DIFFICULTÉS DU SECTEUR
DE LA CONCHYLICULTURE
M. le président. La
parole est à M. Didier Quentin, pour exposer sa question n° 521,
relative aux difficultés du secteur de la conchyliculture.
M. Didier Quentin.
Après les coquillages, les huîtres, monsieur le secrétaire d'Etat à la
réforme de l'Etat ! Permettez-moi d'appeler votre attention sur deux sujets qui
préoccupent tout particulièrement le secteur de la conchyliculture.
Premièrement, beaucoup
d'ostréiculteurs, notamment du bassin de Marennes-Oléron, rencontrent des
difficultés devant la pénurie de main-d'oeuvre lors des fêtes de fin d'année,
durant lesquelles s'effectuent l'essentiel des ventes d'huîtres, et, en période
estivale, lors de la préparation du captage du naissain.
Confrontée à une situation identique,
la viticulture a obtenu la mise en oeuvre d'un dispositif spécifique qui s'est
traduit par la création d'un contrat vendanges. Ce contrat a une durée maximale
d'un mois et le salarié peut recourir à plusieurs contrats vendanges, à
condition que le cumul n'excède pas deux mois sur une période d'une année.
De plus, les salariés en congés
payés, ainsi que les fonctionnaires et agents publics, peuvent en bénéficier.
Les salaires sont exonérés du paiement des cotisations sociales. En revanche,
les cotisations patronales sont dues. Afin de faire face à un inquiétant et
récurrent manque de main-d'oeuvre, plusieurs sections régionales conchylicoles
souhaitent l'adaptation de ce type de contrat à la profession ostréicole.
Deuxièmement, après le naufrage du Prestige, des aides avaient été apportées aux bassins
ostréicoles les plus durement touchés par la pollution par hydrocarbures, en
particulier à celui d'Arcachon. Ce dispositif prévoyait également des fonds
spécifiques pour entreprendre des opérations de promotion et de communication
sur les produits de la mer durant la période la plus appropriée, afin de
relancer la consommation des huîtres et autres coquillages.
Ces fonds devaient être négociés dans
le cadre des fonds structurels européens, en particulier, de l'instrument
financier et d'orientation de la pêche, l'IFOP. Or il semble qu'à ce jour aucun
fonds n'ait été débloqué par la Commission de Bruxelles pour de telles
opérations de promotion et de communication.
C'est pourquoi je vous serais très
reconnaissant de m'indiquer, d'une part, si vous entendez mettre en oeuvre un
contrat de type vendanges adapté à l'ostréiculture, et, d'autre part, les
mesures que vous envisagez de prendre pour accompagner la promotion des produits
de la mer, afin de redonner confiance aux consommateurs.
M. le
président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat à la
réforme de l'Etat.
M. Henri Plagnol, secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat.
Monsieur le député, votre question reflète la vigilance avec laquelle vous
suivez toutes les questions relatives à la conchyliculture.
Comme vous l'avez rappelé, le contrat
vendanges résulte d'un amendement parlementaire à la loi de financement de la
sécurité sociale pour l'année 2002. Il permet en effet l'exonération des
cotisations sociales des salariés. L'ostréiculture connaît, vous avez raison,
elle aussi des difficultés similaires pour trouver de la main-d'oeuvre tant pour
la mise en marché en fin d'année, période dans laquelle nous sommes, que pour le
captage du naissain en été. Cela concerne, par exemple, le bassin d'huîtres de
Marennes-Oléron.
Il a été demandé
au préfet et à la caisse centrale de mutualité sociale agricole d'établir un
bilan à la fin de cette année, donc dans les jours qui viennent, de
l'application du contrat vendanges pour voir dans quelle mesure il a été
bénéfique. Compte tenu des résultats obtenus, son extension à d'autres activités
saisonnières pourrait être envisagée.
Je me permets d'ailleurs, monsieur le
député, de vous signaler que, dans le volet agricole de la loi habilitant le
Gouvernement à simplifier le droit par ordonnances, rien n'interdit, s'agissant
des problèmes d'embauche saisonnière, de demander au ministère de l'agriculture
de donner son accord à des amendements parlementaires déposés à ce sujet.
Cependant je tiens à vous rappeler que la perte de recettes annuelles pour le
régime des assurances sociales agricoles, qui s'élève à 14 millions d'euros
dans l'application du contrat vendanges reste actuellement à la charge des
régimes sociaux en l'absence de dispositions spécifiques en loi de finances
permettant la compensation comme cela était prévu dans la loi créant le contrat
vendanges par une taxe additionnelle sur La Française des jeux. Il faudra donc
trouver une solution pour compenser les pertes et ne pas déséquilibrer davantage
le régime des assurances sociales agricoles.
En ce qui concerne la deuxième partie
de votre question, c'est-à-dire la possibilité de financer par l'instrument
financier d'orientation de la pêche, l'IFOP, les actions de communication menées
par les ostréiculteurs, à la suite, notamment, du naufrage du Prestige, le règlement de ce fonds ne permet
malheureusement aujourd'hui de financer que des actions de communication dites
génériques ou sous indication géographique protégée. C'est ainsi que les huîtres
de Marennes-Oléron ou du bassin d'Arcachon, qui ne bénéficient pas encore de
telles signes de qualité, malgré les démarches de la profession que vous
encouragez, ne peuvent donc pas bénéficier des financements de l'IFOP pour des
actions de communication avec spécification géographique locale. Il faudrait une
modification du règlement du Conseil, procédure très complexe qui ne nous
permettrait pas de répondre à l'attente immédiate des professionnels.
C'est pourquoi le comité national de
la conchyliculture a mis en oeuvre deux opérations génériques de communication
et de promotion à la suite du naufrage. La première a permis d'évaluer les
conséquences immédiates sur le secteur, dès le mois de décembre 2002, et
s'est achevée en avril 2003. La seconde, menée au début de l'automne, a eu
pour but de relancer la commercialisation au début de la campagne et s'est
conclue par les journées portes ouvertes des 4 et 5 octobre derniers.
Ces deux opérations ont fait l'objet
d'aides de l'IFOP et de l'OFIMER, pour un montant d'un peu plus de 153
000 euros.
Monsieur le
député, sur les deux sujets que vous évoquez, croyez bien que le Gouvernement
poursuit son travail dans le souci constant de trouver des solutions adaptées à
la situation des conchyliculteurs, que vous connaissez mieux que personne.
M. le
président. La parole est à M. Didier Quentin.
M. Didier
Quentin. Monsieur le président, je prends acte avec satisfaction de
l'affirmation de bonne volonté et de la détermination qui viennent d'être
formulées. J'espère que les engagements pris au nom du ministre de l'agriculture
et de la pêche seront mis en oeuvre très rapidement, car les conchyliculteurs
attendent de telles mesures depuis plusieurs mois.
J'espère aussi que le ministre de
l'agriculture et de la pêche aura à coeur de venir très prochainement dans le
bassin de Marennes-Oléron, comme nous l'y avons invité à plusieurs reprises, non
seulement pour déguster nos huîtres, mais aussi pour voir, sur le terrain, les
problèmes que connaît cette belle profession qui a su faire face, avec courage
et détermination, à de multiples difficultés, mais qui s'interroge sur son
avenir.