CONSÉQUENCES DES ACCORDS ENTRE LA SUISSE
ET L'UNION EUROPÉENNE
SUR LES
TERRITOIRES FRANÇAIS FRONTALIERS
M. le président. La parole
est à M. Etienne Blanc, pour exposer sa question, n° 562, relative aux
conséquences des accords entre la Suisse et l'Union européenne sur les
territoires français frontaliers.
M. Etienne Blanc. Monsieur
le ministre, je souhaite appeler votre attention sur l'état d'avancement de la
deuxième série d'accords bilatéraux entre la Confédération helvétique et l'Union
européenne.
Au mois de juin 2001
le Parlement a ratifié, dans leur première mouture, les accords bilatéraux
unissant la Suisse et l'Union européenne, qui sont entrés en vigueur le 1er
septembre 2002. Immédiatement, les négociations se sont poursuivies pour aboutir
à la signature d'une deuxième série d'accords.
C'est dans ce contexte que nous
souhaiterions connaître l'état d'avancement de ces négociations et les
conditions dans lesquelles la diplomatie française y est associée - et, plus
particulièrement, les thèmes spécifiques sur lesquels elle s'est investie pour
cette deuxième série d'accords
En second lieu, de nombreux élus
frontaliers souhaitent rappeler que le rapprochement entre la Confédération
helvétique et l'Union européenne, bien évidemment souhaité et encouragé dans son
principe, génère des conséquences directes, parfois très négatives, sur les
territoires français frontaliers.
Ainsi, la libre circulation et le
libre établissement des citoyens suisses sur le territoire français, facilités
par la première mouture des accords bilatéraux, provoquent une pression foncière
considérable sur l'ensemble du Genevois français, en Haute-Savoie, et sur le
pays de Gex dans l'Ain.
Les
communes et les communautés de communes éprouvent d'énormes difficultés pour
faire face à cet afflux de population, qui représente parfois une augmentation
des habitants, pour certaines municipalités, de l'ordre de 2 % par an. Ce
flux migratoire génère des investissements publics, que ce soit dans le domaine
de l'école, de la formation, de la santé, des transports, ou dans le secteur
social. Aussi à l'instar de mes collègues élus frontaliers, souhaiterais-je
savoir dans quelles conditions l'Etat pourra mettre en place un soutien
efficient aux collectivités territoriales concernées et, surtout, s'il sera
possible de prendre en compte ces conséquences négatives lors de la seconde
phase de ces accords bilatéraux, étant précisé que nous espérons obtenir, sur
ces dossiers, le concours de l'Etat mais aussi, bien sûr, de l'Europe.
M. le
président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat aux affaires
étrangères.
M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères.
Monsieur le député, je sais à quel point vous êtes attaché au rapprochement avec
la Confédération helvétique, puisque vous êtes un élu frontalier, partie
prenante de cet ensemble qui constitue une aire de vie commune.
Il est vrai que les premiers
accords bilatéraux avec la Suisse, entrés en vigueur en 2002, ont permis à
l'Union européenne de franchir une étape importante dans ses relations avec ce
pays dans des secteurs comme la libre circulation des personnes, les transports
aériens et routiers, l'agriculture, les marchés publics, la recherche et les
obstacles techniques au commerce. Dans un esprit de coopération entre ce
partenaire clef de l'Union européenne et de la France, le Gouvernement a soutenu
la négociation d'une nouvelle vague d'accords bilatéraux.
Cette négociation, lancée le
5 juillet 2001, porte sur dix secteurs, dont la plupart n'ont soulevé
aucun problème sérieux. Je pense notamment à l'éducation, à la formation
professionnelle, à l'environnement, aux médias, ou encore aux pensions. En
revanche, des difficultés sont apparues dans quatre secteurs : la fiscalité de
l'épargne, la lutte contre la fraude, l'association de la Suisse aux conventions
de Schengen sur l'abolition des contrôles aux frontières et de Dublin sur le
droit d'asile, et les services. Les discussions ont bien avancé l'an dernier,
elles ont notamment abouti à un accord sur la fiscalité de l'épargne adopté le
3 juin 2003. Cet accord prévoit que la Suisse appliquera une retenue à
la source sur les intérêts de l'épargne des non-résidents et qu'elle ne sera pas
contrainte de rejoindre le système d'échange automatique d'informations qui doit
devenir la règle commune au sein de l'Union européenne.
Il reste trois dossiers difficiles
: la lutte contre la fraude ; les conditions d'adhésion de la Suisse aux
conventions de Schengen et de Dublin, à propos desquelles les pourparlers ont
progressé, sans toutefois aboutir à ce jour ; la négociation sur les services,
qui porte sur le secteur financier et sur la libéralisation des services tels
que l'énergie ou les services postaux, qui devrait, en raison de sa difficulté,
être dissociée des autres négociations pour ne pas bloquer la conclusion globale
des accords. Les pourparlers sont menés par la Commission européenne, dans le
cadre du mandat défini par les Etats membres et sous leur contrôle permanent.
Dans le respect de l'acquis communautaire, la France s'est investie pour que les
parties parviennent à une conclusion rapide et équilibrée des négociations dans
tous les domaines, en particulier dans celui de la fiscalité de l'épargne.
Monsieur le député, vous avez aussi
évoqué les effets sur les territoires français frontaliers des deux séries
d'accords entre l'Union européenne et la Suisse.
La mise en oeuvre des premiers
accords Union européenne-Suisse fait l'objet de réunions organisées par le
préfet de la région Rhône-Alpes avec les élus des collectivités territoriales
frontalières concernées. Le ministère des affaires étrangères participe
activement à ces différentes réunions. En outre, le comité régional
franco-genevois, qui est un lieu de concertation entre les représentants de
l'Etat, les collectivités territoriales et les autorités genevoises, suit au
sein de différents groupes de travail les questions que vous évoquez :
formation, santé, transports notamment. En janvier 2001, le comité régional
franco-genevois s'est donné les moyens d'observer les effets des accords
bilatéraux sur l'espace transfrontalier en créant un observatoire statistique
transfrontalier, qui a rendu récemment sa première synthèse pour l'année
2003.
S'agissant de la deuxième
série d'accords bilatéraux, la plupart visent à permettre la participation de la
Suisse à certains programmes communautaires et n'auront pas sur les territoires
français frontaliers des conséquences comparables à celles de l'accord sur la
libre circulation des personnes.
Le Gouvernement souhaite associer
tant les parlementaires que les élus locaux à l'évolution de ces dossiers et,
pour ma part, je me tiens prêt à répondre dans le détail aux questions que les
élus souhaiteront me poser sur les différents aspects de ces négociations entre
l'Union européenne et la Suisse.