PRÉVENTION DE L'OSTÉOPOROSE
Mme la présidente. La
parole est à Mme Muriel Marland-Militello, pour exposer sa question,
n° 496, relative à la prévention de l'ostéoporose.
Mme Muriel
Marland-Militello. Je voudrais appeler l'attention du Gouvernement sur
les problèmes de la prévention de l'ostéoporose, qui est, actuellement, un enjeu
majeur de santé publique. En effet, environ un citoyen européen de plus de
50 ans sur huit souffre de fracture des vertèbres et, chez les personnes de
plus de 80 ans, une femme sur trois et un homme sur neuf se fracture la
hanche à cause de l'ostéoporose. C'est la raison pour laquelle a été annoncée,
dans le rapport annexé au projet de loi sur la politique de santé publique, une
réduction de 10 % de l'incidence des fractures de l'extrémité supérieure du
fémur liées à l'ostéoporose d'ici à 2008.
Or cet objectif ne peut être atteint
sans une politique de prévention efficace et un remboursement systématique des
dépistages et des traitements.
Nous regrettons qu'aucune campagne
ne soit actuellement menée en France pour sensibiliser la population aux dangers
qui pèsent sur chaque personne à partir de 50 ans, et qu'une vraie
formation spécifique des différents professionnels ne soit pas mise en oeuvre.
En particulier, il me semble urgent de lancer une campagne d'éducation auprès
des jeunes et de leurs familles, visant à expliquer pourquoi une bonne
alimentation et la pratique régulière d'une activité physique dès le plus jeune
âge permettent, en fortifiant très tôt l'ossature, de retarder, voire de
prévenir les souffrances liées aux premières manifestations de l'ostéoporose.
De plus, il est regrettable que les
examens de densitométrie, qui permettent le dépistage de cette affection, ne
soient pas remboursés et que les traitements médicamenteux antifracturaires ne
soient pas pris en charge avant la première fracture.
Nous sommes bien conscients que ces
mesures auront un coût financier à court terme. Mais, à moyen terme, elles
permettront de prévenir non seulement des souffrances inutiles, ce qui est déjà
beaucoup, mais également l'escalade du coût des soins. Car l'allongement de
l'espérance de vie et la forte natalité de l'après-guerre entraîneront une
augmentation dramatique du nombre de personnes souffrant de fractures
ostéoporotiques au cours des prochaines décennies.
C'est la raison pour laquelle je
demande quelles mesures le Gouvernement compte prendre pour renforcer la lutte
contre l'ostéoporose, compte tenu de l'urgence de la situation et de la gravité
du risque encouru par les malades déjà atteints comme par ceux qui pourraient
être touchés par cette maladie.
Mme la présidente. La
parole est à Mme la secrétaire d'Etat aux personnes handicapées.
Mme Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées.
Madame Marland-Militello, l'ostéoporose est une priorité de santé publique, en
raison tant de sa fréquence que de ses conséquences fracturaires. C'est pourquoi
plusieurs actions sont en cours, en vue de prévenir le risque et d'améliorer la
prise en charge de cette affection.
Le programme national Nutrition
santé, lancé en janvier 2001, contribue largement à la prévention de
l'ostéoporose. Un de ses objectifs est en effet d'augmenter la consommation de
calcium et de réduire la prévalence des déficiences en vitamine D.
Le guide alimentaire La Santé vient en mangeant, diffusé à deux millions
d'exemplaires auprès du public, donne des repères de consommation pour permettre
d'atteindre notamment l'objectif relatif au calcium. Deux cent mille
professionnels de santé ont reçu une version spécifique de ce guide pour les
aider à conseiller leurs patients. De plus, une brochure intitulée Prévention des fractures ostéoporiques a été éditée en
collaboration avec l'association française de lutte antirhumatismale, l'AFLAR.
Destinée aux professionnels de santé, cette brochure est disponible sur le site
internet du ministère.
D'autres
publications visent des publics particuliers : un guide pour les enfants et les
adolescents paraîtra en septembre 2004 et un guide orienté vers les
personnes âgées est prévu en 2005. Par ailleurs, au cours du premier
semestre de 2004, sera mise en oeuvre une grande campagne médiatique de
promotion de l'activité physique quotidienne. Enfin, une circulaire
interministérielle relative à la composition des repas servis en restauration
scolaire a été adressée aux recteurs en juin 2001. L'évaluation de sa mise
en oeuvre est prévue en 2004. Elle insiste notamment sur l'importance du calcium
dans l'alimentation.
En ce qui
concerne la prise en charge de l'ostéoporose par l'assurance maladie, la
commission de la nomenclature générale des actes professionnels-spécialistes du
11 décembre 2002 a donné un avis favorable à l'inscription de
l'ostéodensitométrie par absorptiométrie biphotonique à rayons X à la
nomenclature des actes professionnels, mais en subordonnant son remboursement à
des indications médicales, compte tenu des recommandations de l'ANAES. Or la
nomenclature générale des actes professionnels ne permet pas actuellement de
rembourser un acte dans la limite de certaines indications médicales.
L'article 34 du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour
2004 prévoit précisément de le permettre. C'est dans ce cadre que pourrait se
situer l'inscription de l'ostéodensitométrie, et c'est à cela que j'ai demandé à
mes services de travailler.
Les
traitements médicamenteux de l'ostéoporose sont actuellement pris en charge pour
les personnes présentant une ostéoporose avérée ou traitée par corticothérapie
au long cours. Une réflexion est en cours sur le remboursement des traitements
dans l'indication d'ostéoporose sans fracture et dans l'ostéopénie, avec, dans
les deux cas, des facteurs de risques. Par ailleurs les nouvelles
recommandations qui vont paraître sur le traitement substitutif hormonal de la
ménopause auront un impact sur la réflexion sur le traitement préventif de
l'ostéoporose.
Mme la présidente. La
parole est à Mme Muriel Marland-Militello.
Mme Muriel
Marland-Militello. Je vous remercie, madame la secrétaire d'Etat, de
cette réponse pleine d'espoir pour les personnes qui risquent d'être atteintes
de l'ostéoporose.
Je veux
cependant insister sur le fait que la sensibilisation du grand public pourraît
être améliorée à travers des actions menées sur les médias grand public, comme
la télévision et la radio. En effet, alors que les écrits ne sont pas forcément
lus par tout le monde, la télévision est beaucoup mieux perçue par le grand
public. Ce serait une bonne façon de prévenir les dangers de l'ostéoporose.