REMPLACEMENT DES ENSEIGNANTS
DANS L'ACADÉMIE DE VERSAILLES
Mme la présidente. La
parole est à Mme Geneviève Colot, pour exposer sa question n° 641,
relative au remplacement des enseignants dans l'académie de Versailles.
Mme
Geneviève Colot. Monsieur le ministre de la jeunesse, de l'éducation
nationale et de la recherche, j'ai déjà eu l'occasion de déplorer auprès de
votre ministère les conditions dans lesquelles sont assurés les remplacements
des professeurs absents. Je souhaite vous renouveler mon inquiétude et vous
demander de trouver rapidement des solutions au problème que je vous expose.
Le remplacement des professeurs, et
spécialement pour des absences prolongées, est dans l'académie de Versailles
géré de manière totalement inacceptable. On joue la montre, on ne répond pas aux
interpellations, on ne tient pas ses engagements : tout cela témoigne d'une
légèreté parfaitement condamnable.
Je ne crois rien vous apprendre,
monsieur le ministre, en vous faisant remarquer que les congés de maternité sont
prévisibles et peuvent en conséquence s'organiser. Ces absences sont encadrées
par des textes qui fixent leur durée minimale à seize semaines. Or l'académie de
Versailles veut remplacer les professeurs en congé de maternité par des
vacataires qui ne peuvent les remplacer plus de deux cents heures, soit dix
semaines ! Ce n'est pas réaliste et cela occasionne de graves dommages aux
enfants.
Ajoutons à cela que les
enseignants contractuels sont mieux indemnisés quand ils restent au chômage que
lorsqu'ils acceptent une vacation. C'est la politique du « tous perdants » : les
enfants qui, au mieux, bénéficient de quelques heures de remplacement au milieu
d'une longue absence, les professeurs contractuels, maintenus dans des
conditions de travail indignes, qui végètent au chômage, la collectivité, qui
indemnise des personnels sans emploi alors qu'elle pourrait leur donner du
travail.
Dans ma
circonscription, cette situation inacceptable se renouvelle encore dans deux
établissements. Heureusement, à croire de récentes informations - sans doute me
les confirmerez-vous -, une solution semble enfin avoir été trouvée. Reste que
sur un poste de français entre Etréchy et Etampes, les cours n'étaient plus
assurés depuis plusieurs semaines. Sur un poste d'anglais à Dourdan, depuis deux
ans, ils n'étaient dispensés que de manière très épisodique. Dans ces deux cas,
les personnels compétents sont identifiés et disponibles - car au chômage. Je
pourrais vous donner d'autres exemples : ainsi un poste de directeur adjoint
resté cinq mois sans titulaire !
Monsieur le ministre, quelles
mesures comptez-vous prendre pour garantir une gestion cohérente des absences
des professeurs dans l'académie de Versailles ? Il y a urgence : ces difficultés
récurrentes ne sont plus supportables.
Mme la présidente. La
parole est à M. le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de
la recherche.
M. Luc Ferry, ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale
et de la recherche. Madame la députée, je commencerai par quelques
informations générales sur le remplacement avant de traiter du cas particulier
de l'académie de Versailles, et vous confirmer par la même occasion les bonnes
nouvelles auxquelles vous faisiez allusion.
Le problème du remplacement est
extrêmement compliqué et le système français en la matière n'est pas,
reconnaissons-le, très performant. Il a toutefois été l'objet d'un très gros
effort cette année, notamment pour ce qui touche au « rendement » - on me
pardonnera de parler ainsi, mais cela fait partie du métier de gestion du
système éducatif - des titulaires sur zone.
Pour commencer, ne croyez pas, je
vous en prie, à cette fausse idée selon laquelle un enseignant contractuel
toucherait davantage lorsqu'il est au chômage que lorsqu'il accepte des
vacations. Ses indemnités chômage s'élèvent à quelque 1 000 euros par mois
; c'est moins que ce qu'il obtiendrait avec huit heures hebdomadaires de
vacation - et à plus forte raison s'il acceptait d'effectuer un service normal
de dix-huit heures.
Je vous
accorde volontiers que les congés de maternité sont, en principe, prévisibles ;
encore faut-il qu'ils soient signalés suffisamment tôt pour que l'on puisse
organiser le remplacement et qu'ils ne soient pas précédés de congés maladie
pouvant allonger considérablement la période d'absence. En cas de congé de
maternité, autrement dit d'un congé de longue durée prévisible, il est
normalement fait appel à un titulaire sur zone. Si l'on n'en trouve pas dans la
discipline concernée, on a recours à un contractuel, par le fait, vous l'avez
vous-même indiqué, que le vacataire ne peut faire que deux cents heures.
Ajoutons qu'une instruction très ferme a été donnée à tous les recteurs de ne
pas utiliser deux remplaçants à la suite, à moins qu'on ne puisse faire
autrement.
Dans certains cas
très exceptionnels, on peut effectivement en arriver à cette extrémité et faire
appel à un vacataire faute d'avoir trouvé un titulaire sur zone ou un
contractuel. Et lorsque le vacataire arrive à la fin de ses deux cents heures
alors que le congé de maternité est un peu plus long, ou bien on appelle un
deuxième vacataire - ce qui n'est vraiment pas une bonne solution -, ou bien on
lui propose, et c'est ce qui se fait le plu souvent, de devenir contractuel.
Pourquoi ces cas, très rares, je le
répète, se sont-ils retrouvés, entre autres, dans l'académie de Versailles ?
Tout simplement parce que le remplacement vaut pour 150 disciplines ; il
peut donc arriver, dans deux établissements sur tous ceux que compte l'académie,
que l'on ne trouve ni titulaire sur zone ni contractuel. Ne reste plus que
l'ultime solution du vacataire prolongé ou remplacé par un deuxième vacataire.
D'où les difficultés que vous avez évoquées.
Dans le cas du collège Emile-Auvray
de Dourdan, le remplacement du professeur d'anglais, absent jusqu'au
31 mars, est assuré. S'agissant du professeur de lettres modernes des
collèges d'Etréchy et Marie-Curie d'Etampes, je puis également vous rassurer :
le remplacement de ce professeur sera effectif à compter du 1er mars. Mais
comprenez que ce genre de petites difficultés, pour exceptionnelles qu'elles
soient, sont pratiquement inévitables, non par mauvaise volonté, mais par le
fait que nous nous retrouvons à devoir gérer le remplacement dans
150 disciplines.