GRÈVE DANS L'ÉDUCATION NATIONALE
M. le président. La
parole est à M. Manuel Valls.
M. Manuel Valls. Ma question s'adresse au ministre de l'éducation nationale.
Demain, un mouvement sans doute puissant et, dans tous les cas, unitaire, des enseignants, des agents d'entretien, des chefs d'établissement, des parents d'élèves et des étudiants...
M. Lucien Degauchy. Manipulés par qui ?
M. Manuel Valls. ... aura lieu pour protester contre la diminution du budget de l'éducation nationale. C'est un fait sans précédent, quelques semaines après la rentrée, qui révèle une préoccupation profonde et une angoisse réelle. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe pour la démocratie française).
Les députés socialistes sont totalement solidaires de ce mouvement (« Ah ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française. - Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste) car il veut d'abord défendre l'école républicaine.
M. Jean Marsaudon. Il fallait la défendre avant !
M. Manuel Valls. Pour vos prédécesseurs, monsieur le ministre, l'éducation était une priorité incontournable. Vous tournez le dos à cette conception.
En effet, 31 700 emplois ne seront pas au rendez-vous de la rentrée prochaine, dont 20 000 contrats d'aides éducateurs et 5 600 postes de surveillants. Votre réponse hier à ce sujet n'était pas à la hauteur de l'inquiétude qui existe dans les établissements scolaires.
Jack Lang (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française) avait décidé, dans le cadre d'un plan pluriannuel, la création de 5 000 postes de professeurs dans le secondaire avec pour objectif principal d'arracher les jeunes à l'échec scolaire.
Ces postes, monsieur le ministre, ne verront pas le jour. Vous ne respectez pas la parole de l'Etat ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française.)
Le Gouvernement montre toute son incohérence. On ne peut pas, d'un côté, affirmer qu'on lutte contre la violence et l'échec scolaire, objectif que nous partageons, et, de l'autre, amputer lourdement les crédits pédagogiques et supprimer des postes (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe de l'Union pour la démocratie française), ce qui ne permettra pas de donner les moyens à la jeunesse de notre pays d'être formée et d'être prête ainsi à affronter la vie.
Plusieurs députés du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle. La question !
M. Manuel Valls. Vos choix pour l'université et ceux du Gouvernement dans le domaine de la recherche confirment bien que vous ne préparez pas l'avenir. (« La question ! La question ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française.)
Monsieur le ministre, d'un côté, vous vous attribuez la paternité des réformes engagées par vos prédécesseurs (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française), auxquelles vous avez parfois contribué. (Exclamations sur les mêmes bancs.)
M.
le président. Un peu de calme, chers collègues, M. Valls va poser sa question ! (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française.)
M. Manuel Valls. Je pense à la lutte contre l'illettrisme et aux nouveaux programmes des écoles. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française.) Par ailleurs, vous saccagez les réformes engagées. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française.)
M.
le président. Monsieur Valls, posez votre question !
M. Manuel Valls. Les grévistes et les manifestants sont préoccupés par le devenir de notre système éducatif. Ils doutent de votre volonté de mobiliser les moyens (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française)...
M. le président. Monsieur Valls, vous avez dépassé votre temps de parole !
M. Manuel Valls.
... nécessaires au succès de sa mission.
Monsieur le ministre, que comptez-vous leur répondre ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française.)
M. le président.
La parole est à M. le ministre délégué à l'enseignement scolaire.
M. Xavier Darcos, ministre délégué à l'enseignement scolaire. Oui, monsieur le député, l'école doit rester une priorité de la nation. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Albert Facon. Elle ne l'est pas !
M. le ministre délégué à l'enseignement scolaire. Oui, l'école est la priorité de la nation (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste) et, monsieur le député, vous ne pouvez pas prétendre que le budget de l'éducation nationale soit un budget d'abandon !
Plusieurs députés du groupe socialiste. Mais si !
M. le ministre délégué à l'enseignement scolaire. L'an prochain, il augmentera de 2,2 %... (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)...
M. Albert Facon. Vous ne créez pas d'emplois !
M. le ministre délégué à l'enseignement scolaire. ... et nous créerons 1 000 postes dans le premier degré. Vous n'en aviez, quant à vous, prévu que 800, alors que nous avons besoin de lutter contre l'illettrisme ! Pourquoi n'avez-vous rien fait ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
L'an prochain, nous dépenserons 133 millions d'euros pour améliorer les conditions de travail du personnel, ce qui représente une hausse de 40 % par rapport au budget de l'année précédente ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
Mme Martine
David. Et combien de suppressions de postes ?
M. le ministre délégué à l'enseignement scolaire. L'an prochain, nous affecterons 14 millions d'euros au dispositif relais, pour lutter contre la violence scolaire, problème que vous avez laissé, en l'état ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Il suffit de regarder les chiffres : depuis dix ans, le recrutement des personnels est en ascension constante (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste), alors que le nombre d'élèves est en diminution ! Depuis dix ans, les résultats de l'école stagnent !
M. Alain Marsaud. Bravo ! Très bien !
M. Albert Facon. Merci pour les enseignants !
M. le ministre délégué à l'enseignement scolaire. Il faut passer d'une logique d'affichage de moyens à une logique d'objectifs et de résultats. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
C'est pourquoi, monsieur le député, alors que le gouvernement précédent a, tour à tour, culpabilisé et anesthésié les professeurs (Vives protestations sur les bancs du groupe socialiste), avec eux, nous allons faire un audit de nos vrais besoins (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française) et fixer les objectifs ! Cela vaut mieux que des effets de manche et l'agitation politicienne ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe de l'Union pour la démocratie française. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)