques, ainsi que des études complexes sur l'impact de ces exploitations et sur les risques associés. La recherche publique française maintiendra son effort et continuera de participer au programme international IODP (International océanique drilling programme). En termes d'exploitation, l'approche est nécessairement hautement technologique, en réponse aux préoccupations industrielles. Quelques essais d'ingénierie sont menés sur le site de Mallick, au nord du Canada, mais l'exploitation des hydrates de gaz n'est pas envisagée avant plusieurs décennies (trente à cinquante ans). Elle sera, si elle est mise en oeuvre, probablement le fait de consortiums internationaux de l'industrie pétrolière et para-pétrolière spécialisée dans l'off-shore profond. La recherche publique continuera, comme elle le fait à présent, à collaborer, dans ses domaines de compétences, avec le secteur industriel concerné. La France sera notamment présente dans la « plate-forme technologique » envisagée par Bruxelles visant à établir l'agenda de recherche et développement pour les techniques d'exploration et de production des ressources énergétiques marines.
UMP 12 REP_PUB Provence-Alpes-Côte-d'Azur O