FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 57571  de  M.   Goldberg Pierre ( Député-e-s Communistes et Républicains - Allier ) QE
Ministère interrogé :  solidarités, santé et famille
Ministère attributaire :  solidarités, santé et famille
Question publiée au JO le :  15/02/2005  page :  1566
Réponse publiée au JO le :  10/05/2005  page :  4845
Rubrique :  enfants
Tête d'analyse :  santé
Analyse :  protection. téléphones portables. interdiction
Texte de la QUESTION : Alors que de nombreuses études scientifiques alertent les autorités publiques quant aux effets sanitaires des téléphones portables, la société Carrefour met actuellement en vente un portable dédié aux enfants âgés de 4 à 8 ans, le « BabyMo ». La mise en vente d'un tel produit est totalement irresponsable alors que douze équipes scientifiques européennes viennent de rendre publique une étude qui s'inquiète des dommages causés à l'ADN par les fréquences utilisées par la radiotéléphonie mobile. C'est la première fois qu'en France un distributeur ose braver l'interdit implicite voulant que les enfants soient préservés de campagnes de promotion agressives les invitant à utiliser un téléphone portable. En date du 12 janvier 2005, The Time titrait en une « Children face danger of mobile phone tumours » se faisant l'échos d'une enquête du National Radiological Protection Board coordonnée par William Stewart. La société Carrefour, qui distribue également ce portable « BabyMo » en Belgique fait déjà l'objet d'une campagne de mobilisation visant à empêcher la diffusion de ce téléphone portable dans ce pays et ne pourra donc pas se réfugier derrière une hypothétique absence d'informations pour se dégager de sa responsabilité. Á titre amiable et préalablement à toute action juridique en référé à l'encontre de la société Carrefour, Agir pour l'environnement et Priartém demandent l'arrêt immédiat de toute publicité et diffusion de ce portable. Á défaut de réaction publique de la part de cette société sous 48 heures, les associations solliciteront le juge des référés pour obtenir l'arrêt immédiat de la vente du « BabyMo ». M. Pierre Goldberg demande donc à M. le ministre des solidarités, de la santé et de la famille les mesures qu'il souhaite prendre afin que le gouvernement français interdise la commercialisation de ce portable.
Texte de la REPONSE : En l'état actuel de la science aucune preuve scientifique ne permet de démontrer que l'utilisation des téléphones mobiles présente un risque notable pour la santé. Cependant, cette hypothèse ne peut être complètement exclue non plus et elle justifie une approche de précaution. Cette approche de précaution concerne l'ensemble de la population y compris les enfants qui pourraient être plus sensibles si des effets sanitaires étaient avérés. Ainsi, l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale (AFSSE) conclut sur ce point dans son rapport de mars 2003 que : « les différentes données conduisent à recommander une attitude d'évitement prudent, sans considérer que les données scientifiques actuelles justifient des mesures réglementaires contraignantes ». Ces conclusions rejoignent les recommandations de janvier 2005 du National Radiological Protection Board (NRPB) britannique qui, dans un cadre de précaution, préconise de limiter l'utilisation des téléphones portables par les enfants. Sur cette base, le ministère de la santé a décidé de mener des campagnes d'information du public. Il a édité une plaquette intitulée « Téléphones mobiles : santé et sécurité », déjà largement diffusée et disponible sur le site www.sante.gouv.fr. Ce document préconise la mise en oeuvre d'actions simples destinées à réduire l'exposition moyenne du public aux champs de radiofréquence et recommande un usage modéré du téléphone portable pour les enfants. Des mesures réglementaires ont été prises pour obliger les industriels à afficher sur la notice de tout téléphone mobile la dose d'énergie absorbée (Débit d'absorption spécifique - DAS) qui est la valeur permettant de s'assurer du respect des valeurs limites d'exposition de la population fixées par décret n° 2002-775 du 3 mai 2002. La France participe par ailleurs à l'important effort de recherche actuellement en cours au niveau international pour préciser les effets sanitaires qui pourraient exister et déceler les éventuels premiers effets qu'une exposition prolongée de la population pourrait faire apparaître. À cet égard, le programme INTERPHONE lancé par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) est particulièrement remarquable : il met en réseau 14 pays, dont la France, pour mener une étude épidémiologique à très grande échelle sur le lien entre cancer du cerveau et téléphones mobiles, selon des protocoles scientifiques parfaitement normés. Le Danemark et la Suède ont déjà rendu leurs conclusions. Si le premier ne démontre pas d'effet notable, le deuxième indique un lien statistique possible entre l'exposition aux rayonnements des portables et l'apparition de tumeurs bénignes du neurinome (nerf auditif). Les résultats de cette étude rétrospective nécessitent cependant d'être répliqués avant de pouvoir tirer toute conclusion définitive. Les rapports des autres pays suivront tout au long de l'année 2005. Concernant le programme européen REFLEX, les effets de cassures de l'ADN observés l'ont été à partir de 30-35 µT pour des expositions supérieures ou égales à 16 heures et intermittentes et considérant des champs électromagnétiques d'extrêmement basse fréquence (50 Hz). Ces résultats qui portent sur des modèles in vitro, ne permettent pas d'extrapoler directement à l'homme et ne concernent pas les gammes de fréquence utilisées pour la téléphonie mobile. Le cas des antennes relais doit être clairement distingué de celui des portables, car ils génèrent des conditions et des niveaux d'exposition très différents. Pour ce qui est des stations de base, l'expertise nationale et internationale est convergente et a conclu que, en l'état actuel des connaissances scientifiques et compte tenu des faibles niveaux d'exposition aux champs électromagnétiques autour des stations relais, l'hypothèse d'un risque pour la santé des populations vivant à proximité de ces stations ne pouvait pas être retenue. Les émissions qui respectent les valeurs limites du décret du 3 mai 2002 peuvent être considérées comme relativement peu nocives. La loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique permet désormais au préfet de faire procéder à des mesures de champs électromagnétiques afin de contrôler le respect des niveaux d'exposition de la population. De plus, le code des postes et télécommunications a été modifié afin de permettre l'information des collectivités locales concernant la présence de stations relais de téléphonie mobile. Le maire pourra alors, s'il le désire, engager une concertation dans sa commune en toute transparence. Cette information favorisera par ailleurs l'élaboration de chartes entre opérateurs et collectivités territoriales selon les recommandations de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.
CR 12 REP_PUB Auvergne O