MESURES EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT
DE L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE
M. le président. La parole
est à M. Jean-Claude Viollet, pour exposer sa question, n° 503,
relative aux mesures en faveur du développement de l'agriculture biologique.
M.
Jean-Claude Viollet. Monsieur le secrétaire d'Etat à la réforme de
l'Etat, en juillet 2002, 114 producteurs, contre 50 en 1998, étaient
notifiés en agriculture biologique auprès de la direction départementale de
l'agriculture et de la forêt de la Charente, pour une surface de 5
070 hectares, contre 1 740 en 1998, couvrant l'ensemble des productions,
avec toutefois deux dominantes : l'élevage de bovins et d'ovins, et la
viticulture.
Cette évolution était
conforme au plan pluriannuel de développement de l'agriculture biologique,
initié par l'un des prédécesseurs du ministre de l'agriculture, Louis
Le Pensec, en 1998, et soutenu par un programme régional, PARC BIO, mis en
place par les associations bio et les chambres d'agriculture dans le cadre du
contrat de plan Etat-région Poitou-Charentes, dont l'objectif est de trente
conversions par an et par département.
Or l'ensemble de ce processus a été
bloqué pendant un an et demi, depuis l'arrêt brutal des CTE en août 2002.
Pour le seul département de la Charente, quinze dossiers de conversion ou
d'installation sont en souffrance, dont plusieurs concernent des productions
maraîchères, largement déficitaires.
Alors que chez la plupart de nos
voisins européens, le développement de l'agriculture biologique figure
explicitement parmi les objectifs agricoles majeurs et bénéficie de moyens
financiers importants, alors que des Ukrainiens étaient encore très récemment en
visite chez des agriculteurs bio charentais pour développer ce type de culture
dans leur pays, il m'apparaît urgent que le Gouvernement annonce clairement ce
qu'il entend faire pour poursuivre le développement de l'agriculture biologique,
qu'il s'agisse de conversion, d'installation, d'amélioration de système ou
d'extension de surface.
Plus
précisément, l'aide à la conversion sera-t-elle suffisante, notamment pour les
exploitants qui ont déjà conclu un CTE ? Peut-on envisager que les personnes qui
ont signé un CTE-conversion à l'agriculture biologique et qui ont déposé une
D-CAB, c'est-à-dire une déclaration d'intention à la direction départementale de
l'agriculture, pour convertir de nouvelles terres soient prioritaires, bien que
cela corresponde de fait à un avenant au CTE ? Un agriculteur bio déjà certifié
pourra-t-il s'engager dans un CAD d'amélioration de son système ou d'extension
de sa surface - appelé anciennement « CTE bio plus » - relevant
aujourd'hui du dispositif général ?
Autant de questions, et la liste
n'est pas exhaustive, que je souhaitais poser à M. le ministre de
l'agriculture, de l'alimentation. de la pêche et des affaires rurales et pour
lesquelles nous attendons des réponses rapides et précises. L'agriculture
biologique constitue l'une des réponses aux attentes de notre société,
puisqu'elle participe à l'aménagement et au développement durable de notre
territoire, notamment de notre espace rural, grâce à sa triple cohérence
économique, sociale et environnementale, et à son parti citoyen.
M. le
président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat à la réforme de
l'Etat.
M. le secrétaire d'Etat à la réforme
de l'Etat. Monsieur le député, je dois d'abord excuser
Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, qui ne pouvait être présent ce
matin.
Vous avez raison de
souligner - et les chiffres que vous citez pour votre département, la
Charente, sont tout à fait éclairants - l'importance de l'enjeu de
l'agriculture biologique pour la France et la nécessité de rattraper un retard
dans ce domaine. Cette agriculture correspond évidemment aux demandes des
consommateurs et permet, en misant sur la qualité et sur son caractère
biologique, de tirer toute la filière agricole vers le haut, notamment en
maximisant le potentiel exceptionnel de nos terroirs.
Vous avez évoqué l'arrêt des CTE. En
effet, le ministre de l'agriculture a souhaité, avec le contrat d'agriculture
durable - le CAD - simplifier et recentrer le dispositif sur
des enjeux environnementaux prioritaires. Ce contrat est désormais opérationnel.
L'arrêté du 30 octobre 2003, relatif aux aides accordées aux
titulaires de CAD permet aux préfets de définir des contrats-types et, après
instruction des dossiers et passage en commission départementale d'orientation
agricole, de signer les premiers contrats.
La conversion à l'agriculture
biologique et l'accompagnement financier des exploitations ayant choisi cette
voie font l'objet, je vous le confirme, d'une attention toute particulière. Une
enveloppe réservataire, correspondant à 13 % de l'enveloppe nationale, lui est
attribuée. Dans un souci d'équité entre les départements, le montant de
l'ensemble des contrats ne pourra excéder une moyenne de 27 000 euros
d'engagement. Mais ce plafonnement ne concerne pas les actions de conversion à
l'agriculture biologique, qui font l'objet d'un mode de calcul spécifique
élaboré en concertation avec les professionnels.
De plus, un dispositif transitoire
mis en place dès l'été 2002 permettait aux agriculteurs de convertir des
parcelles à l'agriculture biologique sans attendre la signature des contrats
d'agriculture durable. Je vous indique, pour répondre à votre souci, que ces
demandes sont traitées prioritairement par les directions départementales de
l'agriculture et de la forêt.
J'ajoute qu'Hervé Gaymard
présentera, dans les toutes prochaines semaines, à la suite du rapport remis par
votre collègue, Martial Saddier, un ensemble de mesures pour accélérer le
développement de l'agriculture biologique.
M. le président. La parole
est à M. Jean-Claude Viollet.
M. Jean-Claude Viollet. Je
veux d'abord remercier M. le secétaire d'Etat pour la qualité et la
précision de sa réponse et ensuite appeler l'attention du Gouvernement sur le
fait que les évolutions en matière agricole ne peuvent s'inscrire que dans la
durée. Ainsi tout changement est source d'inquiétude, voire d'échec pour
certaines évolutions en cours. Je partage donc sa volonté de donner une
lisibilité plus grande au dispositif et d'accompagner l'agriculture biologique
dans son développement parce que la France a effectivement un retard à combler
en ce domaine.