TAILLE DES COQUES
D'ÉLEVAGE COMMERCIALISÉES
M. le président. La parole
est à M. Christophe Priou, pour exposer sa questions, n° 520,
relative à la taille des coques d'élevage commercialisées.
M.
Christophe Priou. Monsieur le secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat,
ma question s'adresse également à M. le ministre de l'agriculture, de
l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales. Elle concerne la
conchyliculture, plus particulièrement la taille des coques d'élevage
commercialisées.
Je suis d'une
région, le Trait du Croisic, où la production de coques est la plus importante
de France : autour de 2 500 tonnes par an. Il se trouve que nous venons de
connaître d'une manière régulière des crises, avec, en 1997, la mortalité des
stocks de coquillages, l'année de l'accident de l'Erika où nous n'avions pas pu commercialiser pendant plus
de six mois et cette année, avec la canicule qui a de nouveau provoqué,
pratiquement à 100 %, la perte des stocks. Nous attendons d'ailleurs le taux
d'indemnisation des calamités agricoles pour les professionnels. Il se trouve
que sur l'élevage, qui n'a rien à voir avec les sites naturels comme
Le Crotois, nous avions pu faire évoluer la législation en ramenant la
taille minimale de commercialisation de 30 millimètres à
27 millimètres.
Aujourd'hui,
les professionnels demandent qu'il n'y ait pas de taille minimale. Cela semble
s'imposer puisqu'il s'agit d'élevage et que la demande des consommateurs va vers
des tailles largement inférieures. Cela nous permettrait également d'accélérer
la production et de ne pas avoir des délais d'attente d'élevage qui fragilisent
les stocks pendant de nombreux mois, voire de nombreuses années. C'est en ce
sens que je posais la question à Hervé Gaymard, pour que soit supprimée
cette taille minimale et pour que l'administration qui, aujourd'hui, applique
cette taille de 27 millimètres puisse demain accepter une commercialisation
sans taille.
Telles sont les
demandes, monsieur le secrétaire d'Etat, des professionnels de la
conchyliculture de la région du Croisic.
M. le président. La parole
est à M. le secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat.
M. Henri
Plagnol, secrétaire d'Etat à la réforme de
l'Etat. Monsieur le député, je vous réponds au nom d'Hervé Gaymard qui
m'a demandé de l'excuser auprès de vous.
Le ministre connaît votre attachement
personnel à la cause des éleveurs producteurs de coques et vous avez à juste
titre rappelé les épreuves qu'ils ont connues, notamment sur le site du Croisic,
premier centre d'élevage de coques en France, avec des sinistres naturels
successifs, des taux de mortalité importants dus à des chaleurs très fortes, et,
bien entendu, les conséquences du naufrage de l'Erika
qui a pu influencer la commercialisation de la production.
Vous soulevez le problème de la
taille marchande autorisée. Vous le savez, la taille marchande des coquillages
est fixée par un arrêté du 17 février 1965, qui interdit la pêche et
la commercialisation des coques dont la taille est inférieure à trois
centimètres. Cette réglementation a été conçue afin de protéger certaines
espèces de la surpêche et d'en éviter ainsi la disparition. L'application aux
produits de l'aquaculture de cette réglementation résultait du fait qu'il est
très difficile de distinguer la provenance du produit, pêche ou élevage, pour
certaines espèces, dont notamment la coque, des fraudes étant régulièrement
constatées par les services de contrôle. Ainsi, jusqu'à une date toute récente,
l'application des tailles de commercialisation et leur définition étaient-elles
interprétées strictement.
Certains
professionnels de la coque, soucieux d'obtenir de la souplesse en la matière,
comme vous l'avez rappelé, l'épaisseur n'étant pas forcément liée à la longueur
et le tri s'effectuant à l'aide d'un tamis, avaient donc saisi les services du
ministère chargé de la pêche afin que la taille minimale de commercialisation
soit réduite à vingt-sept millimètres. Après consultation de l'IFREMER, qui a
conclu à l'absence de danger pour la survie de l'espèce de la baisse de la
taille demandée, le ministère a décidé de répondre favorablement à cette
évolution de la taille de commercialisation pour la coque d'élevage, pour autant
que les producteurs puissent justifier de la méthode de production et que
celle-ci fasse l'objet d'un étiquetage, conformément à la réglementation
communautaire.
Les mytiliculteurs
ayant fait une demande de même nature, l'absence de référence à toute taille
pour la moule d'élevage a été accordée dans les mêmes conditions. Une étude est
en cours afin d'étendre à l'ensemble des coquillages cet assouplissement de la
réglementation, à l'exception des espèces faisant l'objet d'une protection
communautaire spécifique, c'est-à-dire le vanneau, la palourde, la praire, le
couteau et le buccin. La demande visant à l'abrogation de la taille minimale de
commercialisation des coques ne peut se concevoir que si la distinction entre
coque d'élevage et coque de pêche est possible. Il faudra donc que les
producteurs puissent justifier du mode de production et que celui-ci fasse
l'objet d'un étiquetage, conformément, encore une fois, à la réglementation
communautaire.
Hervé Gaymard a
demandé à ses services de saisir les scientifiques de cette demande avant que
toute décision quant à l'évolution de la réglementation dont l'abrogation est
demandée soit prise.