COÛT DE LA FORMATION AUX MÉTIERS
D'AIDE-SOIGNANT ET D'INFIRMIER
M. le président. La
parole est à M. Jacques Bascou, pour exposer sa question, n° 507,
relative au coût de la formation aux métiers d'aide-soignant et d'infirmier.
M. Jacques Bascou. Je
souhaite appeller l'attention du Gouvernement sur les difficultés matérielles
rencontrées par les nombreuses personnes souhaitant se former aux métiers
d'aide-soignant et d'infirmier.
Madame la secrétaire d'Etat aux
personnes handicapées, bien que les quotas d'entrée dans les écoles aient
pratiquement doublé en six ans, ces métiers connaissent toujours une pénurie qui
risque de s'accentuer sous l'effet notamment du vieillissement de la population
et du développement du maintien à domicile des personnes âgées. L'obstacle
supplémentaire qui rend plus difficile le suivi d'une formation d'aide-soignant
et d'infirmier, est la sélection par les revenus. Il ne suffit pas d'avoir
réussi aux concours d'entrée aux instituts de formation en soins infirmiers il
faut ensuite faire face au financement des études et aux dépenses courantes de
la vie quotidienne, la formation n'étant pas rémunérée.
Les coûts de ces formations sont
particulièrement élevés : à titre d'exemple, pour une année de formation au
métier d'aide-soignant, il faut compter près de 3 000 euros de droits
d'inscrition, sans parler des frais annexes de matériels d'étude. Parmi les
étudiants, qu'il soient jeunes ou plus âgés, certains se voient contraints
d'abandonner la formation en cours de route.
Les demandeurs d'emplois indemnisés
que l'ANPE encourage à s'engager dans ces formations ne sont pas pris en charge
par les ASSEDIC, qui privilégient le financement des formations de courte durée
censées permettre un retour à l'emploi rapide.
Cette incohérence se retrouve dans la
promotion interne et la formation continue des hôpitaux. Cette année, les quotas
d'aides-soignants de l'hôpital admissibles à l'IFSI de Narbonne ont été portés
de neuf à douze, alors que seuls cinq ont obtenu un financement.
Enfin, lors de la dernière rentrée
scolaire dans la ville de Narbonne, l'enseignement public post-baccalauréat
préparant aux concours d'entrée à l'IFSI a été remis en cause par la suppression
d'une ligne budgétaire par l'éducation nationale. Ainsi, trente étudiants d'un
lycée de Narbonne se préparant aux métiers d'infirmier et paramédicaux ont
soudain appris que les intervenants extérieurs ne seraient pas payés !
Ces différents exemples montrent
l'écart entre les besoins futurs de notre pays en aides-soignantes et infirmiers
et l'aide insuffisante accordée aux volontaires pour ces métiers. Ces diplômes
étant délivrés sous le contrôle de l'Etat, la prévision des besoins futurs étant
également de la responsabilité de l'Etat, quelles sont les actions que le
Gouvernement entend mettre en oeuvre pour répondre à ce problème ?
M. le
président. La parole est à Mme la secrétaire d'Etat aux personnes
handicapées.
Mme Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées.
Monsieur le député, pour faire face aux tensions sur l'emploi infirmier, le
quota d'entrées dans les instituts de formation en soins infimiers a été
régulièrement augmenté. Ces études, comme l'ensemble des formations initiales,
ne sont pas rémunérées, mais elles sont gratuites, car le financement des
instituts de formation est prévu soit par des crédits de l'assurance maladie
pour les instituts disposant d'un support hospitalier, soit par des crédits
d'Etat pour les instituts qui en sont dépourvus.
Les étudiants doivent seulement
acquitter des droits d'inscription calculés sur ceux des établissements
d'enseignement supérieur et des frais de scolarité classiques : droits de
bibliothèque, paiement des supports de cours, etc.
Il convient par ailleurs de noter que
les étudiants, depuis la rentrée de septembre 2001, perçoivent des
indemnités de stage et sont remboursés de leurs frais de déplacements.
En ce qui concerne les études
d'aide-soignant, seule la formation délivrée par les établissements de
l'éducation nationale est gratuite. Cependant, il faut rappeler qu'un grand
nombre d'élèves des écoles qui relèvent d'un établissement hospitalier sont des
agents des services hospitaliers en formation professionnelle. S'agissant de la
formation professionnelle des agents titulaires de la fonction publique
hospitalière, les établissements publics font des efforts significatifs sur
cette question. Ils consacrent un minimum de 2,1 % de leur masse salariale
à la formation continue, dont 1,4 % est exclusivement réservé aux études
professionnelles.
Par ailleurs, il
convient de rappeler que le protocole du 14 mars 2000, signé
entre le Gouvernement et les organisations syndicales, a permis d'allouer aux
établissements de santé publics et privés, financés par dotation globale, un
montant de 304 millions d'euros sur trois années
- 2000, 2001 et 2002 - dont 30 % devraient être
affectés en priorité à la formation professionnelle,
soit 91,4 millions d'euros.
Ces crédits sont désormais inscrits
en base budgétaire des établissements et doivent permettre de financer les
départs en promotion professionnelle des personnels.
Par ailleurs, le fonds de
modernisation des établissements de santé a été doté en 2003 d'une
enveloppe de 75 millions d'euros consacrée aux actions de modernisation
sociale. Cette enveloppe, répartie entre les régions, sera allouée pour au
moins 80 % - soit 60 millions d'euros pour l'ensemble des
régions - au financement de la promotion professionnelle, dans le respect
des instructions du 6 mai 2003 et
du 27 août 2003.
Enfin, l'année 2002 a vu la mise
en place d'un programme national de formation au diplôme d'Etat d'infirmier en
faveur des demandeurs d'emplois au titre du Fonds de la formation
professionnelle et de la promotion sociale.
Il a été mis en place à compter de
février 2002. Ce programme visait à la prise en charge de 2 000 demandeurs
d'emploi, répartis sur six régions où les tensions étaient particulièrement
importantes : Ile-de-France, Nord - Pas-de-Calais, Picardie, Lorraine,
Champagne-Ardenne et Rhône-Alpes. A la fin de l'année 2002, le nombre total de
demandeurs pris en charge a été, en fait, de 3 232.