Texte de la QUESTION :
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M. Pascal Terrasse attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales sur le fait que le 17 juin 2003, les forces de l'ordre procédaient à l'arrestation de 165 opposants iraniens, tous bénéficiant du statut de réfugié politique. Dans les semaines qui ont suivi, les décisions rendues par la cour d'appel de Paris ont considéré que les intéressés ne présentaient pas un danger pour l'ordre public et qu'il n'y avait pas lieu de prononcer de mise en détention. Dès lors, les arrêtés d'expulsion et les assignations en résidence devenaient sans fondement. A ce jour, trois réfugiés demeurent pourtant oubliés de la République, à Chaumont, à Vesoul et en Ardèche, où se trouve l'un d'entre eux, menacé d'expulsion alors même que pèse sur lui une condamnation à mort en Iran. Puisque aucun lien n'a été établi avec l'OMPI et puisque aucune charge à caractère terroriste n'a été retenue, les droits de l'homme, et singulièrement le droit d'asile, doivent au plus vite reprendre le dessus dans cette affaire. Ces trois réfugiés assignés à résidence vivent dans une incertitude et une angoisse qui ne peut plus durer. Aussi, afin de mettre un terme à cette situation, il lui demande de procéder à l'abrogation de son arrêté d'expulsion et de lever l'assignation à résidence qui pèse sur les trois personnes concernées pour leur permettre de retrouver une vie normale sur notre sol.
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Texte de la REPONSE :
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SITUATION DE RÉFUGIÉS IRANIENS ASSIGNÉS À
RÉSIDENCE M. le président. La parole est à M. Pascal Terrasse, pour exposer sa question,
n° 606. M. Pascal
Terrasse. Monsieur le ministre délégué aux libertés locales, ma
question porte sur le sort d'un réfugié politique iranien, M. Majid
Chahbazian, opposant au régime des mollahs, actuellement assigné à résidence
dans mon département de l'Ardèche, à Privas plus précisément, et de deux de ses
amis également assignés à résidence depuis sept mois, respectivement à Chaumont
et à Vesoul. Tous les trois sont sous le coup d'un arrêté d'expulsion signé le
20 juin 2003 par le ministère de l'intérieur. Je précise que je n'ai pas la
prétention, ici en tout cas, de porter un quelconque jugement sur l'organisation
à laquelle ils appartiennent. Le régime sanguinaire et
répressif actuellement en place en Iran inquiète fortement nombre d'entre nous.
Hier encore, 140 députés iraniens se sont démis de leurs fonctions pour
protester contre la violation des droits de l'homme. M. Chahbazian croit, comme beaucoup d'ailleurs, que
l'on peut instaurer une démocratie laïque en Iran. Il est pacifiste, non
agressif et très respectueux des lois de la République. Il est apprécié par
beaucoup d'Ardéchois et d'élus locaux. Un comité de soutien a même été mis en
place. D'autres réfugiés ont pu regagner Auvers-sur-Oise depuis la rafle - ou
plutôt les arrestations qui ont eu lieu. Mais trois d'entre eux n'ont pas pu
rejoindre leur résidence. A Privas, M. Chahbazian
est parfaitement intégré : j'ai pu m'en rendre compte à l'occasion des
contacts que j'ai pris avec les forces de l'ordre, les services de la préfecture
et toutes celles et ceux qui sont directement liés à son assignation à
résidence. Je crois savoir, sans m'immiscer dans la
procédure judiciaire en cours, que le juge d'instruction n'a pas trouvé
aujourd'hui de charges contre ces trois réfugiés au regard des éléments qui
m'ont été communiqués hier par les services chargés de l'instruction de ce
dossier, notamment l'avocat de M. Chahbazian. Peut-être une assignation à résidence est-elle nécessaire.
Mais, comme 200 députés britanniques viennent de le souligner, toutes tendances
confondues, il serait dangereux d'expulser des opposants au régime iranien. Nous serions sans doute la seule démocratie européenne à
fermer les yeux sur ce qui se passe en Iran. Compte tenu
des éléments que j'apporte, le ministère de l'intérieur devrait revoir au moins
partiellement cette assignation à résidence dans le département de l'Ardèche.
D'abord, elle coûte très cher aux contribuables, de l'ordre de 100 euros par
jour. Ensuite, je ne suis pas certain de son opportunité. M. le président.
La parole est à M. Patrick Devedjian, ministre délégué aux libertés
locales. M. Patrick
Devedjian, ministre délégué aux libertés
locales. Monsieur le député, vous avez bien fait de corriger le mot que vous
vous êtes laissé aller à employer. On ne peut pas parler de " rafle "
de la part de la police française. Issu d'un peuple qui en a été victime, je
sais faire la différence. Notre police doit bénéficier du respect républicain
qu'elle mérite car ses façons de procéder n'ont rien à voir avec les méthodes
odieuses auxquelles vous avez fait allusion. M. Chahbazian, auquel vous apportez votre soutien, est
indiscutablement membre de l'Organisation des moudjahidin du peuple iranien,
même s'il passe pour modéré. Vous savez que ce mouvement est une organisation
terroriste qui figure sur la liste établie par l'Union européenne et qui est
indissociable du Conseil national de la résistance iranienne derrière lequel
elle tend à s'abriter. L'OMPI a, au cours de ces dernières années, revendiqué
depuis la France de nombreux actes de terrorisme. Depuis la chute du régime
irakien, qui la soutenait - M. Saddam Hussein en était le principal
pourvoyeur de fonds -, elle a dû procéder à une réorganisation, en particulier à
partir du territoire français. La France, c'est bien naturel, ne souhaite pas
accueillir sur son sol une organisation terroriste. Par
ailleurs, le juge d'instruction a placé les trois intéressés, en particulier
M. Chahbazian, sous un strict contrôle judiciaire. Il n'est donc pas
possible de préjuger des suites que donnera la justice aux instructions qui sont
en cours. Enfin, il convient de remarquer que c'est
précisément en vertu du droit d'asile dont les trois intéressés bénéficient
actuellement qu'ils ont été assignés à résidence, en attendant de trouver un
pays tiers susceptible de les accueillir, s'ils sont expulsés. En tout état de
cause, je veux vous rassurer, leur renvoi en Iran est totalement exclu. Une
telle décision est même inconcevable puisqu'incompatible avec le droit
d'asile. Je vous rappelle que les intéressés ont usé de
leurs droits en déposant un recours contre les mesures dont ils font l'objet
devant les juridictions administratives. En particulier, un pourvoi est en cours
devant le Conseil d'Etat et, tant que les décisions de justice définitives
n'auront pas été rendues, le Gouvernement n'envisage pas de modifier les
décisions qui ont été prises.
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