Texte de la QUESTION :
|
Des dernières études disponibles en la matière, il apparaît qu'environ un Français sur deux ne connaît pas d'autre langue vivante que la sienne. Cette situation peut paraître étonnante, mais lorsque l'on regarde de plus près les méthodes d'apprentissage usitées à l'école française comparé à ce qui se fait chez nos partenaires européens, il est flagrant de constater que la France fait figure d'irréductible en s'acharnant à privilégier un enseignement très « magistral » des langues, alors que les pays d'Europe du Nord (suivis désormais par l'Espagne, l'Italie et la plupart des pays de l'Est) développent avec une grande efficacité un enseignement très précoce des langues basé sur une approche plus pratique, vivante et interactive à l'instar des méthodes d'assimilation rapides développées par de célèbres éditions spécialisées telles Berlitz, Assimil, etc. Sur la base de ce constat, il est évident que notre pays s'enferre dans un choix pédagogique inadapté et préjudiciable. Il est donc particulièrement urgent que l'éducation nationale admette l'inadéquation de ses méthodes pédagogiques en la matière, et réforme en profondeur ces dernières en s'inspirant grandement du « modèle nordique ». La refondation des méthodes d'enseignement des langues étrangères en France est d'autant plus urgente que, dans une Union européenne à vingt-cinq, le fait de ne pas parler même ne serait-ce que moyennement une ou plusieurs langues étrangères constitue un handicap majeur sur le marché de l'emploi (notamment pour les plus jeunes) et pour le développement économique de notre pays. En conséquence, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande à M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche de lui indiquer les mesures urgentes qu'il entend prendre au sujet de ce dossier en vue de la rentrée scolaire et universitaire 2005.
|
Texte de la REPONSE :
|
L'amélioration des méthodes d'apprentissage des langues vivantes constitue un enjeu majeur de notre système éducatif. Les programmes de langue seront désormais conçus en fonction du cadre européen de référence pour les langues du Conseil de l'Europe qui se caractérise par une approche dite actionnelle fondant l'apprentissage des langues sur la notion de tâche : qu'est-ce que l'élève doit être capable de dire, lire, écrire ou comprendre (écouter) pour être en mesure d'accomplir telle ou telle tâche ? Un enseignant pourrait, par exemple, demander à ses élèves d'imaginer ce qu'il faudra être capable de faire, de savoir et de dire pour organiser un voyage scolaire puis de les entraîner à accomplir les tâches linguistiques qui en découlent. Le cadre européen présente l'avantage de permettre aux personnes qui apprennent une langue de se situer dans leur apprentissage grâce à une échelle des niveaux de compétence répartissant les étapes de la construction par l'utilisateur de ses capacités à communiquer dans une langue sur trois paliers (A, celui de l'utilisateur élémentaire ; B, celui de l'utilisateur indépendant ; C, celui de l'utilisateur expérimenté), chacun de ces paliers étant subdivisé en deux niveaux 1 et 2 : A1-A2, B1-B2, C1-C2. Les projets de programmes pour le collège, actuellement en cours de consultation auprès des enseignants, procèdent de cette nouvelle approche, plus concrète, qui présente l'avantage de permettre aux élèves de s'auto-évaluer grâce à l'échelle des niveaux de compétence du cadre et de les rendre ainsi plus actifs dans leur apprentissage. La discussion de la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école, adoptée par le Parlement, a révélé l'ambitieux plan projeté par le ministère de l'éducation nationale de l'enseignement supérieur et de la recherche pour la rénovation de l'enseignement des langues. Ce plan est fondé sur des mesures pédagogiques novatrices : les groupes seront organisés selon les besoins des élèves, par activité langagière (compréhension orale, expression orale, compréhension écrite, expression écrite) en fonction des niveaux de compétences de l'échelle du cadre commun de référence du Conseil de l'Europe. L'organisation des cours de langues sera également repensée de façon à permettre l'aménagement de périodes intensives (mutualisation des horaires de LV 1 et de LV 2) et le passage des élèves d'un groupe à l'autre grâce à l'auto-évaluation sous le contrôle de leurs enseignants. Ce plan prévoit également un renforcement de cet enseignement à tous les échelons : à l'école, les langues seront enseignées de façon plus précoce (à terme dès le CE 1) ; au collège, la deuxième langue le sera dès la classe de cinquième tandis que l'on veillera à assurer la continuité avec la première langue choisie à l'école ; au lycée, la deuxième langue vivante sera inscrite dans le tronc commun des enseignements de la classe de seconde générale et technologique. Seront également développées dans toutes les académies les sections européennes et les sections internationales. Afin de garantir le maintien de la diversité de l'offre linguistique, le Gouvernement n'a pas souhaité retenir la proposition de la Commission du débat sur l'avenir de l'école d'inscrire l'anglais parmi les composantes du socle commun des connaissances et compétences indispensables ; le Parlement a confirmé ce choix en faveur de la pratique d'au moins une langue vivante étrangère. Ce plan - qui devrait être prochainement confirmé par les décisions réglementaires nécessaires - permettra de mieux appliquer les directives européennes qui incitent notamment à l'apprentissage de deux langues vivantes en plus de la langue maternelle et de favoriser l'apprentissage de la langue européenne de proximité.
|