NORMES COMPTABLES EUROPÉENNES
M. le président. La
parole est à M. François Goulard, pour le groupe UMP. (Mouvements prolongés sur les bancs du groupe
socialiste.)
M. Daniel Vaillant.
Les propos de M. Sarkozy étaient inadmissibles !
M. le président.
Monsieur Vaillant, vous n'avez pas la parole ! (Exclamations et claquements de pupitres sur les bancs du
groupe socialiste.)
M. Philippe Briand. Ce
n'est pas la même ambiance que dimanche, hein !
M. Lucien Degauchy. Ça
les change !
M. le président. Vous
non plus, Monsieur Degauchy, vous n'avez pas la parole ! (Bruits et mouvements sur les bancs du groupe
socialiste.)
Tout ce bruit ne
sert à rien, mes chers collègues. Voulez-vous qu'il se passe la même chose
lorsque M. Le Guen posera sa question ? Calmez-vous, faites preuve
d'un peu de discipline, M. Bartolone le premier !
M. Jean Glavany. Il y
a un règlement à l'Assemblée, monsieur le président ! Faites-le respecter !
M. François Lamy.
C'était une mise en cause personnelle !
M. le président. Je
vous en prie ! M. Goulard seul a la parole.
M. François Goulard.
Merci, monsieur le président.
M. François Hollande.
Ce n'est pas possible !
M. le président.
Monsieur Hollande, un peu de calme !
M. François Goulard.
Je souhaite interroger le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie
sur un sujet... (Mouvements prolongés sur les bancs du
groupe socialiste.)
M. Yves Fromion. On
n'entend rien !
M. le président. Vous
aussi, monsieur Fromion, taisez-vous une seconde et laissez parler
M. Goulard !
M. Philippe Briand. Le
congrès du parti socialiste est fini !
M. François Goulard.
Je souhaite, disais-je, interroger le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie sur un sujet qui, s'il ne concerne pour l'instant qu'un cercle
restreint de spécialistes n'en a pas moins une importance considérable pour
l'ensemble des économies européennes.
M. François Hollande.
Cela n'intéresse personne !
M. François Goulard.
Je veux parler des normes comptables européennes. La Commission s'apprête à
approuver de nouvelles normes qui s'appliqueront à l'ensemble des entreprises
d'Europe. Or ces nouvelles normes, préparées par un comité d'experts, sont très
largements inspirées, même si ceux-ci s'en défendent, par les conceptions
anglo-saxonnes de la comptabilité, au point même d'en exagérer certains
travers.
Ces normes peuvent
avoir, mes chers collègues, des conséquences très négatives. (Mouvements divers sur les bancs du groupe socialiste.)
Elles ont en particulier pour effet de faire varier de manière erratique le
résultat des entreprises... (Rires et exclamations sur
les bancs du groupe socialiste.)
Je vois à quel point des questions
économiques dont les retentissements toucheront l'ensemble de nos concitoyens
intéressent nos collègues du groupe socialiste ! (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Albert Facon. C'est
vous qui êtes hors normes !
M. Christian Paul.
Soyez plus clair !
M. François Goulard.
Cela mérite en tout cas d'être relevé ! (Applaudissements
sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe
Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe
socialiste.)
M. le président. Un
peu de silence ! La question est importante ! (Rires et
exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Jean Glavany. Parce
que celle d'avant ne l'était pas ?
M. le président. Je
vous en prie !
M. François Goulard.
Ces normes, disais-je, peuvent faire varier de façon erratique les cours des
entreprises sur les marchés financiers (Exclamations sur
les bancs du groupe socialiste), ce qui est fortement préjudiciable à
l'ensemble de nos économies. (Mêmes mouvements.)
Mme Martine David.
Qu'est-ce qu'il dit ? On ne comprend pas !
M. François Goulard.
Dans ces conditions, monsieur le ministre, nous pensons que la Commission... (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président.
Monsieur Goulard, pourriez-vous poser votre question ? (Rires et exclamations sur les bancs du groupe
socialiste.)
M. François Hollande.
Mais quelle est la question ?
M. François Goulard.
Je vais la poser, monsieur le président. (Mêmes
mouvements.)
La Commission ne
doit pas suivre aveuglément les propositions des experts. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Nous
pensons que l'Europe doit affirmer son indépendance vis-à-vis de normes de fait
qui viennent largement des Etats-Unis. (Exclamations sur
les bancs du groupe socialiste.) Pouvez-vous, monsieur le ministre,
expliquer sur ce point la position de la France ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. -
Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La
parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie. (Exclamations sur les bancs du groupe
socialiste.)
Ecoutez la
réponse, puisque vous n'avez pas écouté la question !
(Mêmes mouvements.)
M. Philippe Vuilque.
Mais on n'a pas compris la question !
M. Francis Mer, ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie. Monsieur le député Goulard, votre question...
Plusieurs députés du groupe
socialiste. Laquelle ?
M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie. ... touche effectivement à un sujet de
première importance.
M. François Lamy. Mais
c'est quoi, la question ?
M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie. Un sujet essentiel, non seulement pour
la France et l'Europe, mais aussi pour le monde à travers le commerce
international,...
Un député du groupe
socialiste. Et pour les travailleurs ?
M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie. ... un sujet dont nous avons d'ailleurs
eu l'occasion de parler samedi à Deauville,...
M. François Hollande.
Quel est le sujet ?
M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie. ... parmi d'autres tout aussi abstraits
(Exclamations sur les bancs du groupe socialiste)
mais eux aussi directement liés à la vie économique internationale. (Mêmes mouvements.)
Plusieurs députés du groupe
socialiste. Mais quel est le sujet ?
M. André Vallini. Tout
cela est abscons !
M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie. Ainsi, le rôle des sociétés permettant
d'émettre des ratings dans le monde (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste), le
rôle des compagnies d'analystes financiers... (Mêmes
mouvements.)
M. Julien Dray.
Amenez-nous un décodeur !
M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie. ... et, bien sûr, celui que vous
évoquez, le rôle des standards comptables. (Exclamations
sur les bancs du groupe socialiste.) Nous avons déjà eu l'occasion d'en
parler dans le cadre de la discussion sur la loi relative à la sécurité
financière. (Exclamations sur les bancs du groupe
socialiste.)
Je peux vous
indiquer que nos collègues européens, mais aussi japonais et américains (Mêmes mouvements) ont accepté de reprendre ce problème
en septembre, lors de la prochaine réunion du G 8. (Mêmes
mouvements.)
M. Julien Dray. Je ne
comprends rien ! Dites-moi quel est le bon canal ! (Rires.)
M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie. Dans ce contexte, et pour répondre plus
précisément à votre question (« Ah ! » sur les bancs du
groupe socialiste), j'ai pu déjà m'en entretenir, ainsi que vous le savez,
avec M. le commissaire Bolkestein (Vives
exclamations sur les bancs du groupe socialiste) qui, tout comme nous, est
parfaitement conscient de l'enjeu.
M. François Hollande.
Et qu'en dit-il, le camarade Bolkestein ?
M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie. Le nouveau dispositif, tout au moins
pour les normes qui ne posent pas de problème particulier, pourrait être adopté
en 2005. Toutefois, M. Bolkestein a reconnu que, sur deux catégories de
normes, dites IAS 39 et IAS 32... (Exclamations sur les
bancs du groupe socialiste), il était nécessaire, comme nous le lui avions
demandé, de poursuivre en totale transparence avec l'ensemble des pays (Rires et exclamations sur les bancs du groupe
socialiste.)...
M. Jérôme Lambert. La
transparence, il n'y a que ça !
M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie. ... l'approfondissement de nos
réflexions de manière que les normes adoptées ne soient pas seulement
anglo-saxonnes, mais aussi européennes. (Exclamations sur
les bancs du groupe socialiste.)
Au passage, nous sommes convenus
avec lui que l'intérêt de l'Europe commandait, et nous le ferons, de doter le
corps d'experts européens des meilleures compétences, y compris françaises. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Nous
le ferons ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de
l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie
française. - Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Mme Martine David.
Nous voilà sauvés !
M. le président.
Madame David, n'en rajoutez pas !